Comparée à la cérémonie du tirage de Wimbledon, celle de Roland-Garros pourrait très bien ressembler à un rave démentiel à New York. Dans un rassemblement de VIP, d’officiels, de journalistes et d’autres personnalités du tennis, les Français s’amusent des moindres surprises du premier tour et créent généralement une ambiance de fête le jeudi soir précédant le début du tableau principal.

Vendredi matin, dans la salle d’entrevues du All England Lawn Tennis Club, on aurait pu entendre voler une mouche alors que les officiels tiraient les numéros correspondant aux joueurs d’une pochette en tissu avant de les placer sur le tableau. Les autres épreuves du Grand Chelem utilisent des systèmes informatiques générant des piges aléatoires pour remplir les tableaux.

La cérémonie a mal commencé vendredi lorsque le juge-arbitre du tournoi, Gerry Armstrong, a mal prononcé le nom de famille de la numéro un mondiale Iga Swiatek.

Les choses n’ont pas si mal tourné pour la Polonaise. En effet, pour sa troisième participation à Wimbledon, elle aura comme première adversaire la Croate Jana Fett, qui occupe le 254e rang mondial.

Le tableau d’un tournoi est comme une carte routière, et le parcours d’un joueur vers le titre dépend du nombre d’embuches qu’il croisera sur son chemin et de leur importance.

Des quatre Canadiens inscrits aux tableaux principaux, Denis Shapovalov et Félix Auger-Aliassime ont obtenu beaucoup de succès l’an dernier. Shapovalov a atteint le carré d’as et a vraiment poussé le futur champion Novak Djokovic dans une défaite de 7-6(3), 7-5 et 7-5, tandis qu’Auger-Aliassime a été battu 6-3, 5-7, 7-5 et 6-3 par Matteo Berrettini en quart de finale.

Comme il n’y a pas de points de classement accordés cette année, les deux joueurs vont en pâtir puisqu’ils perdront respectivement 720 et 360 points. Il semble que Shapovalov pourrait passer du 16e au 25e rang, alors qu’Auger-Aliassime pourrait perdre deux rangs et se retrouver au 11e échelon.

Quant aux finalistes de l’an dernier, Djokovic, le champion, perd 2 000 points — peu importe sa performance de cette année — et pourrait chuter à la 8e place, tandis que Berrettini perdra 1 200 points et risque de passer du 12e au 15e rang. Il est difficile de savoir quel sera l’effet de l’absence de points — l’élément vital de l’écosystème du tennis — sur les joueurs. On peut assurément penser que pour les Djokovic et les Shapovalov du circuit, le fait de ne pas recevoir de récompense autre que le prestige et l’argent paraîtra très étrange. Quant aux joueurs des échelons inférieurs, ils ont généralement moins à perdre et il sera fascinant de voir si une tendance se dessine dans ce groupe.

Au premier tour, Shapovalov et Auger-Aliassime croiseront le fer avec deux grands joueurs originaires de France qui possèdent de puissants services. En effet, Shapovalov se mesurera à Arthur Rinderknech (1,65 m), tandis qu’Auger-Aliassime sera opposé Maxime Cressey (1,68 m), un ancien joueur universitaire de UCLA qui défend maintenant les couleurs des États-Unis.

La fiche de Shapovalov comprend une victoire et une défaite contre Rinderknech, 61e mondial. Il a perdu 6-4 et 6-4 à Doha, en février, après avoir eu raison du Français 4-6, 6-3 et 7-5 à l’Open de Stockholm l’automne dernier. Rinderknech participe à Wimbledon pour la deuxième fois seulement. Sa première présence a été mémorable : après avoir franchi avec succès les tours de qualification, il s’est incliné 4-6, 6-2, 6-3, 6-7(5) et 13-12(2) au tour initial contre l’Allemand Oscar Otte.

Au deuxième tour, Shapovalov (13e) pourrait croiser le fer avec l’Américain Brandon Nakashima, 54e, ou l’Espagnol Nicola Kuhn, 246e, un joueur issu des qualifications.

Il s’agira d’un premier duel entre Auger-Aliassime (6e) et Cressey. Le Canadien en sera à une troisième participation à Wimbledon, alors que Cressey évolue dans le tableau principal pour la première fois. L’an dernier, il avait perdu en cinq manches face à son compatriote Mackenzie McDonald au dernier tour des qualifications.

Au deuxième tour, Auger-Aliassime pourrait se mesurer à un qualifié, soit l’Américain Jack Sock, 102e, ou Bernabe Zapata Miralles, 90e. Auger-Aliassime et Shapovalov ne joueront pas avant mardi.   

Bianca Andreescu amorcera Wimbledon après avoir disputé sa première finale de la WTA (contre Caroline Garcia) depuis sa défaite aux mains d’Ashleigh Barty à l’Open de Miami de 2021. Sa rivale du premier tour est la qualifiée américaine Emina Bektas. La joueuse de 29 ans participe à son deuxième tournoi du Grand Chelem après avoir été éliminée au premier tour des Internationaux d’Australie, en janvier.

Par la suite, les choses pourraient se compliquer pour Andreescu : un possible deuxième tour contre la Kazakhe Elena Rybakina (17e) et un troisième tour contre l’Espagnole Garbine Muguruza (9e).

Il est difficile de croire que la championne des Internationaux des États-Unis de 2019 n’a pas encore remporté un match au tableau principal de Wimbledon en deux tentatives — défaite contre la Slovaque Kristina Kucova en 2017, et contre la Française Alizé Cornet en 2021.

En fait, Rebecca Marino a gagné plus de matchs à Wimbledon qu’Andreescu — elle a atteint le deuxième tour à sa première participation en 2011 après de tomber 7-6(3) et 6-2 aux mains de Roberta Vinci.

À l’instar d’Andreescu, Marino sera opposée à une qualifiée, la Polonaise Katarzyna Kawa, 132e mondiale. Au cours du dernier mois, Marino a acquis une précieuse expérience sur le gazon, cumulant une fiche de cinq victoires et quatre défaites dans les qualifications et le tableau principal des tournois de Nottingham, de Birmingham et d’Eastbourne.

Le service est l’arme préférée de la Vancouvéroise et elle sera favorisée face à Kawa, qui n’a qu’une défaite au premier tour des Internationaux des États-Unis de 2020 à son palmarès en tournois du Grand Chelem.

Presque rien ne rappelle la COVID-19 sur le site du All-England Club, à part peut-être des cloisons de verre largement utilisées dans la salle de travail des médias. Presque personne ne porte de masque, même si un entraîneur américain a raconté jeudi que de nombreux joueurs et entraîneurs ont contracté le virus les des tournois de Madrid et de Rome.

Vendredi, lors du tirage, sur plus de 70 personnes rassemblées à l’intérieur, seuls un rédacteur canadien de tennis et une autre personne portaient un masque.

Sur les courts, notamment le Court central et le Court 1, il y a de légères marques d’usure, car les organisateurs autorisent les joueurs à s’y entraîner afin de rendre les courts un peu moins luxuriants et glissants à l’arrière et sur les côtés. Les zones « usées » ne sont pas flagrantes, mais suffisamment visibles pour que les conditions immaculées du traditionnel match masculin de la première journée, qui fait partir des traditions de Wimbledon depuis si longtemps, appartiennent désormais au passé.

Un observateur de longue date a été surpris du peu de joueurs présents sur les terrains d’entraînement Aorangi du All-England Club. Il semble que, comme il n’y a pas de points de classement cette année, les joueurs attendent plus tard que d’habitude pour arriver et vont — pour ainsi dire — prendre l’argent (les perdants du premier tour reçoivent 50 000 livres ou 61 500 $ US) et repartir aussitôt qu’ils seront éliminés.

Du nouveau pour les joueurs entrant sur le Court central : il n’y aura plus de virage à gauche ou à droite après être sortis du club et s’être dirigés vers leur chaise. Désormais, le panneau arrière s’ouvre au milieu pour permettre aux joueurs de sortir directement sur l’une des plus célèbres pelouses du monde.

Il ne reste plus qu’une seule façade originale des quatre tournois du Grand Chelem datant du début de l’ère ouverte en 1968, à savoir la façade du Court centre de Wimbledon. Les Internationaux d’Australie et des États-Unis ont déménagé sur de nouveaux sites et Roland-Garros a subi tant de rénovations qu’il ne reste plus rien du Court Philippe-Chatrier original ni des autres enceintes connexes. Ce qui est nouveau sur la façade de Wimbledon, c’est la présence de logos électroniques du tournoi de part et d’autre de l’horloge traditionnelle à chiffres romains.  

Tags