Quand les gens pensent à la dernière saison de tennis, ils se rappellent surtout les grands noms et les tournois importants.

Toutefois, beaucoup de choses remarquables sont survenues à l’extérieur du court central ou avant les derniers tours des principaux tournois. En voici quelques-unes, mois par mois.

Janvier

AO 2015: Raonic
Photo: Ben Solomon

Milos Raonic a amorcé la nouvelle année de brillante façon après s’être entraîné fort durant la saison morte. Dès la première semaine, soit à Brisbane, il a vaincu Kei Nishikori 6-7(4), 7-6(4) et 7-6(2) en demi-finale avant de s’incliner 6-4, 6-7(2) et 6-4 face à Roger Federer.

Raonic était en feu et j’avais alors écrit : « il y a des moments où ni l’un ni l’autre des adversaires (Nishikori ou Federer) ne semblait capable de gérer la puissance du coup droit de Raonic. Federer, dans un moment de frustration, a même sacré (un peu) en français, tempêtant contre la profondeur et la vélocité du coup droit de Raonic. Il était un peu dépassé. »

« La puissance pure et la profondeur du coup droit de Raonic lors de la finale contre Federer ont estomaqué les commentateurs de Channel Seven Todd Woodbridge, John Fitzgerald et Geoff Masters. Par moments, ils ne pouvaient que rire de la puissance de Raonic. »

Février

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Février est le mois perdu du calendrier. L’excitation des Internationaux d’Australie est chose du passé et il reste encore quatre semaines avant Indian Wells et Miami. De plus, on est encore loin de l’effervescence précédant Roland-Garros et Wimbledon.

Toutefois, quelques tournois sur terre battue se déroulent en Amérique du Sud et on peut compter sur Rafael Nadal pour nous faire vibrer. Cette année, alors qu’il occupait encore le troisième rang mondial, il a été surpris en trois manches de 1-6, 6-2 et 7-5 par Fabio Fognini en demi-finale du tournoi de Rio de Janeiro.

Rafa ne s’avoue jamais vaincu sans avoir tout donné sur le terrain. Nous avons donc eu droit à tout un spectacle… et beaucoup de sueurs. Personne ne s’attendait à ce que Fognini le batte encore sur la terre battue de Barcelone et encore moins aux Internationaux des États-Unis après avoir tiré de l’arrière par deux manches. Cependant, Nadal a pris sa revanche à Hambourg, en juillet, et à Pékin, en octobre. Mais ce match de février, à Rio, ponctué d’audacieux coups de Fognini, était simplement hallucinant.

Mars

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Photo: Bo Mon Kwan

On se souviendra surtout du parcours de Vasek Pospisil vers les quarts de finale de Wimbledon, mais sa victoire de 7-5, 6-3 et 6-4 aux dépens du Japonais Go Soeda lors du cinquième match décisif du premier tour du Groupe mondial de la Coupe Davis, à Vancouver, est sans contredit sa prestation la plus professionnelle de l’année.

Après avoir perdu en trois manches aux mains de Kei Nishikori lors de la première journée de compétition, puis battu les Japonais en cinq manches aux côtés de Daniel Nestor, samedi, en double, Pospisil portait le sort du Canada sur ses épaules en disputant le duel brisant l’égalité de 2-2, le dimanche. Il a bien relevé le défi en réalisant une prestation inspirée pour dominer Soeda, 86e mondial, et assurer au Canada sa place au Groupe mondial pour une cinquième année consécutive. Pospisil a en quelque sorte bouclé la boucle après avoir presque à lui seul vaincu Israël à Ramat Hasharon, en 2011, pour propulser le Canada au sein du Groupe mondial.

Avril

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C’était la première fois qu’Angelique Kerber remportait un titre chez elle, en Allemagne, et ce fut un dimanche inoubliable au Grand Prix Porsche, à Stuttgart.

Kerber, qui avait surpris la favorite Maria Sharapova au deuxième tour, a remporté une finale très animée en des comptes de 3-6, 6-1 et 7-5 face à Caroline Wozniacki. La Danoise menait 5-3, 30-30 à la manche ultime, mais n’a pas réussi à sceller l’issue du duel, probablement en raison de la fatigue après avoir lutté durant près de trois heures pour venir à bout de Simona Halep, la veille, en demi-finale.

Malgré un bandage à la cuisse droite, Kerber a malmené Wozniacki durant de longs échanges en fond de terrain dans les dernières parties, confiant un peu plus tard : « Je suis complètement épuisée, vidée. J’ai donné tout ce que j’ai pu et la foule m’a portée vers la victoire. »

Mai

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Voici comment le site de Roland-Garros décrivait le match de qualification gagné 6-4, 3-6 et 27-25 par l’Italien Andrea Arnaboldi aux dépens du Français Pierre-Hughes Herbert : « il y a se faire éliminer rapidement entre l’apéro et le plat principal, puis il y a se faire éliminer comme l’a fait Pierre-Hughes Herbert, jeudi. »

Herbert, 143e mondial (au service ci-dessus), a effacé une balle de match à 5-6 de la troisième manche avant de s’incliner en quatre heures et 26 minutes devant une salle comble sur le Court 7.

Le pointage final de 27-25 a fracassé la marque pour un match de qualification à la porte d’Auteuil en 1996, leur match s’était terminé 22-20 en faveur du Canadien.

Juin

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Il est toujours difficile de reprendre le combat après Roland-Garros, mais en 2015, les joueurs ont eu droit à une semaine de plus entre Paris et Wimbledon. Cela voulait dire que le tournoi préparatoire sur le gazon du Queen’s Club avait lieu immédiatement après la finale de Paris.

Andy Murray a conquis son quatrième titre du Queen’s Club, mais a dû livrer une chaude lutte au talentueux gaucher Gilles Muller avant de le vaincre 3-6, 7-6(2) et 6-4. Murray n’a réussi à briser son rival qu’au premier jeu de la manche ultime.

Le duel s’est poursuivi en soirée, obligeant l’annulation de deux émissions sur les ondes de BBC2 – Eggheads et Beat The Brain.

Juillet

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Cela ne se produit pas souvent, mais quand une Britannique joue bien sur le Central, les Anglais s’émoustillent. Ce fut le cas au troisième tour de Wimbledon lorsqu’Heather Watson menait 3-0 et servait à 5-4 dans la dernière manche contre la quintuple championne et numéro un mondiale Serena Williams.

Il va sans dire que Williams a finalement gagné 6-2, 4-6 et 7-5, mais Watson, 23 ans, a fait preuve de cran et de panache.

Et Andy Murray a tweeté :

Août

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Il n’y a rien comme faire face à une balle de match, puis arracher la victoire – ce que le Français Jérémy Chardy a réalisé sept fois avant d’éliminer John Isner en des comptes de 6-7(9), 7-6(13) et 7-6(4) en quart de finale de la Coupe Rogers, à Montréal.

Cinq de ces balles de match sont survenues au jeu décisif de la deuxième manche et deux alors que le 49e mondial servait à 5-6 de la manche ultime.

Chardy avait l’appui de la majorité de la foule francophone du STADE IGA et admettait par la suite : « Si tu commences à penser aux balles de match, tu deviens nerveux. Et c’est la meilleure façon de rater son coup. »

« Je ne pensais pas aux balles de match. Je ne pensais qu’à mon service et à ce que je voulais faire avec. C’est tout. »

Septembre (A)

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C’était un match de soirée du premier jeudi des Internationaux des États-Unis et peu de personnes avaient entendu parler de l’adversaire de Caroline Wozniacki (4e) – une Tchèque de 30 ans nommée Petra Cetkovska. Ce duel s’est révélé une des perles de l’année alors que Cetkovska a survécu à quatre balles de match en produisant de formidables attaques. Elle a finalement gagné 6-4, 5-7 et 7-6(1).

Cetkovska, qui occupait alors le 149e rang mondial, avait obtenu sa place au tableau principal en vertu de son classement protégé après avoir été ennuyé par une blessure à la hanche en 2014. Son style de jeu et son sang-froid lors des balles de match contre la reine de la contre-attaque étaient absolument incroyables.

« C’était fantastique », mentionnait Cetkovska après la victoire. « Cette blessure (à la hanche) a été longue à guérir. Je me suis demandé tous les jours si j’allais pouvoir rejouer au tennis, jouer dans un grand stade, remporter un gros match. C’est donc un sentiment incroyable, un sentiment de satisfaction pour tout ce que j’ai enduré. »

Au troisième tour, elle est tombée 1-6, 6-1 et 6-4 aux mains d’une joueuse qui brillera aux Internationaux des États-Unis, Flavia Pennetta.

Septembre (B)

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Ce n’était pas un des plus grands mystères du monde, mais les sous-performances d’Eugenie Bouchard depuis le mois de mars inquiétaient la grande famille du tennis.

Qui sait ce qui a provoqué cette chute libre lors de laquelle elle a signé une piètre fiche de 3-15 d’Indian Wells au début des Internationaux des États-Unis?

Toutefois, dans une brillante démonstration – une victoire de 7-6(9), 4-6 et 6-3 au troisième tour contre la fougueuse Dominika Cibulkova après deux heures et 48 minutes sur le court Louis-Armstrong – elle a semblé avoir retrouvé tout son aplomb.

Malheureusement, nous connaissons tous la suite et nous devrons attendre en janvier de voir comment elle réagira à Shenzhen (Chine), Hobart et Melbourne.

Octobre

Âgé de 27 ans, Albert Ramos a déjà occupé le 38e rang mondial, mais n’a jamais remporté un titre. Sa maigre fiche en tournois du Grand Chelem était de 3-17. Cependant, il a eu son moment de gloire au Masters 1000 de Shanghai en battant Roger Federer 7-6(4), 2-6 et 6-3.

Après s’être qualifié et avoir vaincu Sam Querrey au premier tour, Ramos, 70e au classement de l’ATP, a bien joué contre Federer, mais a été un peu aide par le manqué de forme du maître Suisse qui disputait son premier match depuis ses victoires faciles aux qualifications pour le Groupe mondial de la Coupe Davis une semaine après les Internationaux des États-Unis.

Haut fait de la carrière de ce gaucher et seul triomphe en 17 tentatives aux dépens d’un joueur du Top 10, cette victoire aura été sa dernière de 2015. Bien que ce fut la pire défaite de l’année pour le grand Roger, il a sur se reprendre en remportant son prochain tournoi, signant un gain satisfaisant face à son rival Rafael Nadal en finale de l’épreuve de Bâle.

Novembre

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Lors de la dernière journée du tournoi à la ronde de la Finale de l’ATP World Tour, le duel entre Rafael Nadal et David Ferrer n’était pas significatif – Nadal s’était déjà qualifié pour la demi-finale et Ferrer était éliminé. Il y avait bien 167 000 $ (US) offerts au gagnant et 200 points ATP, mais après une longue saison, ces gars auraient-ils vraiment envie d’ouvrir la machine?

La réponse : un oui catégorique. Ils ont vraiment tout donné, Nadal arrachant un gain de 6-7(2), 6-3 et 6-4 après une bataille de deux heures et 37 minutes. Les deux joueurs ont été très professionnels et ont même agréablement surpris les spectateurs de cette séance du vendredi après-midi à l’Aréna O2 en leur offrant le meilleur match du tournoi.

N. B. La semaine prochaine – la troisième édition du quiz des génies.

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