Aleksandra Krunic & Ivana Jorovic (SRB) v Rebecca Marino & Carol Zhao (CAN) Tennis-Billie Jean King Cup—Play Off-Srbija v Kanada Kraljevo, 17.04.2021. foto: Srdjan StevanovicStarsportphoto ©

Leylah Fernandez a surmonté une Nina Stojanovic inspirée ainsi qu’un étrange contretemps avant sa cinquième balle de match pour signer un gain de 3-6, 6-3 et 6-4 et ainsi donner au Canada une avance insurmontable de 3-0 dans sa rencontre éliminatoire de la Coupe Billie Jean King, à Kraljevo, en Serbie.  

Pour Fernandez, il s’agissait d’un deuxième duel de trois manches en autant de jours : après une bataille de 2 h 34 pour se débarrasser d’Olga Danilovic (162e) vendredi, elle a dû lutter pendant 2 h 46 pour vaincre Stojanovic (87e).

Rarement dans l’histoire du tennis mondial, un problème électrique aura été aussi inopportun – les lumières affectant la zone centrale du terrain se sont éteintes – que pour Stojanovic (et Fernandez) qui servait pour neutraliser une cinquième balle de match contre elle. Mais après une interruption de 13 minutes, elle a raté sa première balle de service, a réussi sa deuxième et a conclu le point avec un puissant coup droit. Mais des fautes consécutives de la Serbe de 24 ans du revers et du coup droit ont permis à Fernandez de tirer son épingle du jeu.

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À tout juste 18 ans, Fernandez s’est déjà créé un palmarès impressionnant et diversifié chez les juniors et les professionnelles auquel s’est ajouté, le mois passé à Monterrey, au Mexique, un premier titre de la WTA. Mais qui sait si elle sera un jour confrontée à une situation aussi étrange que de revenir au jeu après une telle interruption et d’essayer de convertir sa cinquième balle de match comme elle l’a fait dans le Sport Hall Ibar samedi après-midi ?

« Les lumières se sont éteintes et je me suis dit que c’était le moment idéal pour qu’elle réalise trois aces », a plaisanté Fernandez lors de son entrevue d’après-match sur le terrain. « J’essayais simplement de rester positive, de continuer à bouger et à lutter – lutter contre les émotions, contre les tensions. Je suis heureuse d’avoir pu m’en sortir. Je n’oublierai pas ce moment-là. »

Si on se fie au début du match, cela aurait pu ne pas être le cas. Stojanovic a joué à un bien meilleur niveau que lors de son duel contre Rebecca Marino (défaite en deux manches), vendredi, et menait 6-3 et 3-1 à un certain moment. Mais peu à peu, Fernandez s’est détendue et a trouvé son rythme tandis que Stojanovic semblait succomber à une certaine nervosité, se voyant si près de la victoire. Fernandez a alors gagné cinq jeux d’affilée pour forcer la tenue d’un troisième acte. 

Cette manche a commencé par un échange de bris, puis les deux joueuses ont tenu bon jusqu’à ce que Fernandez ravisse le service de la Serbe pour prendre les devants 5-3. Stojanovic a alors joué le tout pour le tout pour ramener le score à 5-4, courtoisie, entre autres, de deux doubles fautes de Fernandez. Cela a mené à la mise en scène de l’incroyable dernier jeu, qui a comporté six égalités avant que le coup droit de Stojanovic aille choir dans le filet.

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Depuis le début de sa jeune carrière, Fernandez a fait preuve d’une résilience et d’une détermination hors du commun. Après son triomphe à Monterrey, il y a quatre semaines, elle a subi une défaite déchirante, mais prévisible, le lendemain aux qualifications de l’Open de Miami, puis a été éliminée au deuxième tour du tournoi de Charleston par la Monténégrine Danka Kovinic.

Ces deux derniers jours, son passage à Kraljevo n’a fait que confirmer à quel point elle est une compétitrice précoce.  

« Je n’avais que des pensées positives », expliquait Fernandez au sujet de la façon dont elle a comblé un déficit de 3-6 et 1-3. « Nina a joué un match incroyable et j’ai simplement essayé de rester aussi positive que possible – de me battre pour chaque point, de penser au moment présent, pas au futur ni au passé. »

Les six balles de match ne sont pas les plus nombreuses que Fernandez a eues dans un match. En février 2020, lors de la finale du tournoi d’Acapulco, elle était parvenue à effacer neuf balles de championnats avant de s’incliner 6-4, 6-7(8) et 6-1 face à la Britannique Heather Watson.

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On a vu la mentalité de Fernandez lorsqu’elle a parlé de son match contre Stojanovic. Il y a un an, lorsqu’elle a vaincu la cinquième mondiale Belinda Bencic à Bienne, en Suisse, elle était la joueuse négligée en vertu de son 185e rang. Aujourd’hui (72e), les choses sont différentes.

« Ceci est un excellent exemple », mentionnait Fernandez. « Mon entraîneur (le Français Romain Deridder) et mon père (Jorge) m’ont dit que Nina avait joué exactement comme je l’avais fait contre Bencic. Je savais qu’elle allait bien jouer et qu’elle allait laisser aller ses coups et que je devais remettre en jeu une balle de plus et gagner un point de plus contre elle. »

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Comme le Canada menait 3-0 après la victoire de Fernandez, il n’y a pas eu de quatrième match de simple – seulement un affrontement de double que les Canadiennes Marino et Carol Zhao ont remporté 6-7(4), 6-3 et [10-0] face aux Serbes Aleksandra Krunic et Ivana Jorovic.

Fernandez s’entraînera maintenant quelques semaines en Europe, probablement à l’académie de Rafael Nadal à Majorque, avant de participer aux épreuves de Madrid et de Rome à compter de la semaine du 26 avril.

Pour résumer la rencontre éliminatoire contre les Serbes, il est difficile de ne pas éprouver de la sympathie pour les hôtes. Elles ont été coriaces dans les trois matchs de simple et seulement quelques points ici et là auraient pu faire basculer le résultat en leur faveur. Danilovic, vendredi, et Stojanovic, samedi, auraient très bien pu gagner.

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Lorsqu’on a demandé à la capitaine Heidi El Tabakh ce dont elle était la plus fière dans son rôle de capitaine, elle a répondu : « Je pense que la chose la plus importante pour moi est de m’assurer que les filles sont dans un bon état d’esprit avant et pendant chaque match – essayer de calmer Leylah, de la garder dans le moment présent. J’ai continué à lui dire qu’elle était une battante, qu’elle était forte. Qu’elle joue son meilleur tennis sous la pression. Je suis heureuse d’avoir réussi à faire cela et d’avoir gagné. Elle croit en elle et c’est fou parce qu’elle est si jeune. Mais la façon dont elle se comporte sur un terrain est incroyable. »

« Ce n’était pas comme une rencontre ordinaire à cause des restrictions en lien avec la COVID », poursuivait El Tabakh. « Je tiens à remercier le personnel et les membres de l’équipe, car ils ont déployé beaucoup d’efforts dans les coulisses. Les temps sont difficiles, mais j’espère que notre prochaine rencontre se déroulera dans des conditions normales. Depuis que nous sommes arrivés ici, tout a été super impressionnant avec le protocole imposé par la COVID et la façon dont les Serbes ont géré les choses cette semaine. Nous sommes tellement reconnaissants de pouvoir venir ici et de représenter le Canada dans une rencontre de la Coupe Billie Jean King. »

La victoire de l’équipe canadienne – et il ne faut pas négliger la contribution de Marino avec son gain de vendredi contre Stojanovic – signifie que le Canada est promu aux épreuves de qualifications de 2022, exactement là où il se trouvait avant que la pandémie n’interrompe temporairement le tennis l’année dernière avec la rencontre en Suisse.

Si L’équipe est en mesure de récupérer une ou plusieurs des joueuses absentes à Kraljevo, le Canada a de solides chances d’atteindre le groupe de 12 pays qui participeront aux Finales de la Coupe Billie Jean King en 2022. Et une rencontre à la maison serait fantastique, surtout après les quatre rencontres disputées sur la route.

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