Photo montage including Leylah, Felix, Denis and Bianca

Les derniers jours de l’année s’égrènent lentement dans le sablier du tennis mondial.

Tous les tournois de moyenne et de haute importance sont maintenant complétés et les athlètes jouissent de vacances bien méritées avant que ne reprennent les entraînements, puis les tournois, fin décembre ou début janvier.

Depuis quelques années, la montée en puissance de nos jeunes, tant à la WTA qu’à l’ATP, nous permet sans le moindre doute de parler de l’âge d’or du tennis canadien.

Avant la remise à niveau post-pandémique du classement de Bianca Andreescu, cet automne, elle et sa dauphine Leylah Annie Fernandez se côtoyaient dans le Top 30 de la WTA. Andreescu, qui a déjà atteint le 4e échelon mondial (oct. 2019), devrait pouvoir réintégrer le Top 10 si santé et régularité se retrouvent enveloppées sous son arbre de Noël en vue de la prochaine année. Quant à la possibilité de voir Fernandez y accéder, elle est forcément bien présente.

Photo : camerawork usa

Chez les hommes, ce sont deux de nos jeunes fleurons qui se trouvent dans le Top 15 de l’ATP. Félix Auger-Aliassime (11e) et Denis Shapovalov (14e) ont tout ce qu’il faut pour espérer même une accession double dans le Top 10 de l’ATP si le premier maintient sa lente et inexorable montée vers l’élite mondiale et si le second peut retrouver la régularité pour soutenir son invraisemblable talent brut et son bagout caractéristique.

Imaginons un instant que les Fernandez et Andreescu, à la Coupe BJK, ainsi que les Auger-Aliassime et Shapovalov, à la Coupe Davis, aient fait partie des formations de l’unifolié cette année. Comment ne pas penser qu’ils aient pu donner une chance à notre pays de soulever un des deux trophées. Sinon les deux.

Après tout, nos deux purs sangs étaient passés bien près en 2019.

Croisons nos doigts.

L’âge d’or des autres pays

C’est en voyant les deux petits drapeaux canadiens se profiler dans les niveaux supérieurs du classement masculin que j’ai pensé à cette période dorée que notre pays vivait actuellement.

Mais également à ce que vivaient d’autres nations qui, comme nous, n’étaient pas habituées à vivre de telles phases de succès.

Il faut le dire, l’accession d’un Canadien au Top 10 fut un événement isolé de son histoire. Quand Milos Raonic, le précurseur, a atteint le troisième échelon à la fin de l’année 2016, c’était un exploit. De là à espérer en voir non pas un, mais deux autres mettre le pied dans ce groupe sélect, respectivement quatre et cinq ans plus tard, ça relevait plus du rêve que de la certitude. Et pourtant, ça s’est produit avec Shapovalov, 10e mondial le 20 septembre 2020, puis avec Auger-Aliassime, le 14 novembre dernier.

Ainsi, toujours en voyant nos jeunes loups en haut de l’affiche de l’ATP, j’ai constaté que s’y trouvaient des drapeaux qui, comme le nôtre, n’étaient certes pas habitués à grimper dans les hauteurs. Surtout pas en duo.

Je pense à cette fin d’année qui voit deux Russes tout près du sommet. Daniil Medvedev (2e) et Andrey Rublev (5e) viennent d’ailleurs de conclure l’année avec « la cerise sur le sundae » en enlevant la Coupe Davis, la troisième dans l’histoire du pays.

Et n’oublions pas qu’un troisième Russe s’est faufilé dans le Top 20. La surprenante apparition d’Aslan Karatsev et ses succès tant en simple qu’en double ont fait de ce pays une puissance du tennis mondial actuel.

L’Italie est un autre pays émergent. Alors que le vétéran mousquetaire Fabio Fognini s’escrimait seul dans la partie supérieure du classement (il a atteint le 9e rang mondial à l’été 2019), voilà que la jeune cavalerie est arrivée à la rescousse. Et deux fois plutôt qu’une.

Maintenant, le vert, le blanc et le rouge de l’étendard se profilent aux 7e (Matteo Berrettini) et au 10e rang (Jannik Sinner).

Un mot sur les Américains, en terminant. Elle est loin l’époque des Connors et McEnroe qui s’échangeaient le premier rang mondial entre 1979 et 1984, ou encore d’une période où Jim Courier, Pete Sampras, Andre Agassi et Michael Chang portaient fièrement les couleurs américaines dans le Top 10 et remportaient des tournois du Grand Chelem.

Mais il faut espérer pour cette nation jadis flamboyante sur les courts que cette traversée du désert touche à sa fin.

Si Frances Tiafoe (38e/23 ans) justifie les espoirs mis en lui et que d’autres joueurs approchant la mi-vingtaine continuent leur progression, sans oublier la relève pointant à l’horizon, il se pourrait que deux ou trois d’entre eux intègrent le Top 20, sinon le Top 10.

On pense aux Fritz (23e/24 ans), Opelka (26e/24 ans), Korda (41e/21 ans), Tommy Paul (43e/24 ans), Mackenzie McDonald (55e/26 ans), Jenson Brooksby (56e/21 ans) et Brandon Nakashima (68e/20 ans).

Fait intéressant, les États-Unis comptent 12 joueurs dans le Top 100, plus que tout autre pays. Suivent les Espagnols (10), les Français (9) et les Italiens (8). Mais, de tous ces pays, c’est chez nos voisins du sud que la moyenne d’âge de tous ces joueurs est la moins élevée.

Plus jeunes et, logiquement, plus susceptibles de grimper.

On imagine les frères John et Patrick McEnroe qui salivent à l’idée de revoir des Américains se rapprocher du Top 10. Les brillants commentateurs à la télé participent également aux efforts pour dénicher chaque perle rare potentielle en ouvrant l’accès aux courts de tennis aux moins favorisés de la société par le biais de leur école de tennis à Randall’s Island, près de l’île de Manhattan, à New York. « Je m’inquiète toujours du fait que les plus grands joueurs de l’histoire du tennis, femmes ou hommes, pourraient ne jamais être révélés au grand jour parce qu’ils n’auraient jamais eu la chance d’avoir accès à une raquette, des balles et un terrain », de souligner « Bic Mac » dans ce même article du Washington Post.

Du côté de la WTA, c’est plutôt un scénario inverse puisque cinq joueuses américaines se situent dans le Top 25.

Un survol de cette liste ressemble à une assemblée générale des Nations Unies, tant l’alignement de différents drapeaux se traduit par la parité.

Hormis ces cinq Américaines, sur les 20 autres places, on retrouve 17 drapeaux différents ! En effet, mis à part la République tchèque (3) et l’Espagne (2), il n’y a qu’une seule représentante des 17 autres pays, dont le Canada, avec Fernandez pointant au 24e échelon.

Dans le Top 100, les Américaines font encore mieux que leurs équivalents masculins, avec 16 représentantes. La République tchèque maintient sa « production » régulière de talents avec huit joueuses tout comme la Russie. La France et la Roumanie suivent avec cinq chacune.

Le tennis féminin américain serait-il donc sur le point de vivre son âge d’or ? Et ce au moment où celles qui ont tenu le drapeau aux 50 étoiles bien haut pendant 20 ans, les sœurs Venus et Serena Williams, sont au crépuscule de leur carrière ?

Et cette période glorieuse pourrait bien être guidée par la plus jeune du groupe, Cori « Coco » Gauff qui n’a que 17 ans, mais qui est aussi la plus prometteuse. La force du nombre devrait être suffisante pour en pousser une ou deux dans le Top 10. Car ce contingent des États-Unis, si fourni soit-il, démontre une moyenne d’âge plutôt élevé.

Il faut tout de même noter que sur les 16 Américaines du Top 100, il n’y en a que cinq, de 23 ans ou moins. Sofia Kenin (12e/23 ans), Gauff (22e/17 ans), Ann Li (47e/21 ans), Amanda Anisimova (78e/20 ans) et Claire Liu (95e/21 ans).

Les deux Coupes à la Russie

Les Russes ont fait les choses en grand, cette année.

Même s’ils concouraient sous les initiales R.T.F. (Russian Tennis Federation), ça ne les a pas empêchés de réaliser une première en trois décennies.

Pour la première fois de leur histoire, ils ont remporté la Coupe Billie Jean King et la Coupe Davis, la même année.

Photo : daviscup.com

Daniil Medvedev et Andrey Rublev n’ont pas trainé, en grande finale, avec des victoires en deux manches, respectivement face à Marin Cilic et à Borna Gojo. Medvedev (2e mondial), qui n’a pas cédé une seule manche en cinq rencontres, s’est posé en leader incontesté et a coiffé une année exceptionnelle avec quatre titres, un deuxième rang mondial, une finale au championnat de l’ATP et, finalement, cet honneur collectif qui rejaillit sur tout le tennis russe.

Photo : daviscup.com

Et, comme leurs consœurs avaient mis la main sur la Coupe Billie Jean King, un mois plus tôt, en disposant de la Suisse en grande finale, la Russie aura balayé les deux compétitions par équipe en conclusion des saisons de tennis.

Tout un exploit, effectivement.

Photo : bjkcup.com

Le tennis russe vient donc d’entrer dans un groupe sélect en remportant ces deux trophées la même année, un doublé qui n’avait pas été réussi depuis 31 ans.

Les États-Unis ont réalisé l’exploit sept fois (1963, 1969, 1978, 1979, 1981, 1982 et 1990), suivis de l’Australie qui l’a fait à trois reprises (1964, 1965 et 1973). Enfin, la République tchèque avait obtenu ce double triomphe une seule fois, à l’automne 2012.

Courriel : privard@tenniscanada.com

Twitter : @paul6rivard

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