A general view of the Philippe-Chatrier tennis court with its new retractable roof during a media tour at Roland Garros stadium in Paris, Wednesday, May 27, 2020. The French open will moving to September from the end of May because of the outbreak of the COVID-19 disease. (AP Photo/Michel Euler)

« Un parapluie pour Roland », ce dernier étant la manière familière dont les Parisiens désignent leur très cher tournoi de tennis.

Le nouveau toit rétractable du Court Philippe-Chatrier permet au tournoi de s’harmoniser avec les Internationaux d’Australie (trois toits) ainsi qu’avec Wimbledon et les Internationaux des États-Unis (deux chacun) en offrant un abri contre les intempéries et en assurant une action ininterrompue sur le terrain pour les diffuseurs officiels.  

Parmi les changements apportés cette année grâce au toit, notons la possibilité de jouer jusqu’à environ 22 h (16 h HE), peu importe la météo et de la lumière ambiante grâce au nouvel éclairage du court. Cependant, il n’y aura pas, comme prévu initialement, une séance de soirée distincte chaque jour. De plus, tous les quarts de finale — femmes et hommes — seront disputés sur le Court Philippe-Chatrier.

Le fait d’avoir un toit évitera des situations qui, par le passé, ont conduit à l’exode des matchs féminins des dernières étapes vers le Court Suzanne-Lenglen ou le Court Simonne-Mathieu alors que ceux des hommes étaient présentés sur le Chatrier. Cela évitera également des problèmes d’horaires qui ont été injustes pour certains joueurs, en particulier Novak Djokovic. En 2015, la demi-finale entre Djokovic et Andy Murray a été interrompue par la noirceur le vendredi et a dû être terminée le samedi — 90 minutes de tennis très intense. Le Serbe était donc un peu plus vulnérable pour la finale du dimanche contre un Stan Wawrinka bien reposé. Et l’an dernier, à cause du vent et de la pluie, la demi-finale de Djokovic contre Dominic Thiem a été interrompue et reprise le samedi. Il avait finalement perdu, mais avait dû jouer trois des quatre jours précédant la finale du dimanche, alors que Rafael Nadal n’avait été en action qu’une journée sur les cinq précédant le match de championnat. En effet, deux quarts de finale masculins sont programmés le mardi et les deux autres le mercredi, ce qui signifie que des retards dans les quarts de finale du mercredi ou dans la demi-finale du vendredi peuvent entraîner un calendrier plus chargé pour les joueurs concernés.

Comme il a déjà été établi que les matchs du bas du tableau — dont fait partie le numéro 2 mondial Nadal — seront disputés une journée avant ceux du haut du tableau, ce sera à nouveau Djokovic, le favori, qui héritera du scénario mercredi/vendredi/dimanche la deuxième semaine, s’il progresse aussi loin.

La fermeture du toit prendra 15 minutes et l’équipe du terrain de Roland-Garros sera toujours prête à couvrir la surface en cas de pluie. Il faut noter que l’enceinte du court n’est pas climatisée et que des ouvertures vers l’extérieur au sommet permettent à la pluie (mais pas jusqu’à la surface du court) et au vent de pénétrer.

Un problème sérieux de cette présentation automnale de Roland-Garros sera la météo. Selon les prédictions ci-dessous, la température ne devrait pas atteindre 20 degrés Celsius (68 degrés Fahrenheit) au cours de la première semaine.

Nadal a déjà réagi défavorablement à la fraîcheur des conditions. Sa balle brossée ne rebondira peut-être pas aussi bien à cause du froid et de l’humidité.

Sa compatriote, Garbine Muguruza, était prête vendredi, portant un manteau de ski pour son point de presse.

Photo: Roland Garros

Le temps plus frais pourrait aider les joueurs en matière d’endurance, car ils ne devraient pas se fatiguer autant que dans la chaleur. Le revers de la médaille est que les ligaments et les muscles tendus ne se relâcheront pas aussi facilement que lorsqu’il fait plus chaud.

La plupart des analystes semblent s’accorder pour dire que Simona Halep, gagnante à Rome, et Garbine Muguruza, qui sont toutes les deux d’anciennes championnes du tournoi parisien, sont les favorites chez les femmes, tandis que Nadal et Djokovic, également d’anciens champions, sont les favoris du côté masculin.

Il est intéressant de revenir sur l’année 2009, lorsque Nadal, qui a mis la main sur le trophée à 12 reprises, a subi sa défaite la plus surprenante (une de deux seulement en 15 ans) — battu 6-2, 6-7(2), 6-4 et 7-6(2) au quatrième tour par le Suédois Robin Soderling. Plus tard, il avait expliqué : « Il y avait quelques problèmes à la maison (la séparation de ses parents), mais le plus important est que j’avais beaucoup de problèmes aux genoux, et, à mon avis, j’ai très mal joué durant toute la saison sur terre battue (bien qu’il ait remporté les tournois de Monte-Carlo et de Rome). »

Il est donc difficile de prédire ce qui s’en vient, surtout en cette année de pandémie, et une année qui a vu la sortie improbable du favori Djokovic aux Internationaux des États-Unis dans des circonstances pour le moins bizarres. Cela donnera peut-être au numéro un mondial une motivation supplémentaire — en plus du fait que s’il triomphe, il deviendrait le seul joueur de l’ère ouverte depuis Rod Laver en 1968 à conquérir chaque épreuve du Grand Chelem à deux reprises.   

Six Canadiens prendront part aux tableaux principaux du simple de Roland-Garros — et cela aurait été sept si Milos Raonic ne s’était pas retiré. Par précaution, le 20e mondial avait décidé de faire l’impasse sur la saison sur terre battue en 2019, il n’est donc pas surprenant qu’il ait choisi de rater Roland-Garros pour une troisième année consécutive.

À la tête du contingent canadien se trouve Denis Shapovalov, récent demi-finaliste à Rome. Shapovalov, qui est un nouveau membre du Top 10, est la neuvième tête de série en l’absence du quatrième mondial Roger Federer.

Il se présente à Roland-Garros fort de remarquables résultats — un quart de finale aux Internationaux des États-Unis (défaite contre Pablo Carreno Busta) et un carré d’as à Rome (défaite contre Diego Schwartzman). Ces deux revers se sont produits dans des matchs extrêmement serrés.

Depuis la reprise du tennis le mois dernier, Shapovalov a accumulé une magnifique fiche de 9 victoires et 3 défaites. Au premier tour, à Paris, il se mesurera à Gilles Simon, 53e mondial. Le Français de 35 ans, père d’un garçon de 10 ans et d’un autre de 7 ans, signe habituellement ses meilleurs résultats à Wimbledon et à Melbourne plutôt qu’à la maison. Au cours du dernier mois, il a perdu les deux matchs qu’il a disputés sur la terre battue, mais pourrait causer des problèmes à Shapovalov s’il trouve l’inspiration dans ce qui pourrait être sa 15e et dernière présence à Roland-Garros.

Au-delà de Simon, les principaux défis qui pourraient empêcher Shapovalov d’atteindre la demi-finale contre Djokovic proviennent de Dimitrov, Tsitsipas, Medvedev, Lajovic et Rublev. La nette progression de son jeu en général, et sur la terre battue en particulier, lui donne une excellente chance d’améliorer sa piètre fiche d’un gain et deux revers à ses deux seules participations à Roland-Garros.

Aussi étrange que cela puisse paraître, Félix Auger-Aliassime participera à son premier Roland-Garros après avoir raté l’édition de l’an dernier à cause d’une blessure à l’aine qu’il a subie en finale du tournoi de Lyon, juste avant l’épreuve parisienne.

Auger-Aliassime, qui occupe le 21e rang mondial et qui sera la 19e tête de série, a connu sa part de difficultés à Rome et à Hambourg, s’inclinant au premier tour à Rome contre le 29e mondial Filip Krajinovic et au deuxième tour cette semaine à Hambourg face au 56e Alexander Bublik.

Le premier adversaire du Montréalais de 20 ans sera le 51e mondial Yoshihito Nishioka, un Japonais de 24 ans qui a remporté leur seul duel précédent à Indian Wells en 2019 – 6-7(2), 6-4 et 7-6(5). Nishioka, un gaucher de 5 pieds 7 pouces, produit de très beaux coups, mais est plus à l’aise sur surface dure, possédant une fiche de 58-52 comparativement à 3-10 sur l’argile. Cela devrait être un bon test pour Auger-Aliassime, mais s’il parvient à se départir du Japonais, Stan Wawrinka ou Andy Murray pourrait l’attendre au troisième tour.

Vasek Pospisil a une fiche de 0-6 à Roland-Garros et n’aura pas la partie facile contre la septième tête de série Matteo Berrettini. Comme il a atteint la demi-finale des Internationaux des États-Unis l’an dernier et les huitièmes de finale cette année, on pourrait facilement penser que l’Italien de 24 ans obtient ses meilleurs résultats sur surface dure. Toutefois, sa fiche cumulative est de 26-13 sur la terre battue et de 30-31seulement sur le ciment. Pospisil, qui a choisi de ne pas prendre part à des tournois préparatoires sur l’argile, était dans une forme remarquable à New York — il a surpris Milos Raonic (18e) et Roberto Bautista Agut (11e). S’il parvient à rendre son affrontement contre Berrettini davantage comme un duel sur ciment que sur terre battue, il a des chances de progresser au-delà des premiers tours à Roland-Garros.

Le Canadien le moins bien connu du tableau principal est Steven Diez, né à Toronto et résidant en Espagne, actuellement classé au 179e rang. Diez est solide sur l’argile et s’est qualifié pour sa première épreuve du Grand Chelem à sa 16e tentative. Le joueur de 20 ans a de bonnes chances de remporter son premier match puisqu’il affronte le 236e Mackenzie McDonald, un joueur de 25 ans qui a subi une opération aux ischiojambiers en juin 2019. La fiche de l’Américain est de 1-5 cette année sur le circuit de l’ATP et il a dû utiliser un classement protégé pour participer à Roland-Garros. Si Diez vient à bout de McDonald, il devrait croiser le fer avec le Roi de la terre battue, Nadal, au deuxième tour.

Leylah Annie Fernandez, qui vient de célébrer son 18e anniversaire de naissance, a fait énormément de progrès en 2020. En janvier, elle s’est qualifiée pour son premier tournoi du Grand Chelem, en Australie, et un peu plus tôt ce mois-ci, elle a signé son premier gain au tableau principal d’un Grand Chelem, à New York.

Pour avoir une chance d’aller plus loin à Roland-Garros, elle devra éliminer la Polonaise Magda Linette, 31e tête de série. Linette, 28 ans, occupe actuellement le 36e rang après s’être hissée au 33e échelon en février. C’est une joueuse solide, mais peu spectaculaire, qui fait partie du Top 100 depuis les cinq dernières années.  

Fernandez, 100e mondiale, peut s’inspirer du fait qu’elle a remporté le titre junior de Roland-Garros en 2019 lors de sa dernière visite à la porte d’Auteuil. Si elle parvient à franchir deux tours, elle pourrait se mesurer à Petra Kvitova, 7e tête de série, au troisième tour.

Eugenie Bouchard, qui occupait le 330e rang lorsqu’elle a participé au tournoi de Prague le mois dernier — son premier tournoi depuis la pause —, commence à ressembler davantage à la joueuse qui a atteint la demi-finale des Roland-Garros en 2014 et qui s’était par la suite hissée au cinquième rang mondial. Elle a amélioré son classement (168e) et pourrait même être la favorite quand elle se mesurera à la Russe Anna Kalinskaya (108e), dimanche – quatrième match sur le Court 7 après 11 h (5 h HE).

Bouchard, qui semble plus en forme après avoir passé du temps à Las Vegas pour travailler avec Gil Reyes, l’entraîneur/gourou de longue date d’Andre Agassi, a accumulé une fiche de 8-3 (y compris des matchs de qualification) depuis son retour sur les terrains à Prague. Il y a deux semaines, elle a subi une défaite crève-cœur en finale à Istanbul contre la Roumaine Patricia Maria Tig et devra maintenant composer avec Kalinskaya. L’an dernier, la joueuse de 21 ans, qui affirme qu’elle préfère les surfaces dures, s’était inclinée dès le premier tour des qualifications de Roland-Garros. Jusqu’à ce jour, le fait saillant de sa carrière est une victoire aux dépens de Sloane Stephens aux Internationaux des États-Unis de 2019.

Si Bouchard résiste à Kalinskaya, elle pourrait faire face à l’Ukrainienne Dayana Yastremska, 24e tête de série, puis à la finaliste de l’an dernier, la Tchèque Marketa Vondrousova (15e), au troisième tour.

Bouchard, qui a obtenu un laissez-passer dans le cadre d’un échange entre Tennis Canada et la Fédération française de tennis, participe à Roland-Garros pour la septième fois. Elle a manifestement appris à apprécier certains des doux plaisirs de la vie parisienne, comme un savoureux croissant au beurre, comme on peut le voir sur sa photo d’Instagram ci-dessus.      

BIANCA — FOLLE DES ANIMAUX

Bianca Andreescu est peut-être à l’écart du circuit pour le reste de l’année afin soigner son corps, mais elle est toujours très active. Ces dernières semaines, elle a fait ses débuts (avec son chien Coco) dans une publicité à la télévision canadienne faisant la promotion des refuges pour animaux avec le commanditaire Royale, une entreprise canadienne fabriquant, entre autres, du papier hygiénique.

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