Photo : BNP Paribas
En 2022, Félix Auger-Aliassime a tout donné, a atteint plusieurs objectifs et a reçu des honneurs et des félicitations bien mérités.
Mais, à peine avait-il digéré le champagne de la Coupe Davis que la vedette canadienne du tennis international a pris l’avion à destination de l’Afrique. Et il ne s’agissait pas d’aller décompresser sur une plage au nord de ce continent (du moins pas encore), mais bien de se rendre au Togo, petit pays de l’Afrique de l’Ouest dont une mince bande de 48 kilomètres baigne dans le golfe de Guinée.
C’est là qu’est né son père, Sam Aliassime. Et c’est là, en 2020, que Félix a choisi de diriger une de ses principales activités caritatives, #FAAPOINTSFORCHANGE.
En association avec la banque française BNP Paribas, le sixième joueur mondial verse 5 $ par point gagné dans un match. À cela, la banque y ajoute 15 $, chaque fois. Comme Félix joue beaucoup, chaque année, disons que les dons ont afflué. Ainsi, depuis le 3 janvier 2020, il a remporté 16 486 points pour un total de 325 000 $ convertis en dons.
Et, comme indiqué sur le site de BNP Paribas, les bénéfices récoltés permettent de financer le programme EduChange de l’ONG CARE.
Le fait d’aller constater de visu la progression de la démarche est tout à son honneur. Surtout qu’il a fait le trajet immédiatement après l’euphorique conquête de la Coupe Davis par le Canada, accompagné notamment de son père, de sa sœur Malika et de sa conjointe Nina Ghaibi.
C’était la première fois que FAA pouvait se rendre sur place pour apprécier les progrès accomplis par la démarche dans différents endroits du Togo. En plus de visiter le club de tennis où son père Sam a commencé à jouer, il a été accueilli dans plusieurs villages du pays.
Un match de soccer, durant lequel il a agi comme entraîneur, a notamment été organisé.
Félix a aussi mis la main à la pâte en apprenant les tâches quotidiennes des Togolais.
« C’était bon de voir ça en personne — même si j’avais eu le compte rendu avant par écrit — et de voir de mes propres yeux l’impact que le projet a eu », fait remarquer Auger-Aliassime dans une entrevue accordée à la journaliste Katherine Harvey-Pinard, du quotidien montréalais La Presse.
« Ce sont des réalités que l’on connaît, mais je pense que ça nous frappe différemment de voir ça en personne. De voir que, malgré tout, ils ont le sourire. Tous les enfants que j’ai vus étaient heureux. »
Et des sourires, il en a aussi provoqué par sa seule présence et sa participation aux nombreuses activités, dont cette danse lors de laquelle il était le centre d’attraction.
Après (à peine) quelques semaines de repos, chez lui, Félix reprendra le collier pour s’entraîner en vue du premier tournoi majeur de la saison, en Australie. Mais auparavant, il aura participé à la première édition de la Ligue mondiale de tennis (World Tennis League), un tournoi de démonstration présenté à Dubaï, aux Émirats arabes unis, du 19 au 24 décembre prochains, et dont je précise les détails plus bas dans ce blogue.
Aura-t-il encore assez de chance pour éviter les blessures et disputer plus de 87 matchs comme en 2022 ? Ou réduira-t-il ses activités pour éviter le surmenage… tout en vivant la pression de défendre les nombreux points de classement acquis cette année ?
Vous l’aurez compris, la pression ne lui fait pas peur. Il y a même pris goût.
« J’aime bien la phrase de Billie Jean King, qui dit que la pression est un privilège. Je préfère être dans la position où je suis en ce moment, où les gens s’attendent… Moi-même, en fait, je m’attends à faire de belles choses dès le prochain tournoi. »
Et, en complément de programme de vie, cette initiative pour les Togolais, grands et petits.
« Parfois, c’est difficile, je dois me pousser, mais il y a l’enfant qui doit marcher trois heures dans sa journée juste pour aller à l’école. Je me dis : allez, tu peux faire un effort et donner le meilleur de toi-même parce que ce que tu fais ici, ç’a un impact sur ces enfants-là. »
Voilà qui n’est pas sans nous faire penser à une initiative caritative du même genre par un grand du tennis et qui, tiens… tiens… est né le même jour, soit le 8 août.
Après le succès sur les terrains et un comportement de gentleman sur le court et en dehors, voilà bien une autre association qui semble désormais rapprocher notre compatriote du plus grand athlète suisse de l’histoire.
La Ligue mondiale de tennis
Décidément, le tennis mixte a la cote.
Longtemps confiné aux seuls tournois du Grand Chelem ou à l’unique Coupe Hopman disputée en Australie en début d’année entre 1989 et 2019, voilà que le genre émerge à nouveau. Et deux fois plutôt qu’une, dès le début de la nouvelle saison.
Je vous ai parlé, il y a quelques semaines, de cette nouvelle United Cup disputée en Australie et mettant en vedette les stars de la WTA dans des matchs de simple et de double mixte.
Mais une semaine auparavant, plusieurs de ces athlètes seront également des participant(e)s à la nouvelle Ligue mondiale de tennis (World Tennis League), dont les matchs seront disputés du 19 au 24 décembre dans un aréna à Dubaï.
Et le Canada comptera sur trois représentants.
En effet, Auger-Aliassime en sera, tout comme ses compatriotes Bianca Andreescu et… Eugenie Bouchard !
Dans ce nouvel événement du tennis international, les 18 athlètes inscrits seront divisés en quatre équipes nommées Falcons, Hawks, Eagles et Kites. (Connaissant l’amour des Arabes pour les oiseaux de proie, il n’est pas surprenant que les équipes portent les noms de Faucons, Éperviers, Aigles et Milans.)
Novak Djokovic, Alexander Zverev, Iga Swiatek, Caroline Garcia, Aryna Sabalenka, Nick Kyrgios et Dominic Thiem font partie des têtes d’affiche.
Félix et Eugenie se retrouvent dans la même équipe (Kites) tandis que Bianca fera partie de la formation des Hawks.
L’horaire des matchs et les confrontations sont déjà programmés sur le site de la compétition, ici :
Dans les rondes préliminaires, notons que FAA sera opposé successivement à Nick Kyrgios et Novak Djokovic, en simple. Il jouera également en double avec sa compatriote Bouchard. De son côté, Bianca évoluera deux fois en double avec Rohan Bopanna, ainsi qu’une fois avec Andreas Seppi.
Maintenant que vous connaissez la compétition, ne peut-on pas s’interroger sur la multiplication de ces nouveaux tournois alors que les calendriers de la WTA et de l’ATP sont déjà suffisamment bien remplis et assortis des Coupes BJK et Davis ?
L’explication est toute simple. Ou plutôt… double.
Plaisir et argent.
Et si j’inscris le mot plaisir en premier lieu, c’est qu’il est prioritaire dans certains choix de ces athlètes professionnels, et particulièrement les membres du Top 10 qui se font offrir des fortunes pour rehausser la liste des participants.
Soumis à une grande pression toute l’année, en quête de précieux points et de titres prestigieux, des activités comme cette nouvelle Ligue mondiale de tennis, la United Cup ou la Coupe Laver représentent des moments où la pression se relâche et où la camaraderie prend le dessus sur les rivalités et les compétitions incessantes. On peut donc les comprendre de vouloir y participer.
Ensuite, connaissant les montants d’argent (dans les six et sept chiffres) qui sont offerts aux gros noms pour accepter ce genre d’invitation, tant en tournois officiels qu’en compétition de démonstration, on peut les comprendre de préférer ces tournois pour une remise en forme présaison, que des tournois où une mauvaise sortie entraîne l’élimination immédiate.
Joindre l’utile à l’agréable.
Et vice-versa.
Nick, le faiseur de champions
Venus et Serena Williams, Andre Agassi, Maria Sharapova, Jim Courier, Monica Seles, Boris Becker, Martina Hingis, Marcelo Rios et Jelena Jankovic.
Ces anciens numéros un mondiaux sont tous passés par l’usine à champions de Nick Bollettieri.
Feu Nick Bollettieri.
Car l’Américain est décédé le 4 décembre, à l’âge de 91 ans, après avoir combattu la maladie pendant plusieurs années.
Même s’il n’avait jamais joué au niveau professionnel, Bollettieri s’était surnommé lui-même le Michel-Ange du tennis. L’école qu’il avait établie à Bradenton, en Floride, a vu passer des tas de grands noms du tennis professionnel, une dizaine d’entre eux atteignant le sommet de la hiérarchie mondiale. Après l’avoir exploitée pendant neuf ans (1978-1987), il l’a vendue à IMG.
De tous les témoignages qui ont fusé après son départ, retenons celui, aussi amusant qu’émouvant, de l’un de ses premiers élèves et numéro deux mondial (2002), l’Allemand Tommy Haas.
« Tant de souvenirs, je ne sais pas par où commencer. Nickiiiii, c’est ainsi que je t’appelle depuis très longtemps. Merci pour ton temps, tes connaissances, ton engagement, ton expertise, ta volonté de transmettre tes compétences, ton intérêt personnel à m’encadrer et à me donner la meilleure chance de réaliser mes rêves. Tu étais un rêveur et un faiseur, et un pionnier dans notre sport, vraiment unique en son genre. Tu me manqueras sûrement à l’Académie, lors de nos discussions sur le tennis, je m’ennuierai de te voir montrer ton bronzage, tes dents blanches et ton gras corporel, je m’ennuierai de te regarder faire du tai-chi, je m’ennuierai de jouer au golf avec toi et de te regarder essayer de tricher… manger une barre Snickers et te sauver vers les buissons et d’entendre tous tes projets, même à l’âge de 91 ans. Merci encore pour tout… RIP Nickiiiii. »
Cet hommage n’était qu’un des très nombreux messages du genre publiés dans les médias sociaux par tout ce que le tennis compte de grands noms. Le site de l’ATP en a répertorié quelques-uns sur sa page consacrée à l’homme.
En 2014, Nick Bollettieri est devenu seulement le quatrième entraîneur à être admis au Temple de la renommée du tennis international, à Newport, dans le Rhode Island. C’était la même année où un autre de ses protégés, Kei Nishikori, atteignait la finale des Internationaux des États-Unis.
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