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La couleur des terrains de terre battue rouge en Europe est une révélation pour les Nord-Américains habitués à jour sur une surface Har-Tru grise et terne.

Plusieurs adjectifs peuvent être utilisés pour décrire la couleur de la terre battue dans les pays européens comme la France : ocre, citrouille et terre de Sienne. Et la surface d’argile rouge est à son apogée en fin d’après-midi/début de soirée lorsque le soleil lui donne un aspect presque ardent.

La photo du haut est celle de la Pista Rafael Nadal aux couleurs de la braise à l’Open de Barcelone. Le soleil est un élément essentiel pour faire ressortir le meilleur d’un terrain de terre battue rouge, mais ce n’était pas le cas la semaine dernière au Grand Prix de tennis Porsche de la WTA à Stuttgart parce que c’est un tournoi en salle. Sans soleil, il est impossible de rendre un terrain intérieur de terre battue rouge lumineux (voir la photo ci-dessous).

Deux solides athlètes méritants ont conquis les titres de Stuttgart et de Barcelone, soit Petra Kvitova et Dominic Thiem.

Le triomphe de la Tchèque de 29 ans a probablement reçu plus d’attention que celui de l’Autrichien de 25 ans, parce que ce 27e trophée fait d’elle la première femme à remporter deux couronnes en 2019 — jusqu’à dimanche, il y avait eu 18 championnes en autant de tournois.

En finale, Kvitova a eu raison de l’Estonienne Anett Kontaveit, 15e mondiale, en des comptes de 6-3 et 7-6(2). Elle a effacé deux balles de manche alors qu’elle tirait de l’arrière 6-5 au deuxième acte, puis a gagné les six premiers points du jeu décisif avant de le remporter 7-2. Pour ce cinquième titre sur la terre battue, elle est repartie avec une Porsche.

La double championne de Wimbledon a occupé le deuxième rang mondial en 2011, mais ne s’est jamais hissée au sommet du classement. Aujourd’hui, de nouveau numéro 2, elle est à 136 points de Naomi Osaka, elle se dirige vers Madrid où elle est à la fois la championne en titre et une ancienne championne (2011 et 2015). Et bien qu’elle ne soit pas à Prague cette semaine, elle défend 280 points acquis lors de sa victoire dans la capitale tchèque il y a 12 mois.

Le style de jeu explosif de Kvitova en fait l’une des joueuses les plus dynamiques du circuit féminin. De nombreux amateurs de tennis espèrent que la sympathique Tchèque puisse atteindre le premier rang de la WTA. Au cours des 15 derniers mois, elle a conquis sept titres — plus que toute autre joueuse — et a courageusement surmonté les cicatrices littérales et figurées d’une invasion traumatique à son domicile en décembre 2016.

Il est encore risqué de la choisir comme favorite à Roland-Garros, car les aléas d’une épreuve à l’extérieur comme celle de Roland-Garros représentent un plus grand défi que les conditions intérieures à Stuttgart ou l’altitude de Madrid d’environ 650 mètres. Depuis son carré d’as en 2012, sa fiche à la Porte d’Auteuil n’est que de 12 victoires et 6 défaites.

Le statut de Serena Williams étant encore nébuleux, la gauchère de 1,80 m est incontestablement en tête de liste de la puissance du circuit féminin.

Chez les hommes, Thiem a été couronné champion à Barcelone et n’est devenu que le deuxième joueur (Novak Djokovic – à sept reprises) à signer quatre gains contre Rafael Nadal sur la terre battue.

En demi-finale, Thiem a vaincu Nadal 6-4 et 6-4 avant de prendre la mesure de Daniil Medvedev 6-4 et 6-0, dimanche — gagnant 12 des 13 derniers jeux alors que le Russe semblait diminué par un problème d’épaule.

Grâce à cette prestation, Thiem conserve son 5e rang mondial — il a déjà été 4e en novembre 2017. Il pourrait très bien améliorer son sort, mais a plusieurs points à défendre à ses trois prochains tournois : Madrid (finaliste, 600 points), Rome (premier tour, 10 points) et Roland-Garros (finaliste, 1200 points).

Le temps passe vite et après les épreuves du Circuit 250 de cette semaine avec Alexander Zverev (3e) à Munich et Stefanos Tsitsipas (8e) à Estoril — les deux seuls joueurs du Top 10 en action —, il ne restera que les Masters 1000 de Madrid et de Rome, ainsi qu’une semaine à Lyon et à Genève avant le début de Roland-Garros, le 26 mai.

Les Canadiens Denis Shapovalov et Félix Auger-Aliassime sont en congé cette semaine avant de prendre part aux épreuves de Madrid et de Rome, Auger-Aliassime sensé également participer au tournoi de Lyon avec Roland-Garros. Lundi, nous avons appris que Milos Raonic s’était retiré de Madrid et de Rome en raison d’un problème au genou qui met aussi en péril sa présence à Roland-Garros.

Quant à Bianca Andreescu, elle ne jouera pas à Madrid la semaine prochaine, car elle continue de soigner sa blessure à l’épaule.

L’HOMME DE LA SITUATION À MONTRÉAL

Photo: Radio-Canada.ca

Louis Borfiga, vice-président du développement de l’élite de Tennis Canada, est un homme très populaire ces jours-ci après les succès de Bianca Andreescu, de Félix Auger-Aliassime et de Denis Shapovalov.

Samedi dernier, l’ancien entraîneur de longue date de la Fédération française de tennis a participé à l’émission « Podium » de Radio-Canada et s’est entretenu avec l’animatrice Marie-José Turcotte. Voici quelques-unes des réflexions de Borfiga.

LE DÉVELOPPEMENT DES JOUEURS : « Quand je suis arrivé (2006), il n’y avait pas de terre battue et c’était vraiment un besoin pour moi. On peut acquérir diverses qualités — la patience, l’endurance, mais aussi les échanges sont plus longs, donc ça demande beaucoup plus d’efforts. »

« J’ai donc demandé à Eugène Lapierre (vice-président du tennis professionnel de Tennis Canada) s’il pouvait nous aider et évidemment, il a été extrêmement rapide. (Quatre terrains de terre battue ont été construits sur le toit du complexe abritant les terrains de ciment) C’est ça aussi le succès. Ce sont des gens comme ça qui nous ont donné tous les moyens pour réussir. »

RÉCENTS SUCCÈS : Qu’est-ce qui a été le déclic ? « Je pense qu’on a aussi eu la chance d’avoir des joueurs comme Eugenie, Milos et Vasek qui voulaient réussir, qui voulaient se surpasser et ils voulaient montrer que c’était possible même s’ils étaient Canadiens. Je me souviens quand, il y a quatre ou cinq ans, il y avait les succès de Milos, d’Eugenie et de Vasek, j’avais réuni mes entraîneurs et je leur avais dit “maintenant il faut vraiment, vraiment qu’on se mobilise, parce que je ne veux pas qu’on dise qu’on a eu de la chance. Il nous faut former une autre génération pour prouver que notre système est le bon.” Et je dois dire aussi qu’ils (Milos, Eugenie et Vasek) avaient ouvert la voie. Donc ceux qui arrivaient derrière, les Félix, les Denis et les Bianca se disaient “Tout est possible. Ils l’ont fait, on va le faire. On a les mêmes entraîneurs, on a la même structure, donc tout est possible.” À partir de là aussi, on tombe sur trois jeunes assez exceptionnels au niveau du talent. C’est toujours une combinaison du talent et de la valeur des entraîneurs qui les accompagnent. »

CHANCE ? « Il y a certainement une part de chance d’être tombé sur des jeunes avec un tel talent, mais d’un autre côté, je pense que s’il n’y avait pas eu les structures, ils ne seraient certainement pas au niveau où ils sont. Donc c’est le mariage de ces deux qui fait qu’aujourd’hui on peut dire que le Canada est une nation phare en matière de tennis. »

« Quand ils étaient jeunes, ils ont eu de bons formateurs (dans le cas de Shapovalov, sa mère Tessa) qui ont eu une vision pour le futur et qui ont travaillé la technique en prévision de ce qui allait se passer à 18 ou 19 ans. »

« Les trois rêvent, mais ils ne rêvent pas d’être cinquièmes. Ils rêvent d’être premiers. Elle l’a déjà dit Bianca, Félix a déjà dit qu’ils rêvent d’être numéro un. »

FÉLIX : « Il a une présence vraiment spéciale. C’est un garçon qui a été très bien élevé. C’est un garçon qui a beaucoup de reconnaissance, qui n’oublie pas tous les entraîneurs qui ont travaillé avec lui avant. Donc oui, il a quelque chose de spécial et c’est pour ça qu’à mon avis, au niveau du sport canadien, il sera une star du sport canadien, tous sports confondus. »

« Je pense qu’il va gagner Roland-Garros. Je l’ai dit souvent et je le maintiens, parce que quand il avait 16 ans, il a fait la finale de Roland-Garros junior (il a eu trois balles de championnats). À mon avis, son style de jeu s’apparente bien à la terre battue et en plus il va à Rio et fait la finale d’un ATP 500. Ça me fait penser qu’il a vraiment de grandes chances de remporter le tournoi de Roland-Garros. D’ailleurs il est adoré en France et c’est bon signe pour lui parce que les gens l’aiment beaucoup. »

DENIS : « Il a tout ce qu’il faut (pour devenir numéro un) et il l’a prouvé quand il avait 18 ans sur le central en battant Nadal, del Potro (à la Coupe Rogers de 2017). Lui aussi a vraiment un très beau potentiel, il n’y a aucun doute là-dessus. »

« Il a une qualité de frappe de balle et de vitesse de bras qui sont redoutables pour ses adversaires. Oui, il dépense beaucoup d’énergie, c’est vrai qu’il est tout le temps en train de virevolter à droite et à gauche, mais là aussi il va se canaliser un petit peu. À la limite il doit garder sa personnalité parce que c’est ce qui fait son charme. »

BIANCA : « Je discute beaucoup avec les entraîneurs sur le circuit et je me rappelle au sujet de Bianca avoir parlé avec Fabrice Santoro et il me dit “Tu sais, je ne regarde pas beaucoup le tennis féminin, mais j’ai regardé par hasard la finale à Indian Wells et je n’ai pas pu m’enlever du match. Si le tennis féminin c’est Bianca, je regarderai tous les matchs.”

« C’est un bel hommage, parce que s’il y en a un qui connaît le tennis, c’est lui. »

« Bianca va donner beaucoup au tennis canadien pour une raison simple, c’est que les entraîneurs qui ont des jeunes filles en charge vont pouvoir s’inspirer du jeu de Bianca. C’est la preuve que voilà comment doit se jouer le tennis de l’avenir. »

Photo: Radio-Canada.ca

LE DÉFI MAINTENANT : « Vous vous rendez compte qu’on a quand même une fille qui a fait la finale des Internationaux juniors d’Australie — Leylah Annie Fernandez — et ça passe un peu comme si c’était normal. Donc ça veut dire que cela a changé parce qu’avant on aurait dit : “Fantastique, on a une finaliste ». C’est bien parce que ça prouve que les ambitions montent et que le niveau monte. Le défi est de faire comprendre à tout le monde qu’on n’aura pas des Félix, Shapovalov et Bianca régulièrement, mais qu’on aura des bons joueurs qu’il faudra respecter. Des joueurs de très bon niveau qu’il faudra entraîner, aider. Comme je dis toujours, il n’y a qu’un numéro un mondial. Il n’y en a pas dix, il n’y en a qu’un. Alors il faudra que l’on continue dans la même voie en sachant qu’on aura des résultats plus normaux dans les années à venir. »

L’AVENIR : Dans cinq ans, où voyez-vous Félix, Denis et Bianca ? (Borfiga sourit) « Je les vois évidemment dans le Top 10. Et dans cinq ans, il y en aura au moins un ou une qui aura gagné un Grand Chelem déjà. »

SIMONA À UNE MAIN

Simona Halep, 3e mondiale, s’est un peu amusée récemment à montrer que son revers à une main pouvait être très efficace, mais peut-être pas aussi efficace que celui de Stan Wawrinka.

LE SEPTUAGÉNAIRE ORANTES A L’AIR EN FORME

À l’extrême droite de la photo ci-dessus prise lors de la remise des trophées de l’Open de Barcelone, dimanche, se trouve l’Espagnol Manuel Orantes, champion des Internationaux des États-Unis de 1975 (il avait vaincu Guillermo Vilas en demi-finale et Jimmy Connors en finale). Maintenant âgé de 70 ans, Orantes a remporté les Internationaux du Canada en 1975, dernière année où le tournoi a eu lieu dans un club privé avant de déménager au Centre national de tennis de l’Université York.

(Feature photo: TennisTV.com)

 

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