Tennis Player hits a low backhand slice indoors

Photo : Gérard Piwtorak/Open de Caen 

« Impossible n’est pas français ! »

C’est une expression historique que l’on prête à l’empereur Napoléon à la veille de sa campagne pour conquérir l’Espagne (1808). On pourrait très bien l’appliquer à ce qu’a réalisé au tennis un de ses compatriotes, deux siècles plus tard.

Son nom : Jules Marie

Jules qui ?

Jules Marie. Celui qui est devenu le héros d’une histoire digne d’un conte de Noël, version tennis, dans le nord de la France.

Jules est âgé de 30 ans et occupe le 821e rang mondial.

Il n’a jamais été plus haut que la 228e place (8 mai 2015), mais la plupart du temps, sa carrière de 11 ans l’a vu se promener entre les 547e et 1674e échelons de la hiérarchie. Il sert de partenaire d’entraînement pour les vedettes des tournois français, notamment à Roland-Garros.

Donc, si vous ne le connaissez pas, c’est tout à fait compréhensible.

Toutefois, l’homme aime profondément le tennis et continue de jouer. Sans pression. Et chaque année, il ne rate pas le tournoi de Caen, dans le nord de son pays.

Caen, SA ville natale.

Et cette année, il l’a gagné !!!

Mais attention, même si ce n’est pas une épreuve de l’ATP, le tournoi de Caen attire toujours quelques noms qui n’ont rien à voir avec le niveau des Challengers. Chez les dames, l’Estonienne Anett Kontaveit (7e) ainsi que les Françaises Alizé Cornet (60e) et Caroline Garcia (74e) y étaient inscrites, tandis que chez les hommes, les Français Ugo Humbert (35e), Arthur Rinderknech (58e) et Lucas Pouille (155e) ainsi que le Belge David Goffin (39e) étaient de la partie.

Son titre, impensable quelques jours auparavant, a été acquis face à son jeune compatriote Humbert, sur abandon.

Photo : Gérard Piwtorak/Open de Caen

« Si vous m’aviez dit il y a quelques jours que je soulèverais le trophée, ce soir, je vous aurais probablement ri au nez. Il suffit de regarder le tableau, j’étais le joueur le moins bien classé de l’Open », a déclaré l’improbable champion après son triomphe.

Image : Youtube

Voyez ici quelques séquences de la victoire de Jules Marie aux dépens de Goffin, 6-1 et 6-4, en demi-finale. Tout en reconnaissant que Goffin disputait un premier tournoi en trois mois et demi, on parle ici d’un joueur régulier de l’ATP, ex-membre du Top 10 il y a un peu plus d’un an.

Hallucinant !

En jetant un coup d’œil sur les résultats des dix dernières finales de ce tournoi, vous constatez que, outre la présence normale de l’élite française, les autres participants ne sont pas des deux de pique, comme on dit.

Et, en 2019, qui retrouvons-nous en finale contre Jo-Wilfried Tsonga ? Oui. Le même Jules Marie, alors 711e mondial. Et Tsonga a eu besoin de trois manches pour le battre.

Mais ça, c’était avant cette année. Peu importe qu’il l’ait emporté par abandon, Humbert étant classé 35e, tout comme Tsonga, deux ans auparavant.

Source : Wikipedia

Oui, le père Noël était en avance, ce 18 décembre.

Shapo finit en beauté

Capture d’écran : Youtube

L’année 2021 lui a donné son lot de bons moments, mais Denis Shapovalov aurait certainement aimé terminer plus haut au classement de l’ATP et ajouter un autre titre.

Mais on pourra dire que le match du 18 décembre aura été une sorte de belle compensation.

Un cadeau de Noël avant le temps.

Dans un tournoi exhibition, à Abu Dhabi, Shapo a remporté une victoire contre Rafael Nadal dans le match comptant pour la troisième place. Un triomphe de 6-7(4), 6-3 et 10-6.

On dira que Nadal revient d’une absence de plus de quatre mois et que ce tournoi lui sert de simple remise en forme. Et on ajoutera qu’il ne s’agit que d’un tournoi d’exhibition, justement. Mais il faudra aussi rappeler que Nadal a rarement mis les pieds sur un court sans donner 100 % de lui-même, peu importe s’il affronte l’élite ou sa vieille tante.

En visionnant les séquences de cette prestation, on ne peut faire autrement que d’y voir un Shapovalov en pleine possession de ses moyens. Il n’y avait certes pas la magie d’un certain mois d’août 2017, à Montréal, mais on a pu voir un Denis en contrôle, même s’il a laissé filer une avance de 5-3 dans la première manche. Avec calme, il a affronté le joueur devant lui… un joueur entouré d’une aura qui lui permet de se sortir de beaucoup d’impasses contre des adversaires impressionnés.

C’est ce type de victoire qui peut avoir encore plus d’impact, à l’avenir, que bien d’autres, face à des adversaires moins renommés, peu importe le tournoi.

En passant, prêtez attention à l’échange qui survient à 2-1, 15-15 (2e manche), alors que Shapovalov garde la balle en jeu sur un coup spécial. C’est à 6 min. 35 du début de la vidéo.

Photo : Muabadala World Tennis Championships

Kyrgios-Tomic : Duel sur Instagram

Photo : 7news.com.au

Ils ont tous deux été étiquetés comme des espoirs hypertalentueux, le futur de l’Australie dans l’ère post-Hewitt. Ils n’ont jamais justifié leur immense potentiel, et manqueront vraisemblablement de temps pour pouvoir le faire un jour.

Bernard Tomic

Nick Kyrgios

Les « bad boys » australiens.

À quelques jours de la nouvelle année, les deux compatriotes se sont mutuellement visés dans une nouvelle salve de volées… médiatiques.

Bernard Tomic

Nick Kyrgios

Si le premier était un bel espoir comme il en passe tant, le second avait tout ce qu’il fallait pour espérer accéder au Top 3. Les coups, la puissance, un service dévastateur et un « Q.I. tennistique » au-delà de la moyenne. Mais, comme je me suis plu à le dire plusieurs fois au cours de la dernière décennie : « Trop de talent dans un seul corps ». Et, surtout, sans la volonté pour soutenir tout ça.

Tout ça a commencé lorsque Tomic a publié une vidéo dans laquelle il livrait un message quant à son ardent désir de revenir à son meilleur niveau.

Bien sûr, n’importe quel amateur avisé préférera attendre avant de croire Tomic sur parole.

Rappelons que cet athlète dissipé a déjà été mis à l’amende trois fois dans la même journée par la police de la Gold Coast, en Australie, en 2012, et a arrêté à Miami en 2015. Il a également la très vilaine réputation d’être un « tanker », soit un joueur qui perd volontairement. Un de ses records peu enviables est la défaite la plus expéditive de l’histoire de l’ATP alors qu’il avait été battu 6-0 et 6-2 par Jarkko Nieminen, en 2014 à Miami, dans un duel de 28 minutes et 20 secondes.

Par la suite, Tomic a invité ses abonnés d’Instagram à une séance de type « Ask me anything » (« Demandez-moi n’importe quoi »). À la question « Qui est le meilleur entre toi et Nick ? », il a répliqué : « Je l’ai battu à Kooyong (6-3 et 6-4), il y a quelques années. Parce que je m’entraîne avec lui, je sais où il va servir et je peux prédire son comportement alors son style ne me dérange pas vraiment. Je serai heureux de porter ma fiche à 2-0 dès qu’il le voudra. Mais, blague à part, je souhaite bonne chance à N.K. ! »

Nick Kyrgios qui, en passant, avait remporté les Internationaux de tennis junior de Repentigny en 2012, s’est révélé au monde lors du tournoi de Wimbledon en 2014. Alors âgé de 19 ans, il a surpris en éliminant Rafael Nadal, notamment grâce à une séquence d’anthologie qui non seulement a eu l’heur de mettre l’Espagnol en rogne, mais qui est régulièrement visionnée sur YouTube depuis avec le titre de « coup de l’année 2014 ».

Tomic a connu ses sommets au classement de l’ATP entre le 18 octobre 2015 et le 17 janvier 2016 quand il s’est maintenu au 18e rang (avec deux semaines au 17e). Puis, plus rien. Il est aujourd’hui 259e.

Kyrgios a connu ses meilleurs moments entre le 23 octobre 2016 et le 15 janvier 2017 en se hissant au 13e échelon. Un an plus tard, en 2018, courts soubresauts entre la 14e et la 17e place, entre le 7 janvier et le 25 février. Puis, à l’instar de son compatriote, il a lentement glissé jusqu’à ce jour, alors qu’il se situe au 93e rang.

Le palmarès de Tomic comprend quatre titres, tous de catégorie ATP 250. Kyrgios l’a devancé en en remportant six, trois ATP 250 et trois ATP 500.

La fiche de Tomic est de 186-182 (moyenne de 50,5 %). Celle de Kyrgios, 168-103 (moyenne de 62 %).

Photo : 7news.com.au

Si Kyrgios se démarque légèrement par ses classements, puis plus solidement par sa moyenne de victoires sur le circuit, il laisse carrément l’autre dans la poussière lorsque vient le temps des réalisations de prestige.

« Kooyong, c’est un endroit où les gens jouent des matchs de démonstration. Et, oui, il m’a battu là, une fois », reconnaît Kyrgios sur son compte Instagram. « Mais de dire qu’il est le meilleur ? J’ai plus de titres et il n’a vaincu aucun gros joueur, pas de Rafa, pas de Federer, pas de Djokovic. Dire qu’il est meilleur que moi est un peu exagéré. »

Kyrgios n’a pas tort. Selon Tennis.com, sa fiche contre les joueurs du Top 10 est de 21-33 alors que celle de Tomic est de 8-40. Et il a vaincu chaque membre du « Big 3 »… chaque fois à sa première tentative.

Tomic ne peut rien faire contre les chiffres. Et il ne peut même pas accuser l’autre de mesquinerie. Au contraire. Dans une conclusion chevaleresque, Kyrgios l’a invité un jour à relever un défi entre les lignes du terrain. Non sans le complimenter, de surcroît. « Je ne suis pas jaloux et je souhaite du succès à tout le monde. B.T., on sait ce que tu es capable de faire. Montre-nous ! »

Le site SportsSkeeda a détaillé l’échange complet entre les deux, le 15 décembre dernier.

Courriel : privard@tenniscanada.com

Twitter : @paul6rivard

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