August 12, 2022 Mathieu Belanger/Tennis Canada Felix Auger-Aliassime

Ça lui a pris du temps à remporter un premier titre, mais là, il ne peut plus s’en passer. 

Après avoir échoué dans ses huit premières finales ATP, voilà que Félix Auger-Aliassime a remporté trois trophées sur une possibilité de quatre en 2022. Et deux en huit jours, de surcroît.  

Oui, vraiment, il y prend goût.

Photo : ATP Tour

Le potentiel de FAA n’a jamais fait de doute. Il a atteint le Top 10 plutôt rapidement, mais semblait bloqué vers l’étape suivante, le Top 5 ou le Top 3. Il lui manquait jusque-là une chose… ou plutôt deux.  

  1. La puissance, d’abord. Formidablement doté, physiquement parlant, il devait tout de même prendre de l’âge et du coffre en plus de développer une bonne technique pour maximiser ses atouts naturels. 
  2. Et, SURTOUT, la confiance. On ne saurait jamais trop insister sur cet aspect dans le sport professionnel, où tous ces athlètes sont potentiellement des membres de l’élite, mais où l’aspect mental vient faire une énorme différence. 

Parlons d’abord de cette puissance qui se matérialise inévitablement par son service. Puissance doublée de précision. 

Mine de rien, Félix s’est réveillé le matin du 24 octobre au deuxième rang des serveurs de l’ATP dans la colonne des as.

Source : ATP Tour 

Avec plus de 70 matchs derrière le chandail — deuxième de l’ATP après Stefanos Tsitsipas —, Félix a le mérite d’afficher de la constance tout en étant épargné par les blessures. Il n’a certes pas une moyenne aussi spectaculaire qu’Isner ou Kyrgios à chaque match, mais une moyenne de 11 as par rencontre, c’est assez pour le placer dans les 10 meilleurs de l’ATP. 

À 22 ans et deux mois, le Québécois compte maintenant 12 finales à son actif. Trois en 2019 et en 2020, deux en 2021 et quatre cette année. 

À noter, également, que c’est la quatrième fois qu’il se rend en finale lors de deux tournois consécutifs. Des succès par séquences qui ont fini par payer.

Montages : ATP Tour

À ces deux derniers tournois en salle, FAA a totalisé 88 as en… 88 jeux au service. La moyenne par jeu, vous la calculez aisément. 

Les chiffres concernant sa première balle sont tout aussi impressionnants. 

En huit matchs, à Florence et à Anvers, il a présenté une moyenne de 67,6 % sur sa première balle. Et, signe de l’efficacité de ce service, il a remporté le point dans 82,1 % des cas. Pour ce qui est de sa deuxième balle, le pourcentage de réussite était de 58 % pour ces deux tournois. 

Mieux, encore. Au cours de ces huit affrontements, il n’a accordé que des miettes à ses rivaux, soit 16 balles de bris en 88 jeux au service. Il n’aura été brisé que 5 fois.

Photo : ATP Tour

Que dire de plus sinon qu’il est puissant, précis et constant dans cet aspect de jeu primordial ? Et si la liste des joueurs qu’il a vaincus se situe hors du Top 20 mondial (entre 26e et 148e), l’aspect positif des victoires est indéniable. Car il faut d’abord gagner tous les matchs à notre portée avant d’espérer battre nos égaux ou, mieux, les membres, l’élite de la planète. 

Aux épithètes « puissant » et « confiant », j’aimerais ajouter « perfectionniste ».  

Une courte séquence, vers la fin de sa finale d’Anvers, l’illustre parfaitement. Sur ces images, le Montréalais n’a pas l’air très heureux. Et pourtant…

Images : TennisTV 

Auger-Aliassime venait alors de confirmer son bris dans la deuxième manche et il menait 4-2… un bris qui allait lui permettre de filer vers la victoire sans encombre. 

Mais il ne semblait pas entièrement satisfait de la qualité de son service (vous avez bien lu). L’air soucieux, mais protecteur et réconfortant à la fois, son entraîneur Frédéric Fontang voulait probablement lui dire de ne pas s’en faire et de rester concentré sur le reste de son jeu.  

Un jeu plus que satisfaisant, avouez-le 

Avant de conclure, permettez-moi de vous parler des amortis. De SES amortis.

Photo : News-24.fr

Avare de cette stratégie, dans l’ensemble de sa carrière — et de l’année 2022 en particulier — Félix a intégré l’amorti à son jeu de façon systématique. Avec des résultats payants ! 

Lors de ses deux derniers matchs à Anvers, il a gagné plusieurs points aux dépens de Richard Gasquet et de Sebastian Korda. Si le vétéran français n’a pas l’athlétisme explosif de plusieurs jeunes loups de l’ATP, on ne peut dire la même chose du jeune Américain de 21 ans qui, pourtant, n’avait aucune solution face à la perfection de ce coup si décourageant. 

Car, précisons-le à nouveau, l’amorti n’est pas une banalité visant à terminer l’échange rapidement. Pour ces professionnel(le)s, c’est un coup d’attaque. Non seulement il peut aboutir à un point immédiat. Mais sinon, il contribue à éreinter le rival(e) et à se donner un avantage au fur et à mesure de l’évolution du match. 

Félix a encore du pain sur la planche avec ces deux tournois en salle au calendrier (Bâle, pour un ATP 500, et Paris pour un Masters 1000), s’il veut obtenir son billet d’avion pour Turin. 

Mais s’il n’y parvenait pas, il pourrait tout de même parler de 2022 comme d’une mission accomplie. 

Je vous invite à parcourir cet article de fond, mis à jour par le magazine MacLean’s, le 24 octobre dernier.

The rise of Félix Auger-Aliassime – Macleans.ca 

On ne se lasse pas de découvrir des histoires et anecdotes concernant la montée en puissance d’Auger-Aliassime. 

Finales de la WTA : jeunesse et expérience

Le portrait des Finales de la WTA s’est dessiné plus rapidement que du côté de l’ATP. 

À la suite du tournoi de Guadalajara, on a établi le contingent final des huit participantes en vue du tournoi qui débutera le 31 octobre, à Fort Worth, au Texas. La compétition offrira un intéressant mélange de jeunesse et d’expérience, de talent brut et de persévérance exemplaire. 

Cette jeunesse s’articule bien sûr autour de la numéro un mondiale, la Polonaise Iga Swiatek, 21 ans. Mais aussi, surtout, avec la présence de l’Américaine Coco Gauff, 18 ans.  

À l’autre bout du spectre, comment ne pas admirer la Tunisienne Ons Jabeur et l’Américaine Jessica Pegula qui, à 28 ans, occupent les deuxième et troisième échelons dans ces athlètes qualifiées pour le grand spectacle de fin de saison ? L’air de dire : « Tout vient à point à qui sait attendre ! » 

C’est ce qui fait la beauté du sport.

Source : WTA 

Pour une Gauff, identifiée dès 14 ou 15 ans comme une joueuse prodigieuse et une aspirante aux premiers rangs du classement, il y a ces athlètes qui ont gravi lentement, patiemment ces échelons.  

Patience, résilience et confiance étaient leurs mots-clés. 

En 2013, alors qu’elle était âgée de 19 ans, Jessica Pegula atteignait le 123e rang mondial avant de régresser. Il lui a fallu cinq ans pour revenir au même point, en 2018. Et quatre autres années pour percer le Top 10. 

Jabeur, en 2013 également et au même âge que Pegula, atteignait le 139e rang. Après avoir accédé au Top 100 en 2018, elle a mis trois autres années avant d’atteindre le Top 20 et, quelques mois plus tard, le Top 10. 

Et ce sont ces joueuses qui lutteront contre Swiatek et Gauff, en compagnie des Sakkari, Garcia, Sabalenka et Kasatkina pour ce tournoi relevé. 

J’aimerais ajouter que la phénoménale Coco s’y trouvera également pour le volet du double qu’elle disputera en compagnie de… Jessica Pegula. 

Grosse semaine en perspective pour ces deux joueuses après une grosse année.

Photo : Peter Power / Tennis Canada 

En double, elles ont accumulé cinq finales, triomphant à trois reprises, dont ici, à l’Omnium Banque Nationale de Toronto, en août. En simple, Pegula a remporté un titre sur les deux finales disputées tandis que sa jeune compatriote n’a qu’une finale au cours de l’année, mais c’en était toute une, celle des Internationaux de France, à Roland-Garros, perdue aux mains de Swiatek. 

L’année de Gaby 

Photo : Tennis Canada 

Puisqu’il est question des Finales de la WTA et du tableau du double, impossible de ne pas glisser un mot ou deux sur notre fierté nationale, Gabriela Dabrowski, dont le duo formé avec la Mexicaine Giuliana Olmos s’est classé au deuxième rang dans la Course.  

En 2022, Dabrowski a remporté trois titres : deux avec Olmos et un avec la Brésilienne Luisa Stefani, sa partenaire de l’année précédente. De plus, elle a disputé trois quarts de finale, quatre demi-finales et quatre finales (la cinquième était avec Stefani) avec Olmos. 

Ces exploits ont permis à la Canadienne de grimper au sixième rang mondial de la spécialité. 

Comment ne pas lui souhaiter un titre aux Finales de Fort Worth ? 

Montée aux barricades pour Halep

Photo : rtbf.be 

Il y a d’importantes communautés roumaines à Montréal et à Toronto. 

Comme dans d’innombrables villes de la planète, si on en juge par tous ces drapeaux bleu, jaune et rouge flottant dans les airs chaque fois que Simona Halep y disputait un match. 

J’ai longtemps côtoyé le jovial Sergiu Turcanu, un collègue caméraman affecté aux nombreuses télédiffusions de l’Omnium Banque Nationale et qui a tenté de me faire prononcer correctement Multumesc (merci) dans sa langue. Tout comme je croise souvent cette sympathique entraîneuse roumaine d’origine, Mira Teodorescu, dans les couloirs du Centre national montréalais, après qu’elle ait préparé notre relève nationale et internationale. 

Des gens qui vouent un véritable culte à leur idole du tennis.

Photo : La Presse 

Vous devinez à quel point ils sont catastrophés à la suite de cette nouvelle tombée comme une véritable bombe le 21 octobre. 

Halep, coupable de dopage ? 

Simona ??? 

Non !!! 

Ainsi, l’Agence de l’intégrité du tennis a suspendu Halep provisoirement en raison d’un contrôle positif à une substance interdite (Roxadustat) dans le cadre des Internationaux des États-Unis. Le Roxadustat est une substance qui favorise la production endogène d’érythropoïétine (EPO).

Photo : Justin Lane / Keystone 

La Roumaine de 31 ans, actuellement 10e à la WTA, a bien sûr vivement clamé son innocence par le biais d’un message sur les réseaux sociaux. 

« Durant toute ma carrière, jamais l’idée même de tricher ne m’a traversé l’esprit, car c’est totalement à l’encontre des valeurs qui m’ont été transmises. Face à une situation aussi injuste, je me sens perdue et trahie. Je me battrai jusqu’au bout pour prouver que je n’ai jamais pris de substance interdite en toute connaissance de cause. […] Ce n’est pas une question de titres ou d’argent. C’est une question d’honneur et de l’histoire d’amour que j’ai développé avec le tennis depuis vingt-cinq ans. » 

Elle a reçu l’appui immédiat de Patrick Mouratoglou, qui était son entraîneur depuis avril dernier, ainsi que d’Alizé Cornet et de l’Association des joueurs de tennis professionnels (PTPA) de Novak Djokovic.  

Sans oublier celui qui l’a côtoyé pendant des années, l’accompagnant dans sa montée vers le premier rang mondial, l’Australien Darren Cahill. 

« Il n’y a aucune chance que Simona ait pris en connaissance de cause ou volontairement une substance de la liste interdite. Aucune. Zéro », a déclaré Cahill sur Instagram. 

Et Cahill d’ajouter : « Elle a toujours été extrêmement attentive à tout ce que pouvait lui prescrire un médecin (ce qui était rare) et à tout complément qu’elle prenait ou envisageait de prendre. Simona n’a cessé de nous répéter de vérifier deux fois, trois fois pour nous assurer que tout était légal, sûr et permis. Si vous n’êtes pas sûr, je n’en prends pas », rapportant les propos de sa protégée dont il juge l’intégrité sans faille. 

Il faudra attendre des semaines ou des mois avant d’avoir le fin mot de cette histoire. 

En attendant, je préfère m’en remettre à cette règle de la présomption d’innocence, car une personne accusée est innocente jusqu’à preuve du contraire.


Courriel : privard@tenniscanada.com 

Twitter : @paul6rivard 

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