Samedi, Leylah Fernandez, 19 ans, pourrait devenir une championne d’un Grand Chelem et la deuxième Canadienne en trois ans à conquérir les grands honneurs des Internationaux des États-Unis après Bianca Andreescu. En finale, elle sera opposée à la Britannique Emma Raducanu, 18 ans.

Le conte de fées de Fernandez s’est poursuivi jeudi soir alors qu’elle prenait la mesure d’Aryna Sabalenka (2e) en des comptes de 7-6(3), 4-6 et 6-4 devant une foule gagnée à sa cause.

Chris Evert, détentrice de 18 couronnes de Grands Chelems, a vu juste dans son commentaire à ESPN lorsqu’elle a déclaré au milieu de la première manche, alors que Sabalenka menait 4-1, « Leylah doit s’accrocher, car elle gère mieux la pression. »

Cette évaluation semblait exacte lorsque Fernandez a comblé l’écart pour remporter le jeu décisif 7-3. Mais ce n’était pas le cas au deuxième acte quand Sabalenka s’est ressaisie pour empocher la manche.  

Pour la première fois en cinq matchs, Fernandez a cédé dans une situation serrée. Au troisième engagement, elle a brisé pour faire 4-2, mais a immédiatement concédé son service avant que la Biélorusse ne porte la marque à 4-4.

Il n’y aurait pu y avoir une meilleure illustration d’un match serré et sous pression et l’analyse d’Evert était sur le point d’être confirmée. Fernandez a remporté son service pour mener 5-4, puis Sabalenka s’est totalement effondrée, commettant notamment deux doubles fautes avant d’offrir la victoire à sa jeune rivale sur un plateau d’argent.

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Il y a exactement 50 ans, en 1971, « Chrissie » Evert, qui était alors âgée de 16 ans, a atteint le carré d’as des Internationaux des États-Unis. À l’instar de Fernandez, elle était l’enfant chérie de la foule avant de tomber aux mains que la légendaire Billie Jean King. En route vers la demi-finale, elle avait toutefois indiqué la sortie à des rivales plus âgées qu’elle. « Je pouvais lire dans leurs yeux qu’elles étaient très nerveuses d’affronter une adolescente. Je savais que j’avais le temps de mon côté et que je pouvais jouer librement. »

Il y a eu une constate dans les victoires de Fernandez aux dépens de ses quatre dernières adversaires, et c’est qu’elle était supérieure à elles en fond de terrain.

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Son ratio coups gagnants/fautes directes contre Sabalenka était de 26/23 comparativement à 45/52 pour la puissante Biélorusse.

Après le match, Fernandez a répété son mantra sur le fait de « faire confiance » à son jeu, de continuer à se battre et de se tourner vers sa famille et ses amis — dont le légendaire basketteur canadien Steve Nash — pour obtenir leur soutien pendant la bataille.

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Sa petite taille a toujours suscité des doutes quant à la possibilité qu’elle puisse faire carrière au tennis. Lors de sa conférence de presse de jeudi soir, elle a raconté qu’une de ses enseignantes, en sixième année, lui avait dit qu’elle ferait mieux d’arrêter de jouer au tennis pour se concentrer sur ses études. « Je suis contente qu’elle m’ait dit ça, parce que chaque jour, j’ai cette phrase dans ma tête qui me dit que je vais continuer. Je vais aller jusqu’au bout, et je vais lui prouver ce que peut réussir tout ce dont j’ai rêvé. »

Elle a également raconté comment sa mère Irene est partie travailler en Californie pour subvenir aux besoins de la famille tandis qu’elle, entre 10 et 13 ans, restait avec son père Jorge et sa sœur Bianca à Laval. « Un jour, mon père a aussi pris la décision de nous emmener aux États-Unis pour que nous puissions être avec ma mère. Cette période m’a rendue plus forte. Je pense que cela a rendu ma famille plus forte aussi. Nous avons fait ce sacrifice pour que je puisse réaliser ce rêve. Je serai éternellement reconnaissante pour tout ce qui nous est arrivé. »

L’aboutissement de son rêve serait de devenir championne des Internationaux des États-Unis en remportant la finale contre Raducanu.

Le fait que deux adolescents soient en finale était presque impensable — surtout Raducanu, qui a dû se soumettre aux épreuves de qualification et qui est devenue la première qualifiée de l’histoire, femme ou homme, à atteindre la finale d’un Grand Chelem.

Fernandez se joint à Eugenie Bouchard (Wimbledon en 2014) et à Andreescu (Internationaux des États-Unis en 2019) en tant que seules Canadiennes à avoir pris part à la finale d’une épreuve du Grand Chelem, tandis que Raducanu est la première Britannique à réussir cet exploit depuis Virginia Wade en 1977, à Wimbledon.

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Le parcours de vers la finale a été plus difficile pour Fernandez que pour Raducanu. La Canadienne a dû éliminer la 2e, la 3e, la 5e et la 16e tête de série, tandis que la Britannique n’a fait face qu’à Belinda Bencic (11e) et à Sakkari (17e) parmi les têtes d’affiche.

Il s’agira du deuxième affrontement entre les deux adolescentes, qui avaient croisé le fer au deuxième tour des épreuves juniors de Wimbledon en 2018. Raducanu avait alors prévalu en deux manches de 6-2 et 6-4.

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La finale de samedi, à 16 h, sera une bataille à ne pas manquer qui mettra en vedette deux jeunes prodiges en quête de leur premier triomphe en tournois du Grand Chelem.  

Elles sont toutes les deux des combattantes intrépides et inébranlables, capables de frapper avec puissance et de se déplacer comme des gazelles.

Lors de son entrevue d’après-match sur le terrain après sa victoire contre Sakkari, Raducanu n’a pas voulu admettre qu’elle ressentait une quelconque pression face à Fernandez. « Y a-t-il des attentes ? Je suis une qualifiée, donc, techniquement, il n’y a pas de pression. »

Mais l’enjeu est de taille, non seulement pour un titre du Grand Chelem et une bourse de 2,5 millions de dollars américains, mais aussi pour une ascension fulgurante au classement. Fernandez, qui était 73e au début de la quinzaine, pourrait se hisser au 19e rang (deux rangs devant Andreescu), tandis que Raducanu pourrait passer du 150e au 23e échelon.

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Ce fut un moment déchirant entre les deux meilleurs joueurs canadiens actuels, lorsque Félix Auger-Aliassime a abandonné à 7-5, 5-7, 4-1 lors de son premier affrontement avec son compatriote Denis Shapovalov au premier tour des Internationaux des États-Unis de 2018. Auger-Aliassime souffrait alors d’un problème d’arythmie. Shapovalov avait tenté de le consoler. Il avait 19 ans et Auger-Aliassime en avait 18.  

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