Felix auger-aliassime serving australian open 2022

Cela a pris un certain temps — surtout après un déluge de coups effrénés de Marin Cilic dans la première manche —, mais Félix Auger-Aliassime a réussi à se tailler une place en quart de finale des Internationaux d’Australie, lundi, grâce à un gain de 2-6, 7-6(7), 6-2 et 7-6(4) aux dépens du Croate.

Cilic, qui a confirmé son jeu face à Andrey Rublev (5e) au troisième tour, a poursuivi sur sa lancée contre Auger-Aliassime en produisant 14 coups gagnants dans la manche initiale de 35 minutes.

Après la manche, la « prédiction de victoire » sur les graphiques à la télévision est passée de 56-44 pour Auger-Aliassime à 72-28 pour Cilic.

Cela semblait extrême et sous-estimait la capacité d’Auger-Aliassime d’orchestrer une remontée. Cela ne tenait également pas compte de la possibilité que Cilic descende de son nuage et ralentisse la cadence.

Comme il fallait s’y attendre, les fautes directes se sont progressivement glissées dans le jeu de Cilic, mais il s’est accroché tout au long du deuxième acte et a eu une balle de manche à 6-5 du jeu décisif, avant qu’Auger-Aliassime ne la réduire en poussière avec un ace de 204 km/h. C’est toutefois Auger-Aliassime qui a créé le plus d’occasions — il a eu une balle de bris quand il menait 3-2 dans la deuxième manche et trois autres à 5-4. Il a finalement concrétisé à sa cinquième balle de manche, à 8-7 dans le jeu décisif, lorsque Cilic a frappé un retour du revers dans le filet.

Auger-Aliassime avait résisté aux assauts de Cilic et le vent a tourné en sa faveur dans le troisième et le quatrième engagement. Cilic a alors trouvé son deuxième souffle, mais c’était trop peu trop tard.

Photo: Martin Sidorjak

Une preuve de la domination d’Auger-Aliassime au service est qu’il n’a pas eu à faire face à une seule balle de bris au cours des trois dernières manches, alors que Cilic a dû composer avec 13.

Au cours de ces manches, le Canadien a gagné 88 pour cent de ses premières offrandes et 63 pour cent de ses deuxièmes, comparativement à 86 et 41 pour cent pour Cilic.

Photo: Martin Sidorjak

« J’ai disputé une superbe première manche, puis à la deuxième, je crois avoir eu deux ou trois jeux à 0-30 sur son service », commentait Cilic. « Je n’ai rien fait de mal dans ces situations, il a simplement très bien servi dans ces points critiques et dans l’ensemble, il a admirablement bien servi. »

Jusqu’à maintenant, le service d’Auger-Aliassime a été un élément clé dans ses quatre victoires, notamment sa capacité de produire des aces et des services gagnants aux moments cruciaux.

« Il frappait très bien au début du match », mentionnait Auger-Aliassime à propos de Cilic. « J’ai eu un mauvais jeu à 4-2 dans la première manche, mais pour le reste, il jouait mieux que moi. Je ne servais pas très bien, mais je savais que je devais rester calme, sachant que si je commençais à mieux servir, j’aurais des chances dans la deuxième. À partir de la troisième manche, je sentais que je pouvais dicter un peu plus et faire ce que je voulais sur le terrain. Même chose dans la quatrième. »

Le duel a duré trois heures et 35 minutes dans une chaleur qui a atteint 30 degrés Celsius, mais Auger-Aliassime s’en est remarquablement bien sorti. « Je me sens bien. Il faisait très chaud au début — ça frappe assez fort en Australie. Mais avec l’ombre à la fin, tout allait bien. Il est encore tôt dans la journée, je vais avoir le temps de récupérer avant de rejouer mercredi. C’est donc le scénario parfait. »

En quart de finale, son adversaire sera la deuxième tête de série, et grand favori pour remporter un deuxième titre de suite en tournois du Grand Chelem, Daniil Medvedev. Il s’agira du troisième affrontement entre les deux joueurs et le Russe de 25 ans possède une fiche parfaite contre le Canadien.

« C’est une bonne occasion de voir où j’en suis », expliquait Auger-Aliassime. « Je peux essayer de varier mes coups autant que je le veux. La réalité est qu’il est presque le meilleur joueur du monde en ce moment. Je dois disputer un excellent match. Je dois fournir un grand effort, à la fois mentalement et physiquement, pour franchir cette étape. »

Photo: Martin Sidorjak

Si Denis Shapovalov parvient à tirer son épingle du jeu contre Nadal, mardi, et qu’Auger-Aliassime réussit à battre Medvedev mercredi, nous pourrions avoir deux Canadiens au carré d’as d’une épreuve du Grand Chelem pour la première fois de l’histoire.

Le succès d’Auger-Aliassime — les quarts de finale ou mieux à ses trois derniers tournois du Grand Chelem — est le produit d’un parcours qui a commencé plus sérieusement à l’âge de 13 ans, alors qu’il était un talentueux espoir du Centre national de tennis présenté par Rogers, à Montréal. Lorsqu’un journaliste européen lui a demandé s’il y avait eu une sorte de déclic ou de moment clé récemment dans son jeu qui expliquerait les succès qui lui ont permis de se hisser au neuvième rang de l’ATP, il a fourni une réponse qui a placé son amélioration dans un contexte plus large. « En toute honnêteté, mon évolution remonte à mes 14 ou 15 ans. J’étais très précoce, parmi les gars les plus précoces de ma génération et de toutes les générations. Il y a eu certains bas, des mois difficiles, mais j’ai toujours essayé de travailler fort pour m’améliorer. L’an dernier et en 2020, peu importe ce qui arrivait, j’ai travaillé très fort pour devenir un meilleur joueur. C’est ce qui m’a permis d’être dans le Top 10 aujourd’hui. J’estime que je mérite d’être là où je suis. Ce n’est pas une surprise avec l’évolution que j’ai eue et le travail que j’ai investi. Je ne crois donc pas qu’une percée ou qu’un déclic se soit produit il y a six mois ou plus. Ce n’est que la progression normale que je fais depuis que j’ai 14 ou 15 ans. »

Que cette évolution puisse ou non lui permettre de vaincre Medvedev mercredi, c’est un jeune homme avec une vieille âme et un destin au tennis qui devrait être fascinant à suivre.

Treize ans sépareront Shapovalov, 22 ans, et Nadal, 35 ans, en quart de finale des Internationaux d’Australie, mardi (lundi soir au Canada), dans le Rod Laver Arena. La seule présence du Canadien dans cet amphithéâtre remonte à 2019 contre Novak Djokovic dans une défaite de 6-3, 6-3, 4-6 et 6-0 au troisième tour.   

Le résultat du match de mardi pourrait-il indiquer un changement de garde si Shapovalov parvient à battre un Nadal, super motivé à triompher au seul tournoi du Grand Chelem qu’il n’a pas remporté au moins deux fois ?

Le numéro cinq mondial possède une fiche de 3-1 contre le Canadien, mais Shapovalov a probablement remporté leur rencontre la plus mémorable — un gain de 3-6, 6-4 et 7-6(4) à Montréal, en 2017.

« C’était une dure défaite. Je m’en souviens parce que je jouais pour le premier rang mondial (pour essayer de déloger Andy Murray) », s’est rappelé Nadal après sa victoire de dimanche contre Adrian Mannarino. « Il était très jeune et il a joué avec une incroyable intensité en produisant des coups sublimes. Après le match, j’ai dit qu’il allait probablement gagner plusieurs grands chelems. Et je pense encore que s’il continue de s’améliorer, il va y arriver, non ? 

« Ça va être difficile pour moi. Mais je suis en quart de finale, il fait s’attendre à ça. Je dois faire de mon mieux, jouer à mon meilleur niveau si je veux avoir des chances de gagner. Eh oui, c’est excitant, non ? » Oui, et c’est une bonne chose, car il semble qu’il va affronter un Shapovalov proche ou au sommet de sa forme. 

Photo: Martin Sidorjak

Photo de l’article : Martin Sidorjak

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