Pascal Ratthe/Tennis Canada

Pour quelques-uns de nos tennismen les plus prometteurs, l’Omnium Banque Nationale est une récompense puisqu’il permet enfin de partager les courts avec l’élite.

Mais c’est aussi une récompense pour ceux qui sont à la tête de tout le développement du tennis au pays, car ils peuvent enfin prendre la mesure de toutes ces années d’efforts lorsque les jeunes évoluent sur la grande scène.

Comme Guillaume Marx, chef de la performance à Tennis Canada (TC) et superviseur du Centre national de tennis présenté par Rogers (CNT).

Le grand Français est vu aux abords des courts, regardant et évaluant ces jeunes qui tentent de se faire une place au soleil dans cette jungle touffue et hostile qu’est le tennis mondial.

« C’est un super tournoi pour moi, mais aussi pour tous les entraîneurs qui ont participé à la formation d’un joueur. Et de le voir évoluer dans un tournoi aussi important, ici, c’est le couronnement de beaucoup d’efforts. »

Hommage à Galarneau et à Diallo

Marx n’a rien raté des matchs disputés par « ses » jeunes, lors des qualifications. L’Ontarien Liam Draxl, ainsi que les Montréalais Jaden Weekes, Juan Carlos Aguilar et Gabriel Diallo se sont mesurés à de grosses pointures. Des quatre, seul Diallo a remporté un match. Mais quel match ! Il a battu le 59e mondial, l’Australien James Duckworth, avant de devoir déclarer forfait dans le match suivant, contre le Français Hugo Gaston.

« Gab a remporté un 25 000 $ il y a deux mois. Et battre un Top 60, ici à Montréal, c’est assurément l’événement des qualifs. Sur les derniers mois, il y a Alexis, tout de même. Avec sa finale la semaine dernière au Challenger de Winnipeg, il se retrouve 230e. »

Pour Diallo et les trois autres jeunes, ces laissez-passer pour les qualifications étaient effectivement des récompenses offertes par Tennis Canada.

« Les gens ne réalisent pas, mais le niveau des qualifications d’un Masters 1000 comme Montréal, c’est encore plus élevé que celui d’un Grand Chelem. Car ce sont des joueurs du Top 100, uniquement, qui s’y retrouvent. Les qualifs d’un Grand Chelem ce sont des joueurs entre la 110e et la 250e place mondiale. Alors, la marche est très, très haute et, oui, c’est une récompense. »

Un édifice de plusieurs étages

Sous l’égide de Hatem McDadi, vice-président principal du développement de l’élite chez TC, Guillaume Marx et son équipe de « développeurs » chapeautent plusieurs niveaux d’athlètes et il m’a confirmé le récent démarrage d’un nouveau programme

« On a mis en place un programme de soutien pour les membres du Top 20 de la NCAA et les juniors de l’ITF en première ou deuxième année de transition, s’ils ont été Top 40. On leur offre un accompagnement et de l’entraînement pour tous les tournois au Canada. »

Ajoutons à cela les étages du dessous.

Le Centre national de tennis de Montréal, puis les centres régionaux de Toronto et de Vancouver. Primeur : la nomination de l’Ontarien Frank Dancevic, ancien 65e joueur mondial, qui s’occupera de développer une nouvelle génération de joueurs (Martin Laurendeau continue son boulot dans la transition des meilleurs espoirs vers le niveau professionnel).

Lundi soir, les deux hommes étaient assis ensemble pendant le match de Denis Shapovalov.

Image : Tennis TV

Enfin, un autre ancien pro canadien, le Québécois Jocelyn Robichaud, dirigera la relève, soit tout le secteur des espoirs de 15 ans et moins.

Et Félix ?

Impossible de quitter Guillaume Marx sans lui parler de Félix Auger-Aliassime, dont il a été l’entraîneur sur le circuit de l’ATP jusqu’en novembre 2020. Coïncidence, les deux hommes venaient de discuter pendant une quinzaine de minutes avant que Marx ne me rencontre pour cette entrevue.

Photo : @RolexPMasters (2020)

« C’est drôle parce que c’est justement de la relève dont nous avons discuté. De Diallo, notamment, et de Galarneau, qui est un ami d’enfance de Félix. Il s’informe d’eux et on voit qu’il a très envie de les voir réussir. »

Marx conclut en se disant admiratif du formidable serveur que Félix est devenu. Car dans les statistiques de l’ATP, notre jeune Canadien est tout de même au quatrième rang du circuit pour le nombre d’as, derrière des canonniers comme John Isner, Reilly Opelka et Maxime Cressy. En moyenne, Auger-Aliassime claque 10 as par match.

« Je dois lui donner crédit, car il a beaucoup travaillé son service depuis le début de sa carrière. Il a accepté beaucoup de changements et aujourd’hui, il est rendu un joueur très dominant. Je dirais la même chose avec son revers coupé qui est vraiment très fort. »

Comment ne pas parler de récompense quand on a vu Félix grandir et gravir les échelons jusqu’au Top 10 ?

C’est ce que vivent Marx et tous les autres entraîneurs.

En attendant la prochaine récompense.

Tags