Il y avait beaucoup d’inconnus avant le match de dimanche entre Milos Raonic et Félix Auger-Aliassime au deuxième tour de l’Open BNP Paribas, à Indian Wells.

Une question évidente était la forme de Raonic après un décevant début de saison 2018.

Et il a laissé parler sa raquette en signant un gain de 6-4 et 6-4 dans un duel mettant en vedette deux générations de joueurs canadiens.

Alors qu’il ne possédait qu’une maigre fiche d’une victoire et trois défaites avant cet affrontement — son seul gain ayant été obtenu aux dépens du 105e mondial Taro Daniel à Delray Beach, le mois dernier, Raonic a évalué sa prestation de façon très concise : « J’ai réussi beaucoup de retours (de service). J’ai bien frappé la balle. »

Photo : Mauricio Paiz

Au moment de la traditionnelle poignée de main au filet après une bataille d’une heure et 19 minutes, Ranic a félicité Auger-Aliassime pour sa semaine et lui a souhaité bonne chance pour la suite.

À certains moments, on aurait vraiment dit un homme, Raonic 27 ans, contre un garçon, Auger-Aliassime 17 ans. Par la suite, Raonic s’est joint aux nombreux admirateurs de son jeune compatriote en déclarant : « Il a très, très bel avenir devant lui. »

« Je le connais depuis — je ne me souviens pas trop — il a dix ans de moins que moi, alors même depuis qu’il a six ans, au centre national d’entraînement (à Montréal). Il a toujours eu une excellente discipline et une très bonne éthique de travail. Il est beaucoup plus développé que je ne l’étais à cet âge, et de loin. Je ne gagnais pas de matchs dans les tournois juniors du Grand Chelem, encore moins à ce niveau-ci. »

« Physiquement, il est beaucoup plus mature qu’un joueur de 17 ans. Je ne pense pas m’être rendu là en matière de maturité. »

Photo : Mauricio Paiz

Auger-Aliassime était déçu de sa performance, surtout au service — il n’a réussi que 48 % de ses premières balles.

« Nous nous sommes brisés dans les deux premiers jeux et ensuite, il a bien servi », commentait-il. « Je n’étais pas habitué à ça. Il n’y avait pas beaucoup d’échanges et il m’a semblé meilleur que moi. »

Fred Fontang, son entraîneur, a fourni une analyse plus approfondie et plus éclairée de ce qui s’est passé sur le terrain. « Pour commencer, Milos était bien meilleur que ce qu’il avait été dans les autres tournois. Il a disputé un bon match et on sent qu’il va mieux physiquement et que son jeu est revenu. »

« C’est la première chose. Ensuite, Félix était un peu nerveux. On pouvait le constater au service. Il était tendu. Il essayait trop et c’est peut-être dû au fait qu’il jouait contre Milox, le numéro un canadien. Félix a un peu repris le dessus à la deuxième manche alors qu’il tirait de l’arrière par une manche et un bris — dommage pour le coup droit (raté) sur la balle de bris (alors qu’il était mené 5-4, mais qu’il était à 0-40 sur le service de Raonic) à la deuxième manche. Encore une fois, il a un peu trop forcé la note. »

« C’était un peu à l’image du match — il a trop appuyé ses coups. C’est aussi en raison du calibre d’un adversaire qui met de la pression, parce que les coups de Milos sont lourds. Il a donc forcé Félix à en faire plus. Félix a eu un bon tournoi, c’est positif, car il progresse et acquiert de l’expérience. »

Raonic a dû se réjouir de la façon dont il a rehaussé son jeu après ses défaites aux premiers tours à Brisbane (contre Alex de Minaur) et aux Internationaux d’Australie (contre Lukas Lacko) et celle au deuxième tour à Delray Beach (contre Steve Johnson).

« Comme c’était mon premier match depuis un certain temps, et dans un Masters, c’est sûr que je voulais bien faire », admettait-il. « Jouer contre lui (Auger-Aliassime) ajoutait aussi un peu de pression. Je suis donc heureux de la façon dont j’ai géré ça. »

Photo : Mauricio Paiz

Il réalisait très bien la dynamique de ce match entre le joueur alpha canadien et son jeune compatriote. « Dans ces grands tournois, je n’ai affronté un Canadien que deux fois (Vasek Pospisil à Montréal, en 2013, et à Washington, en 2014) », poursuivait Raonic. « Je crois donc qu’il y avait une pression supplémentaire, mais c’était aussi le fait de revenir au jeu. Ce n’est pas comme si j’étais arrivé pour ce match, ou n’importe quel autre match récemment, avec beaucoup de confiance. »

« C’est ce que j’avais à gérer et je suis heureux du résultat. »

La pente a été longue à remonter après une blessure au mollet en octobre et une au genou droit en novembre qui l’ont tenu à l’écart du jeu durant cinq ou six semaines.

« J’ai recommencé à jouer vers le 20, 21 ou 22 décembre », expliquait-il. « Je n’avais pas vraiment joué depuis mon match à Tokyo, à part m’asseoir et frapper quelques balles pour ne pas perdre la sensation. »

« Je ne voulais évidemment pas rater deux Grands Chelems de suite (les Internationaux d’Australie après les Internationaux des États-Unis de 2017). Mon approche a été de passer beaucoup de temps sur le terrain. Cela ne m’a donc pas laissé beaucoup de temps libre pour le gym. »

« Tout de suite après l’Australie, j’ai vraiment pris le temps. D’abord, pas de tennis, comme si c’était la première semaine de la saison morte. Je me suis concentré sur le gym, puis j’ai graduellement augmenté mon temps sur le terrain. »

Son service était sous ses standards habituels, mais l’amélioration était nette, dimanche, alors qu’il a remporté 81 % de ses premières et 61 % de ses deuxièmes balles de service. Tout le monde a pu constater que son « feeling » était revenu lorsqu’il a frappé une deuxième balle de service à 145 m/h sur la balle de manche du premier acte.

Photo : Mauricio Paiz

Cette victoire de dimanche était sa première aux côtés de son nouvel entraîneur Goran Ivanisevic, le puissant gaucher croate qui a remporté Wimbledon en 2001 et qui a aussi travaillé avec Marin Cilic et Tomas Berdych.

« La première chose qu’il m’a dite est que tout le travail que j’allais effectuer maintenant était dans le but de bien jouer à Wimbledon. Tous les succès qui viendront avant sont un bonus. »

Photo : Mauricio Paiz

Au troisième tour, mardi, Raonic croisera le fer avec le Portugais Joao Sousa, qui a éliminé l’Allemand Sascha Zvevev, quatrième tête de série, en trois manches de 7-5, 5-7 et 6-4, dimanche soir.

Quant à Auger-Aliassime, il décidera avec son équipe s’il se dirige vers Miami pour participer aux qualifications de l’Open de Miami ou s’il s’accordera un peu de repos avant de passer directement à la terre battue en disputant un Challenger à Marbella, en Espagne, à compter du 26 mars.

Auger-Aliassime est quand même satisfait de la façon dont il a géré les magnifiques services de Raonic. « Je crois que je me suis bien débrouillé. Je pensais que ça allait être pire. Je l’ai brisé une fois à la première manche et j’ai eu une chance de le briser dans la deuxième. Le problème est qu’il sait très bien varier son service — la puissance de la balle est une autre, mais c’est aussi la variation. J’ai eu droit à un peu de tout et c’était difficile. »

Photo : Mauricio Paiz

C’était le premier séjour d’Auger-Aliassime à Indian Wells et cela lui a donné l’occasion de bien se familiariser avec le désert californien, car il avait également pris part au Challenger Oracle, la semaine précédente. « Le paysage est magnifique », a-t-il réagi, comme la plupart des gens qui visitent cet endroit pour la première fois. « C’est une sorte de paradis pour le tennis. Il fait toujours beau, le paysage est magnifique. C’est un environnement excitant et formidable pour un jeune homme comme moi. Je crois que cela m’a aidé à produire mes prestations de cette semaine. »

Le potentiel d’Auger-Aliassime a largement été reconnu par les amateurs, les officiels, les médias et les joueurs à l’Indian Wells Tennis Garden. « C’était bien que Goran (Ivanisevic), l’entraîneur de Milos, me félicite et me dise de continuer », confiait Auger-Aliassime. « C’est agréable de recevoir de tels commentaires de la part d’un ancien champion de Grand Chelem. Être entouré de joueurs et d’anciens joueurs dans le vestiaire est encourageant et stimulant. »

Après avoir raté une partie du mois de décembre et janvier en raison d’une blessure au genou, Auger-Aliassime, qui devrait se situer au 178e rang mondial lundi prochain, a retrouvé son erre d’aller. Pour résumer son tournoi, il mentionnait : « Je suis heureux d’avoir pu vivre cette extraordinaire semaine au Masters d’Indian Wells. Je vais donc tenter de poursuivre dans cette voie. Ma saison est vraiment amorcée. J’ai commencé à vraiment bien me sentir, cette semaine. »

CARTE POSTALE DE PALM SPRINGS

Le Palm Springs Art Museum organise une exposition de gravures d’Andy Warhol. Un certain après-midi, on pouvait voir le tapis rouge déroulé pour… la soupe aux tomates Campbell.

 

*Photo en vedette : Mauricio Paiz

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