Photo : Journal de Montréal
Vous la connaissez depuis quelques années, maintenant.
Elle se trouve dans la loge de Félix Auger-Aliassime, une rangée au-dessus des entraîneurs, et rappelle qu’avant de voir des athlètes surdoués devenir des dieux du stade, ils ont été des enfants.
Des rejetons qui devaient être bien lancés dans le grand match de la vie. Et bien dirigés.
Marie Auger est une de ces mères, un de ces parents qui sont en grande partie responsables d’une telle réussite.
Particulièrement présente depuis quelques mois, elle était sur place en mars pour le tout premier titre ATP de son fils à Rotterdam, aux Pays-Bas, et elle a bien sûr été touchée par l’hommage que lui a rendu Félix dans le discours du vainqueur.
Et elle était sur place, à Paris, alors que Félix a atteint les huitièmes de finale de Roland-Garros – ses quatrièmes en autant de tournois du Grand Chelem. À 21 ans.
Cette touchante photo en haut de la page et les propos de Mme Auger ont été publiés dans le Journal de Montréal le 29 mai, le jour même où Félix affrontait son idole de jeunesse, Rafael Nadal, sur la surface de prédilection de cet immortel du tennis. J’ai été très touché par cet article et je voulais en faire profiter le plus d’amateurs possible.
Interviewée par la journaliste Jessica Lapinski, Marie Auger a livré des réponses aussi simples qu’intéressantes. Particulièrement quand est venu le temps de parler des choses qui la rendent la plus fière de lui.
« Moi, ça me fait encore plus plaisir quand on me dit que Félix est une bonne personne, qu’il est intelligent, parce que moi, comme parent, je n’ai pas élevé un joueur de tennis. J’ai accompagné un enfant pour qu’il soit un adulte bien dans sa peau. »
Objectif principal atteint !
Non seulement Félix est-il neuvième meilleur joueur du tennis professionnel, mais il est également très apprécié dans le milieu. D’un calme et d’une droiture exemplaire, ce gentilhomme en espadrilles avait d’ailleurs été nommé personnalité sportive masculine des Internationaux des États-Unis (sa vis-à-vis étant Ashleigh Barty). Et ça, c’est manifestement ce qui fait le plus plaisir à ses parents.
« Ç’a toujours été un projet de famille, avec son père, même si nous sommes divorcés. Et je le regarde… et c’est vrai qu’il est comme ça. Mais comme parent, tu ne peux pas t’attribuer tout le mérite. »
Peut-être, Mme Auger, mais avouez que Sam Aliassime et vous avez accompli un formidable boulot comme parents. Et le résultat arpente les courts de la planète en vous le prouvant chaque jour. VOUS avez beaucoup de mérite.
Qui plus est, elle doit avouer que la célébrité de son fils est une situation particulière à apprivoiser.
« Comme parent, on n’est jamais préparé à avoir un enfant qui a une vie publique, dit-elle. Quand j’arrive dans une ville et que je vois sa photo placardée sur les autobus, il y a quelque chose d’un peu surréel. »
Et cette maturité, elle ne date pas d’hier. Alors qu’il n’était âgé que de 10 ans et qu’il était souvent loin de chez lui, jamais il n’appelait à la maison pour dire qu’il s’ennuyait.
« Jamais, de dire Marie Auger, en souriant. Il a toujours été très fier d’être autonome. Encore aujourd’hui, c’est lui qui prend ses décisions pour sa carrière. Bien sûr, il consulte son agent, ses entraîneurs, ses parents. Mais il est très avisé dans ses choix. »
Pour lire les autres commentaires de Marie Auger sur certains aspects de l’existence de son fils, c’est ici.
Félix Auger-Aliassime nous rappelle que de belles histoires familiales sont possibles au tennis.
Et elles sont nombreuses.
Trop souvent, les histoires de harcèlement, de domination psychologique ou de fraude ont été fortement médiatisées. Mais la vie que nous présente Félix nous montre les plus beaux côtés de ce que des parents ont fait de bien pour leur enfant vedette.
Bien avant qu’il n’en soit une… vedette.
Applaudissons.
« Clay-lah » ?
Leylah Annie Fernandez a traversé avec succès la première semaine de Roland-Garros. Recréant l’engouement du public et des médias concernant son style fougueux, ça n’a pas pris trop de temps pour lui trouver un surnom à la suite de ses quatre premiers tours couronnés de succès.
« Clay-lah » Fernandez.
Les jeux de mots sont toujours payants quand vient le temps d’un surnom.
On pense à « Djoker » pour Novak Djokovic ou « FedEx » et « Fed Express » pour Roger Federer. « Ice Borg » décrivait parfaitement le taciturne et concentré Bjorn Borg. Les puissants cogneurs qu’étaient Pete Sampras et Boris Becker étaient bien servis par « Pistol Pete » et « Boom Boom ». Et que dire de « Fraulein Forehand » pour décrire Steffi Graf ?
Celui de Fernandez se joint à la catégorie des surnoms originaux, même s’il sera limité à seulement huit ou neuf semaines dans l’année.
« Je trouve ça plutôt étonnant qu’on soit arrivé avec ce surnom, “Clay-lah”. Parce que je n’ai aucune créativité pour ce type de chose. Je n’aurais pu songer à un tel surnom », de dire Fernandez, amusée.
Elle a toutefois révélé qu’un autre surnom est utilisé par sa famille : « Chez moi, on m’appelle “Leylannie”, en utilisant mes deux prénoms (Leylah Annie), ce que j’ai toujours aimé. Je sais que je me suis bien comporté lorsque mes parents m’appellent “Leylannie” », conclut-elle.
Cette présence dans la deuxième semaine d’un tournoi du Grand Chelem est une forme de soulagement pour les supporters de Fernandez.
Après avoir défendu son titre de Monterrey avec succès, c’est un dossier de 4-5 qu’elle apportait dans ses valises en débarquant à Paris. Certainement en deçà des attentes pour cette finaliste des Internationaux des États-Unis.
Sur terre battue, en trois tournois, c’était un bilan de deux victoires et trois défaites.
Et pourtant…
La Québécoise était loin d’avoir dit son dernier mot. Et à l’instar de son titre junior en 2019 à Roland-Garros, voilà qu’elle a réussi à connaître le succès sur cette surface particulière qu’est la terre battue.
Et dans son immense sanctuaire, de surcroit.
De héros à zéro
Boris en faillite.
Boris en cour.
Boris en prison.
Boris en déportation
Oui, le célèbre Boris Becker, emprisonné au début du mois de mai pour avoir dissimulé deux millions et demi de livres (plus de quatre millions canadiens) pour éviter de payer ses dettes, vient d’être transféré dans une institution carcérale réservée aux prisonniers étrangers. On s’attend à ce qu’il soit déporté vers son pays, l’Allemagne, au début de l’année prochaine.
En 37 ans, Becker est passé d’adolescent prodige à superstar puis à vedette déchue avant d’atteindre le fond du baril : la prison pour une durée de deux ans et demi.
C’est beaucoup de péripéties pour une moitié de vie. Mais c’est ce qui guette souvent des gens qui ne sont pas préparés pour une vie de célébrité, de possibilités, de fortune.
Ou qui sont mal entourés.
Ou qui sont simplement imbéciles.
Ou qui sont tout ça en même temps.
Boris Becker reste le plus jeune gagnant de Wimbledon (17 ans) et il semble qu’il conservera cette place d’honneur dans l’histoire. Ses faits d’armes, dont six titres de tournois du Grand Chelem, sont éloquents.
Il a mis son sens du tennis à contribution en devenant l’entraîneur de Novak Djokovic pendant trois ans, l’aidant à remporter six épreuves du Grand Chelem et 14 tournois du Circuit Masters 1000.
Sans oublier des occupations directement liées à sa renommée. Il a été tour à tour propriétaire de la division tennis de Volkl, une entreprise allemande, puis commentateur à la BBC et à FoxSports Australia en plus d’être nommé à la tête de la Fédération de tennis d’Allemagne.
Mais Boris voulait toujours plus et son goût du risque s’est catalysé dans une carrière parallèle de joueur de poker qui lui a rapporté 90 000 euros entre 2007 et 2013.
On peut d’ailleurs compter le jeu (et ses dettes) ou encore la fraude associée aux paris sportifs et les matchs truqués comme des causes de déchéance chez nombre d’athlètes du tennis, mais on n’y a jamais vu des noms célèbres y être associés.
Au niveau du dopage, toutefois, plusieurs vedettes du tennis ont été reconnues coupables à différents degrés. Citons les Andre Agassi, Martina Hingis, Richard Gasquet, Marin Cilic, Barbora Strykova, Viktor Troiki, Dan Evans et… Maria Sharapova.
Et deux fois plutôt qu’une pour la grande Russe qui a également vu son nom associé à une poursuite, en mars dernier, lorsqu’on a déposé une réclamation de plus de 100 000 $ contre elle et, curieusement, Michael Schumacher. Il s’agissait une affaire de fausse publicité relative à un complexe d’habitation à Gurugram, une banlieue de la capitale indienne, Delhi, au milieu des années 2010.
Il était pénible d’apprendre l’histoire d’Arantxa Sanchez-Vicario alors que les quelque 60 millions de dollars engrangés pendant sa superbe carrière s’étaient envolés. Ses parents, gérant ses avoirs, auraient tout dilapidé, entraînant une séparation définitive de l’ex-joueuse avec le reste de sa famille.
Ailleurs dans le sport, les exemples rempliraient plusieurs écrans de votre ordinateur ou de votre téléphone. Voici quelques exemples de cette triste liste.
Le dopage aura eu raison des carrières (et réputations) de médaillés olympiques tels les coureurs Ben Johnson et Marion Jones, le nageur Ryan Lochte ainsi que les cyclistes Lance Armstrong et Floyd Landis, champions du Tour de France
Au football américain, le quart-arrière Michael Vick pariait sur l’issue de combats de chiens, une activité illégale, et ce formidable potentiel n’aura jamais pu être justifié. Quant au demi à l’attaque Ray Rice, c’était pour un cas de violence conjugale qu’il a été mis au ban de la NFL.
Et le multiple champion paralympique de la course, le Sud-Africain Oscar Pistorius, il purge une sentence de prison de 13 ans pour le meurtre de sa conjointe.
On dit que c’est difficile d’atteindre le sommet. Et que c’est encore plus difficile d’y rester.
Malheureusement, ça semble si facile pour certaines personnes de dégringoler au bas de leur piédestal quand l’insouciance, la cupidité ou le manque de jugement vient court-circuiter le travail de toute une vie.
Séparés à la naissance (3)
Concluons sur une note plus légère avec une autre édition de la série « Séparés à la Naissance », chez ces vedettes du tennis qui ressemblent à s’y méprendre à des personnalités d’autres domaines.
Difficile de trouver une similitude plus frappante que celle qui unit le tennisman russe Karen Khachanov et l’acteur Liam Hemsworth (frère cadet du — plus — célèbre Chris « Thor » Hemsworth).
Heureusement qu’ici, l’athlète porte chandail et poignets et que son « frère jumeau » arbore le chic smoking, afin de les différencier plus facilement.
Vraiment, une ressemblance aussi frappante qu’un coup droit de Karen !
Courriel : privard@tenniscanada.com
Twitter : @paul6rivard
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