Félix prepares to hit a serve on a clay court

Photo : Corinne Dubreuil/ATP Tour

Rendez-vous raté (1)

Le match a eu lieu il y a une semaine déjà. Vous l’avez vu et vous avez lu les commentaires sur ce qui, pour moi, est un rendez-vous tristement raté entre les deux formidables fleurons de Tennis Canada.

Felix et Denis se pratiquent leur service
Photo : Tennis TV

Je ne peux m’empêcher d’y revenir.

Car, comme vous, je m’étais installé confortablement devant mon écran, le 22 avril à 5 h, équipé d’un gros pot de café bien chaud, pour voir ce cinquième affrontement entre les deux amis sur le circuit de l’ATP.

Première manche : Félix joue comme Félix est capable de le faire. Félix commence le match comme tant d’autres, confiant et régulier.

Mais pas Denis qui, d’entrée, est brisé sur double faute.

Après quelques séquences qui justifient nos attentes, force est d’admettre que si Félix continue de rester concentré, son ami n’est plus là. Tellement que lorsqu’il fait face à sa deuxième balle de manche, il fait un « service cuillère » en guise de deuxième balle (qu’il rate !) et cède ainsi 6-2.

Et, fait surprenant, aucun mouvement d’humeur, aucun de ces hurlements caractéristiques auxquels Shapo nous a habitués lorsqu’il laisse sortir la frustration et le trop-plein de vapeur. Mouvements d’humeur qui, il faut l’avouer, le servent positivement la plupart du temps depuis le début de sa carrière.

Deuxième manche : Après un traitement à l’épaule gauche pendant la pause, Denis semble aussi abattu. Il se traine même les pieds entre les services, un geste anodin qui apparaît plus facilement sur la terre battue fraîchement retapée.

Vraiment, j’avais rarement vu le Torontois aussi défait. Méconnaissable.

Après quelques manifestations de frustration (enfin, dirais-je), l’athlète blond s’est éteint sans conviction.

6-2, 6-3, en 79 minutes.

Felix met sa poignée fermée sur sa poitrine après sa victoire
Photo : Tennis TV

Évidemment, un match de 2 h 30… avec un 7-5 et un 7-6 en prime à la troisième manche aurait été le spectacle ultime. Et sublime. Mais c’est vraiment aux antipodes que nous avons été amenés.

Depuis ce premier face-à-face mémorable (et pas pour la bonne raison) aux Internationaux des États-Unis de 2018, chacune des confrontations entre ces deux prodiges du tennis canadien nous a toujours captivés, peu importe les allégeances, peu importe le score final.

Mais là, c’en était presque triste.

Félix et Denis se parlent au filet après le match
Photo : Tennis TV

Je ne peux terminer sans lever mon chapeau à Félix. Compte tenu de leur rivalité, on aurait pu le voir chancelant devant le rendement inattendu de Shapo. Car, en effet, elles sont nombreuses ces occasions où un joueur a été déconcentré en voyant que son adversaire était blessé ou affichait colère et découragement. N’importe quel connaisseur vous confirmera que Félix aurait facilement pu perdre ce match, malgré tout.

Il a été fort.

Chapeau, aussi, pour sa réaction extrêmement posée et l’absence de célébration. Connaissant très bien le gars en face, il devait s’imaginer à quel point il devait être frustré, décontenancé, découragé par une telle expérience. Face à lui, de surcroît.

C’est tout à l’honneur du Québécois.

Rendez-vous raté (2)

Le match suivant, en quart de finale, opposait Félix à celui avec qui il entretient une autre rivalité depuis la période des juniors, Stefanos Tsitsipas.

Rivalité en raison de leurs neuf duels, tous niveaux confondus. Mais après un parcours sans faute, les choses ont changé depuis l’automne 2019. Et là, c’est Tsitsipas qui était le favori.

Pour ce qui est du match, pas besoin de s’y attarder longtemps. Félix a raté une occasion en or d’ébranler la confiance de son rival, dès son premier jeu au service, alors que Stefanos avait offert un 0-40 au Québécois. Félix a échoué et le reste était presque prévisible : 6-3 et 6-3. Et sur un as, de surcroît.

Félix et Tsitsipas se rencontrent au filet après leur match
Photo : Tennis TV

Comme le mentionnait Louis Borfiga, de Tennis Canada, il y a quelques semaines dans cette édition de mon blogue, si Félix veut atteindre le Top 10, il doit gagner les longs échanges et devenir plus « méchant ». Visiblement, il doit encore travailler sur ce type d’objectifs.

En regardant cette autre victoire grecque sur l’espoir canadien, je n’ai pu m’empêcher de retourner en arrière, le 21 juin 2019.

Sur le gazon londonien du Queen’s Club, en préparation à Wimbledon, Félix venait de battre Tsitsipas pour la cinquième fois (trois fois chez les juniors [2015 et 2016] et deux fois chez les pros [2019]). Après cet autre revers, Tsitsipas avait un peu surpris par cette déclaration : « Je ne sais plus quoi faire. Il est assez solide sur tous les aspects du jeu. C’est clair qu’il est meilleur que moi. (…) Je dois accepter qu’il soit meilleur et que, possiblement, je ne le batte jamais. Si je réussis, je crois que je donnerais 10 000 $ à une œuvre de charité. », avait conclu Tsitsipas en souriant.

Quelques semaines plus tard, alors que je préparais pour TVA Sports la toute première participation de Félix à la Coupe Rogers, je lui avais souligné en entrevue ces déclarations plutôt (trop ?) flatteuses. Et notre compatriote, peu dupe, se doutait un peu de ce qui semblait être une manœuvre pour « l’endormir » et, éventuellement, le déstabiliser pour le vaincre un jour.

Mais il faut croire que la tactique de Stefanos pourrait bien avoir rapporté des dividendes. Sans oublier, évidemment, que le rejeton d’Apostolos Tsitsipas est un excellent joueur. Peut-être un numéro un mondial d’ici deux ans.

Quant à Félix, toujours aussi mature et philosophe, il a quitté Barcelone en saluant ses habitants et en citant le poète espagnol Antonio Machado qui a écrit, en 1912 « Marcheur, il n’y a pas de chemin. Le chemin se fait en marchant. »

Sage, Auger-Aliassime comprend qu’il ne peut copier ou répéter le parcours des autres joueurs. Le sien est unique, et il doit le tracer lui-même.

¡Buena suerte, señor Félix!

Expérience de stade…

Voilà comment les diffuseurs nous présentent ces matchs diffusés sur leur antenne, sans descripteur ni analyste : « Expérience de stade ».

Ou, plus simplement, personne pour décrire l’action ou la commenter.

Vue des derniers sièges sur le court centrale à Barcelone
Photo : Tennis TV

Le tennis est l’un des seuls sports à pouvoir être diffusé sans commentaires et sans que l’amateur se sente privé de quoi que ce soit. Ou presque.

Simple choix éditorial par les décideurs de la programmation ? Ou manque de personnel ? Ou économies de budget ? Ou toutes ces réponses ?

Ce n’est pas à moi de répondre pour ces télédiffuseurs. Surtout que je pourrais être accusé de manquer d’objectivité, étant donné que j’étais descripteur de tennis moi-même, pendant huit ans.

Commençons par celles et ceux qui préfèrent ça…

Certains d’entre vous apprécient, car ça donne, effectivement, l’impression d’être assis dans les gradins et de vivre votre divertissement favori sans le voyage et le prix du billet. Pour d’autres, ça vous débarrasse de cette race de descripteurs et d’analystes qui parlent trop, qui partent à la dérive sur des sujets hors contexte ou qui semblent pompeusement prêcher leur savoir absolu du haut de leur chaire.

Sunset over a full IGA Stadium in Montreal, with people raising their arms in celebration
Photo : Tennis Canada

Mais pour les autres, qui le déplorent…

Ces « expériences de stade » nous privent tout de même d’une tonne d’informations véhiculées par les professionnels de la diffusion. Des informations statistiques, des histoires intéressantes concernant les athlètes, leurs entraîneurs, leurs familles et autres notes pertinentes.

Des informations visuelles, également. Car — et je le sais pour l’avoir fait si souvent en compagnie de mes collègues analystes — ces animateurs que vous entendez en voix hors champ demandent souvent au réalisateur de leur apporter des statistiques sous forme de tableaux ou de revoir une séquence importante pour souligner un peu mieux une explication. Le découpage de caméras, les gros plans et les réactions d’entraîneurs, de conjoints ou de spectateurs en gros plans et au ralenti sont d’autant d’ajouts importants dans l’option « expérience de téléspectateur ».

Le meilleur des deux mondes, quoi.

Espérons simplement que les descripteurs et analystes de tennis ne soient pas une espèce en voie de disparition.

Simeunovic, fierté de Niagara Falls

Simeunovic makes the backhand motion in a studio photoshoot
Photo : Tennis Canada

J’aimerais corriger une erreur qui s’est glissée dans la parution de la semaine dernière.

Le jeune tennisman ontarien Stefan Simeunovic, parti en Israël disputer des tournois avec trois autres compatriotes de la relève de Tennis Canada, n’est pas de Toronto, mais bien de Niagara Falls. La précision m’en a été gentiment transmise par une de ses concitoyennes, Rosemary Goodwin, par le biais de mon adresse de courriel (au bas de cette page).

Cette erreur de bonne foi est en partie survenue parce que, Niagara Falls étant dépourvue d’infrastructures de tennis dignes de ce nom, Stefan a parfait son entraînement à Toronto avant d’être recruté par le Centre national d’ntraînement de Tennis Canada. Et aussi parce que, coïncidence, il existe un autre talentueux manieur de raquette du nom de Stefan Simeunovic à… TORONTO (banlieue d’Oakville).

« Nous sommes très fiers de notre héritage de tennis, ici dans la région de Niagara. Le capitaine de l’équipe canadienne de la Coupe Davis, Frank Dancevic, vient de Niagara Falls, tout comme le regretté Bruno Agostinelli, un entraîneur de niveau national. Stefan perpétue cette tradition », de conclure Rosemary, en guise de message de solidarité à sa municipalité.

Courir des kilomètres… au tennis

Chemin marqué par un GPS sur un terrain de tennis
Capture d’écran : Strava

Non, je ne vous montre pas les premiers gribouillis de mon petit-fils (je n’ai pas de petit-fils).

Il s’agit plutôt d’une illustration de mes déplacements, sur un court de tennis, il y a quelques jours, au Stade IGA de Montréal.

J’ai souvent été intrigué par la dépense d’énergie pour une séance d’une heure. Et comme je n’ai pas de dispositif Hawk-Eye sous la main pour le vérifier, ni de montre de type Fitbit pour calculer mes pas, je me suis rabattu sur le GPS de la populaire application Strava qui me sert habituellement pour mes randonnées à vélo.

Résultat : Une distance parcourue de 2 410 mètres (2,4 km) pour une séance d’une heure divisée en 30 minutes d’échanges et 30 minutes à disputer quelques jeux décisifs.

Mais, comme le précise l’application, ma durée de déplacement n’était que de 20 minutes et 30 secondes sur une activité de 60 minutes. Et ça, ça ne surprendra personne, sachant qu’on est plus souvent statique qu’en mouvement, en termes de pourcentage de minutes. Mais en termes de dépense d’énergie et d’explosion, ce sport reste un formidable exercice cardio-vasculaire.

Même si la distance parcourue se limite à un carré plutôt restreint.

Chemain marqué par un GPS sur un terrain de tennis aux centre national de tennis à Montréal
Capture d’écran : Strava

Parlons des vrais, maintenant. Oui, les pros.

Il vous arrive sûrement de noter la statistique fournie par le système Hawk-Eye relativement à la distance parcourue par les vedettes de la WTA et de l’ATP. À l’automne 2020, le magazine Runner’s World publiait une étude conduite cinq ans plus tôt par IBM et le magazine Sports Illustrated aux Internationaux d’Australie.

Après les trois premiers tours, un « lapin » comme David Ferrer, avait totalisé 10 kilomètres. Après ses trois premiers matchs, par contre, Novak Djokovic n’en avait parcouru que 4,5 km. Le niveau de leurs adversaires et la durée de leurs duels respectifs pouvaient bien sûr expliquer une telle différence. Toujours est-il que n’importe quelle confrontation serrée viendra gonfler la facture (d’énergie) à la toute fin.

David Ferrer Chases a ball wide to his forehand on a hard court
Photo : Peter Staples/ATP World Tour

Plus près de nous, simples mortels, maintenant. En 2020, Fitbit publiait des données de ses utilisateurs indiquant qu’une heure de tennis, en simple, pouvait générer un peu plus de 10 000 pas, ce qui est l’équivalent d’une distance de six kilomètres. Et qu’une personne de 68 kg pouvait dépenser quelque 550 calories.

Il faut donc croire que ma méthode par GPS n’était pas la meilleure. Ou bien que je suis resté bêtement sur la ligne de fond à frapper des balles venant en ma direction…

Vous pouvez me joindre ici :

Courriel : privard@tenniscanada.com

Twitter : @paul6rivard

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