Deux éléments importants ont caractérisé l’édition 2021 de l’Omnium Banque Nationale présenté par Rogers de Toronto, sur le terrain et en dehors des courts.

Le plus évident était le nouveau commanditaire en titre ainsi que le fait que c’était la première édition à être organisée pendant une pandémie.

Des précautions strictes ont été prises pour les joueurs, le personnel du tournoi et les spectateurs et le tournoi s’est conclu avec succès dimanche, lorsque Daniil Medvedev, favori de l’épreuve, a soulevé le nouveau trophée de l’Omnium Banque Nationale.

Photo : Peter Power/Tennis Canada

Sur le terrain, nous sommes entrés dans une nouvelle ère et la principale manifestation de ce changement est l’absence de la troïka qui a longtemps régné sur le tennis masculin — Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic. À eux trois, ils ont remporté 11 des 20 derniers titres de ce siècle au Canada — Federer (2), Nadal (5) et Djokovic (4).

Ce n’est pas la première fois que les trois superstars ne participent pas à un Masters 1000 nord-américain en 2021 — les trois ont fait l’impasse sur l’Open de Miami en mars, sur Toronto ce mois-ci et ils ne seront pas à Cincinnati à compter de lundi. La seule occasion qui reste pour une présence à l’un des quatre tournois de ce calibre en Amérique du Nord cette année sera Indian Wells, prévu du 4 au 17 octobre, dans le désert californien.

Il est fort à parier que Djokovic pourrait (ou ne pourrait pas) être le seul présent. L’annonce faite par Federer dimanche qu’il subira une troisième opération au genou droit signifie qu’il sera absent du circuit pour au moins le reste de 2021. Le pied gauche de Rafael Nadal, qui l’a contraint à se retirer de l’Omnium Banque Nationale, est un problème de longue date qui menace sa carrière depuis 2004. La guérison est lente — deux mois de repos depuis Roland-Garros n’ont toujours pas réglé le problème — et il semble condamné à devoir rater les Internationaux des États-Unis. Cela remet également en question les tournois subséquents.  

Même Djokovic pourrait être incertain pour Indian Wells. S’il réussit l’exploit monumental de réaliser le Grand Chelem aux Internationaux des États-Unis (ou s’il n’y parvient pas), et compte tenu de sa tendance à réduire son calendrier, à peine trois semaines entre Flushing Meadows et Indian Wells pourraient ne pas suffire pour refaire le plein d’énergie — ou l’inciter à effectuer un voyage transcontinental loin de sa famille et de sa maison en Serbie ou à Monte-Carlo.        

En l’absence de Federer, 40 ans, de Nadal, 35 ans, et de Djokovic, 34 ans, la transition entre leur génération et la nouvelle devient de plus en plus une réalité, et ce, à chaque tournoi.

Le carré d’as de l’Omnium Banque Nationale mettait en vedette de récents finalistes de Grands Chelems — Daniil Medvedev, 25 ans (Internationaux des États-Unis de 2019 et Internationaux d’Australie de 2021) et Stefanos Tsitsipas, 23 ans (Roland-Garros en juin dernier).

Dimanche, Medvedev est devenu le nouveau champion grâce à une victoire de 6-4 et 6-3 aux dépens de Reilly Opelka. Mais le jeu de l’Américain de 2 mètres tient bien plus qu’à un simple service puissant ; Opelka est devenu un joueur complet. Il se déplace aussi bien qu’un joueur beaucoup plus petit et devient un adversaire très menaçant.

Photo : Peter Power/Tennis Canada

Parmi la génération émergente, on trouve, outre Opelka, 23 ans (24 dans deux semaines), les Américains Sebastian Korda (21), Taylor Fritz (23) et Jenson Brooksby (20), les Italiens Jannik Sinner (20 ans, lundi) et Lorenzo Musetti (19), l’Espagnol Carlos Alcaraz (18), le Français Ugo Humbert (23) ainsi qu’un groupe prometteur composé d’Hurkacz, Rublev, Ruud et Davidovich Fokina.

Photo : Tyler Anderson/Tennis Canada

Les Canadiens Denis Shapovalov, 22 ans, et Félix Auger-Aliassime, 21 ans, ont leur place parmi ce groupe.

L’édition 2021 de l’Omnium Banque Nationale a été une déception pour les deux, car ils se sont inclinés dès leur premier match — Shapovalov, 10e mondial, s’est fait surprendre 6-1 et 6-4 par le 52e Frances Tiafoe, tandis qu’Auger-Aliassime, 16e mondial, a plié l’échine 7-5 et 6-4 face à Dusan Lajovic, 44e.

Il y a certes une pression supplémentaire pour les deux quand ils évoluent à la maison. Mais ce qui est peut-être plus pertinent dans ce cas-ci, c’est que leurs adversaires avaient déjà disputé des matchs dans le tournoi — deux pour Tiafoe en qualification et un au tableau principal, et un au grand tableau pour Lajovic — et étaient plus habitués aux terrains et aux conditions au Sobeys Stadium. Et, dans le cas d’Auger-Aliassime, il était revenu des Jeux de Tokyo, avait participé au tournoi de Washington et s’était rendu à Toronto, tout cela en moins de deux semaines.

Photo : Peter Power/Tennis Canada

Il sera intéressant de voir comment ils s’en sortiront cette semaine à Cincinnati — Shapovalov, 6e tête de série, affrontera Benoît Paire au deuxième tour, alors qu’Auger-Aliassime, 12e tête d’affiche, se mesurera à Marton Fucsovics au premier tour.

« Il n’y a pas de changement, nous allons à Cincinnati », mentionnait Shapovalov après sa défaite de mercredi. « Nous sommes prêts, nous sommes préparés et nous avons un peu plus de temps pour nous habituer aux conditions. Ensuite, c’est le grand rendez-vous — New York. Je suis toujours enthousiaste et je sens que mon niveau est là. Je me sens donc prêt. »

Pour ce qui est de la diffusion de l’Omnium Banque Nationale, Jimmy Arias, de Sportsnet, a fait son habituel remarquable travail dans le cadre d’un tournoi où les amateurs, qui étaient moins nombreux sur le site, dépendaient encore plus de la télévision. Arias est vraiment très bon, il apporte de l’humour, de la perspicacité et une vérité qui donne aux téléspectateurs l’impression d’être dans un bar en train de boire un verre avec lui.  

Enfin, un Rafael Nadal en forme et plus de victoires de Shapovalov, d’Auger-Aliassime et de Vasek Pospisil auraient sans doute donné un bon coup de pouce au tournoi. Mais l’affluence a été bonne, les matchs en soirée ont été spectaculaires et la météo a été clémente : pas un seul match n’a dû être reporté au lendemain.

Karl Hale, directeur du tournoi, a résumé le sentiment général, surtout après que la COVID-19 ait forcé le report du tournoi de 2020. « Nous sommes simplement heureux que le tournoi soit de retour à Toronto. Nous sommes de retour au calendrier du tennis. »

Quiz de mercredi : Roger Federer a participé à l’Omnium Banque Nationale 12 fois et possède une fiche de 35 victoires et 10 défaites. À ses 12 participations, combien de fois a-t-il perdu contre Jo-Wilfried Tsonga ?

a) Une
b) Deux
c) Trois
d) Quatre

La réponse est « C », trois fois — en 2009 et 2011 à Montréal et en 2014 à Toronto.

PHOTO D’ARCHIVE

Une scène courante à Montréal est celle des amateurs espérant obtenir une signature de leurs joueurs préférés — ici, c’est Nadal en 2013.

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