Voilà plus de deux ans que les deux fers de lance du tennis canadien ont accédé au Top 20 de l’ATP. Plus précisément 30 mois pour Denis Shapovalov et 26 (sauf une dizaine de semaines) pour Félix Auger-Aliassime. 

Si les deux compatriotes ont remporté un titre chacun, le Montréalais compte sept finales de plus (10) que son ami torontois (3). 

Sur le plan collectif, toutefois, nos deux « amigos » ont connu beaucoup de succès. La finale de la Coupe Davis de 2019 et le titre de la Coupe ATP de 2022 sont de superbes tableaux de chasse sur le mur récent de leur carrière respective. 

On sait donc comment ils jouent.  

Mais sait-on AVEC QUOI ils jouent ? 

Le site Web perfecttennis.com recense les outils de travail des joueurs de pointe de l’ATP. C’est là que j’y ai trouvé les détails de la raquette utilisée par Félix Auger-Aliassime.  

Notons que depuis aussi loin que les médias publient des articles sur le prometteur ado, c’est avec une Babolat qu’il apparaît sur les photos. Comme en fait foi ce cliché pris à Granby quand il avait 14 ans et qu’il surprenait des joueurs aguerris pour la première fois dans un tournoi Challenger. C’était en 2015. 

Photo : Sarah-Jade Champagne 

Félix joue toujours avec Babolat. Il utilise le modèle « Pure Aero VS », le même que pour deux autres prodiges du circuit, le Danois Holger Rune (72e) et, surtout, l’Espagnol Carlos Alcaraz (11e). 

Notez que les lettres VS ont leur importance, car les modèles « Pure Aero » et « Pure Aero VS » diffèrent au niveau de leur structure et de leur poids, la raquette utilisée par Félix offrant un meilleur contrôle. 

Photo : AP 

Quant au cordage, tendu pour une pression de 23 kg (51 lb), il s’agit du « Babolat RPM Rough », une version légèrement différente de celle utilisée par un autre célèbre porte-étendard de Babolat, Rafael Nadal, le « RPM Blast ». Auger-Aliassime en obtient plus de rotation et de contrôle, tout en ayant une durabilité accrue, toujours selon le site perfect-tennis.com. Vous trouverez les multiples détails dans l’abondant dossier, ici.

Photo : AFP 

Ce site n’a pas encore inscrit la raquette de Denis Shapovalov dans sa liste. Mais j’ai trouvé des informations équivalentes — quoique beaucoup moins nombreuses — sur celui de tennisnerd.net. Et comme ces infos datent de l’an dernier, on peut présumer qu’elles sont relativement fidèles à la réalité de Shapo, en ce printemps 2022. 

Le blond gaucher joue avec le modèle « VCORE 95 » de Yonex. Son cordage est le « Yonex Poly Tour Strike » et la pression se situe à 21 kg (46 lb). 

Photo : tennisnerd.net 

S’il frappait ses balles avec une Wilson chez les juniors, Denis a été recruté par Yonex en 2017, quand il a fait le saut chez les professionnels.  

Il est d’ailleurs devenu un des joueurs masculins les mieux classés de l’entreprise japonaise qui compte parmi ses noms les plus médiatisés Casper Ruud, Hubert Hurkacz, Francis Tiafoe, Nick Kyrgios et Stan Wawrinka. Chez les dames, on y retrouve les Naomi Osaka, Angelique Kerber, Belinda Bencic, Camila Giorgi et… Eugenie Bouchard.

Eugenie à R-G ?

Photo : Twitter 

Puisqu’il est question de Genie, elle serait sur le point d’effectuer un retour au jeu et aurait même confirmé sa présence en vue des qualifications des Internationaux de France, à Roland-Garros, dans la troisième semaine de mai. 

Bouchard aurait même repris contact avec son ancient entraîneur, son premier mentor, l’Américain Nick Saviano. 

Ces details ont été révélés par le site « Open Court », le 19 avril

En prime, un dossier sur l’opération à l’épaule subie par Bouchard, absente des courts depuis plus d’un an, ainsi que celles d’autres joueuses ayant eu à revenir d’une telle opération. 

Nouveau départ pour Leylah ? 

Photo : Presse Canadienne 

Leylah Annie Fernandez vient de recevoir une grosse dose de confiance après une période difficile ce printemps. Et elle en avait besoin. 

En balayant ses deux rivales lettones le week-end dernier, à Vancouver, Fernandez a aidé le Canada à obtenir sa place aux Finales de la Coupe BJK qui se dérouleront en novembre prochain. 

Le fait que ses adversaires Darja Semenistaja et Daniela Vismane étaient respectivement 389e et 267e au classement de la WTA ne doit pas diminuer l’importance de cette réalisation. Car la Canadienne de 19 ans, actuellement 21e, venait de mettre fin à une séquence de trois défaites. Tout en le faisant devant son public, elle a assumé le leadership qu’on attendait d’elle.  

Si on exclut ce titre de Monterrey, qu’elle a défendu avec succès, le reste de la saison 2022 de Fernandez se résumait par un dossier négatif : 5-8. Ce qui n’est assurément pas en phase avec son objectif de percer le Top 10 cette année. 

La période actuelle en est également une de multiples changements de surfaces pour la jeune femme. En moins de cinq semaines, Leylah sera passée de la surface dure de Miami, à la terre battue de Charleston, à la surface dure intérieure du Pacific Coliseum de Vancouver pour se diriger de nouveau vers la terre battue de Madrid.  

Bien installée sur l’ocre européenne pour les prochaines semaines, il faut espérer que la nouvelle capitaine du tennis canadien s’adaptera rapidement.  

Cela dit, ces deux victoires à Vancouver l’auront certainement ragaillardie. Car, c’est bien connu, la confiance vaut pour 75 % (sinon plus) des succès des athlètes professionnels. 

WTA : parité souhaitée ? 

Photo : WTA

Iga Swiatek a continué son travail de sape dans les semaines suivant son ascension au sommet du classement mondial. La question que l’on peut se poser, c’est si elle restera longtemps sur son trône. 

Rappelons que, forte de 17 victoires consécutives, dont le balayage du fameux « Sunshine Double » à Indian Wells et Miami, c’est pour son pays, la Pologne, qu’elle a inscrit ses deux autres victoires suivantes. Lors des éliminatoires de la Coupe Billie Jean King, les 15 et 16 avril dernier, Swiatek a propulsé son pays vers les finales de novembre prochain grâce à deux triomphes expéditifs face aux rivales de la Roumanie. 

La joueuse de 20 ans a battu coup sur coup la vétérane Mihaela Buzarnescu (123e) 6-1 et 6-0, en 56 min et Andreea Prisacariu (324e), 6-0 et 6-0, en 53 min. Même si ses rivales n’étaient manifestement pas de son calibre, Swiatek aura eu le mérite de rester concentrée et a quitté la compétition en passant moins de 70 minutes sur le terrain tout en ne cédant qu’un seul jeu au passage. 

Maintenant, que peut-on espérer de Swiatek ? Un règne d’un an, de deux ans ou même de trois ans et demi, comme l’ont déjà fait, sans interruption, les Graf et Williams ? 

Ou bien allons-nous assister à une valse-hésitation qui verra le diadème de la reine changer de tête sept fois, ou plus, comme ce fut le cas au cours des cinq dernières années ? 

Ou quelque chose entre les deux ? 

Ce dilemme a été bien illustré par une ancienne grande joueuse, Justine Henin à la veille de la finale du tournoi de Miami et qui a vu Swiatek être couronnée championne. Maintenant consultante pour Eurosport, la Belge s’est récemment exprimée sur l’arrivée d’une nouvelle reine.  

Photo : Facebook 

Henin, elle-même numéro un mondiale à trpos reprises (2003, 2006 et 2007) pendant un total de 117 semaines, est divisée d’une certaine façon. « Elle a quelque chose au niveau de sa personnalité, c’est une fille qui a beaucoup de fraîcheur. Donc, on espère qu’elle sera une belle numéro un mondiale. » 

Avant d’ajouter « Mais on a envie pour ce tennis féminin d’avoir plus de rivalités, plus de constance. En termes de popularité, je ne suis pas sûre que le grand public connaisse vraiment bien une Paula Badosa, par exemple. Des rivalités, des titres, c’est ce qu’on a envie de voir pour redonner du pep au tennis féminin. »  

Voilà bien un des plus grands débats du tennis, comme dans d’autres sports.  

On aime les dynasties dans les sports collectifs et ces athlètes ayant dominé les sports individuels de nombreuses années. Ou bien on n’aime pas… et on préfère voir la parité s’installer afin que les matchs continuent d’être caractérisés par l’inconnu et la surprise. 

Le tennis féminin est à la croisée des chemins depuis quatre ans, soit depuis la lente disparition de Serena Williams qui a régné presque sans partage sur la WTA entre 2013 et 2017. On pensait que Naomi Osaka, puis Ashleigh Barty avaient tour à tour pris le relais, et pour longtemps.  

Photo : Getty 

Mais non. 

L’ère de ces souveraines indélogeables est peut-être révolue.  

Voici, en terminant, la liste des quatre joueuses les plus dominantes des 50 dernières années, avec le total de semaines passées au premier rang ainsi que des séquences les plus longues. J’y ai ajouté Ashleigh Barty en guise de référence récente. 

TotalSéquence
Chris Evert260113 
Martina Navratilova332156 
Steffi Graf377186
Serena Williams319186
Ashleigh Barty12186

Cuillère… létale 

Les Kyrgios, Bublik et autres manieurs de cuillère (lire ici « services à la cuillère ») n’ont qu’à bien se tenir. Une nouvelle recrue vient de faire son apparition.  

Il s’agit d’Adrian Andreev, un Bulgare de 20 ans qui a remporté le titre du double junior des Internationaux des États-Unis, en 2018.  

Classé 416e à l’ATP, Andreev participait récemment au Challenger de Sarasota, en Floride, quand il a mystifié Tun-Ling Wu avec ce service sans avertissement, lors de leur affrontement du deuxième tour. Car Andreev n’avait même pas fait rebondir la balle, signe du début d’une routine au service. C’était juste à la limite de l’acceptable, disait l’arbitre de chaise qui a refusé d’entendre la plainte de Wu. Le Taïwanais, lui, alléguait qu’il n’était pas prêt.  

Jugez par vous-même. 

Seul sur Mars 

Image : TennisTV 

Cette image, comme le titre pourrait vous le faire croire, n’est pas un survol de la surface ensoleillée de la planète Mars par le petit hélicoptère « Ingenuity ». 

C’est, en fait, un gros plan du chandail d’Alejandro Davidovich Fokina, le 13 avril, après un des multiples plongeons effectués dans le cadre de sa victoire face au numéro un mondial, Novak Djokovic. 

Images : TennisTV 

Le jeune Espagnol, alors 46e mondial, s’est distingué par sa combativité lors de cette première victoire aux dépens du Serbe. Multipliant les plongeons désespérés pour atteindre des balles impossibles, son chandail humide accumulait ainsi les couches de terre ocre qui maculaient son dos. 

D’ailleurs, on peut se demander s’il n’accentuait pas le niveau de difficulté en traînant ainsi la moitié du court sur son vêtement… 

Image : TennisTV 

Qui plus est, ADF a réussi l’exploit de briser Djokovic NEUF fois, ce qui n’était jamais arrivé dans la carrière du Djoker dans un match disputé au meilleur de trois manches.

Et Davidovich Fokina ne s’est pas arrêté après ce fait d’armes. Il a enchaîné des victoires aux dépens de David Goffin (47e), Taylor Fritz (13e) et Grigor Dimitrov (29e) pour atteindre sa première finale du Circuit Masters 1000. 

Photo : ATPTour.com 

Sa semaine de rêve dans la Principauté de Monaco lui aura permis de passer de la 46e à la 27e place mondiale, un bond de 19 rangs. 

Performance extra-terrestre s’il en est une ! Voilà qui permettrait de lui suggérer le surnom de « Martien ». Et comme la saison de terre battue ne fait que commencer, il ne tardera pas à rougir de nouveau. 

D’ailleurs, un compte Twitter, @DidFokiFall, est entièrement dédié aux chutes de « Foki » et permet de garder le compte avec chacun de ses trébuchements et plongeons.  

Cela dit, ces plongeons spectaculaires ne datent pas d’hier. Comme en font foi les extraits qu’un internaute a publiés sur internet. On semble y dénoter une certaine tendance. Sinon, une tendance certaine… 

Séparés à la naissance (3) 

Depuis quelques semaines, Alejandro Davidovich Fokina a adopté un style capillaire aussi élaboré que particulier. Je ne sais pas pour vous, mais je trouve personnellement que le blond tennisman ressemble à un guerrier viking. 

Et il appert qu’un autre athlète, du baseball celui-là, affichait également un petit look viking il y a quelques années. Donc, ADF me fait penser à Josh Donaldson, du temps des Blue Jays de Toronto, quand il avait également un rôle dans la série « Vikings ». C’était en 2017. 


Courriel : privard@tenniscanada.com 

Twitter : @paul6rivard 

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