Leylah fist pumps after a win

Jill Hetherington, Helen Kelesi, Aleksandra Wozniak, Eugenie Bouchard, Bianca Andreescu, Leylah Annie Fernandez…

Tour à tour, ces jeunes Canadiennes ont justifié les espoirs mis en elles par les entraîneurs responsables de leur développement et ont amorcé leur carrière dans les prestigieuses compétitions par équipe.

Photo : Tennis Canada

Connus sous les noms de Coupe de la Fédération, Fed Cup puis, depuis l’an dernier de Coupe Billie Jean King (BJK), ces tournois entre nations demeurent pour plusieurs d’entre elles des expériences inoubliables. Dans un sport individuel, la sensation de gagner pour son équipe et, de façon plus noble, pour son pays et ses compatriotes, est, pour beaucoup, la quintessence d’une réussite de carrière.

Je ne résumerai pas à nouveau les réalisations de Fernandez et cette sortie fructueuse des nôtres le week-end dernier, en Serbie. Tom Tebbutt l’a parfaitement détaillé dans son compte-rendu, ici.

Mais c’est toujours réconfortant de constater que, régulièrement, une nouvelle venue réussit à s’intégrer puis à s’imposer dans ce type de compétition, malgré la grande pression. Au cours des quatre dernières décennies, certaines des joueuses mentionnées ci-dessus ont connu, parallèlement, de belles carrières en simple au sein de la WTA et leur contribution vers la poursuite d’une place plus élevée pour le Canada sur la scène mondiale n’en a été que plus importante.

Photo : Tennis Canada

Et Leylah Annie n’est que la dernière en lice dans ce beau palmarès. Peut-être qu’elle et Bianca, pour ne nommer que les deux plus jeunes fleurons du tennis canadien, aideront le Canada à se tailler une place pour les Finales de la Coupe BJK et d’y participer au cours des prochaines années.

C’est prometteur.

À la recherche de l’enfant prodige

Il fut une époque où les adolescentes faisaient beaucoup parler d’elles au tennis professionnel. Et ici, je ne parle pas de joueuses de 19 ou 18 ans. Mais bien d’athlètes à peine sorties de l’enfance et qui venaient jouer dans la cour des grandes à 16, 15 et même 14 ans.

Cette période semblait révolue, mais voilà que pointent à l’horizon deux sœurs tchèques qui font écarquiller bien des paires d’yeux. Linda Fruhvirtova, 15 ans et 11 mois, et sa cadette, Brenda, qui vient d’avoir 14 ans !

Photo : Volvo Car Open

Il est certes un peu tôt pour leur coller une étiquette d’enfants prodiges, mais bien des experts sont suffisamment impressionnés pour nous permettre d’en parler ici.

Voilà qui nous rappelle certains reportages, au milieu des années 1990, quand les exploits de deux jeunes Américaines, Venus et Serena Williams, parvenaient à nos ordinateurs par mots et par vidéos. Celles qui allaient devenir le duo de sœurs le plus précoce de l’univers du tennis ont fait leurs débuts professionnels à 14 ans.   

La suite, c’est de l’histoire.

Et même si on a identifié maintes fois de talentueuses joueuses en bas âge, peu de sœurs ont suscité autant d’attentes que les Williams (si ce ne sont, peut-être, les jumelles Karolina et Krystina Pliskova.

Revenons aux deux frangines Fruhvirtova. D’abord, l’aînée, qui aura 16 ans le 1er mai.

Linda est actuellement 361e au classement de la WTA, après un bond de 138 échelons grâce à ses succès au tournoi sur terre battue de Charleston, en Caroline du Sud. Elle y a inscrit sa première victoire en tournois de la WTA (250), en disposant, sur abandon, de la Française Alizé Cornet, 59e mondiale.

Elle a ensuite enchaîné avec un triomphe aux dépens de l’Américaine Emma Navarro (404e) avant de s’incliner devant l’Australienne Astra Sharma (118e), éventuelle championne de cette épreuve. Depuis le début de 2021, Linda présentait une fiche de 19 victoires et 1 défaite dans des tournois ITF, avant de perdre son match de qualification à Miami, le mois dernier.

Quant à la plus jeune, Brenda, elle est 108e au classement ITF, donc encore bien loin de son aînée. Mais soulignons qu’à 12 ans, elle a remporté le prestigieux tournoi français Petits As 2020, une compétition pour les 14 ans et moins et qui est réservée aux futures étoiles du tennis mondial. Seule une certaine… Martina Hingis avait conquis les grands honneurs de ce tournoi aussi jeune, soit à 11 et 12 ans.

Photo : MIKE NELSON/AFP/Getty Images

Quelques mois plus tard, Brenda réalisait un exploit peu commun en disposant de sa compatriote de 24 ans, Katerina Siniakova, 54e mondiale, 7-6 et 6-1 en 90 minutes, dans un match de démonstration à Prague.

En 2019 et 2020, elle a affiché des dossiers de 25-5 et de 25-2 respectivement.

Maintenant que vous connaissez les sœurs Fruhvirtova, laissons-les à leurs défis et demandons-nous qui, dans un avenir rapproché, pourrait être étiquetée « enfant prodige » et prendre d’assaut la WTA à 16 ans, ce qui serait déjà un exploit.

À l’unanimité, vous prononcerez certainement le nom de Cori « Coco » Gauff, car des cas comme elle, il n’y en a plus eu depuis des décennies. Et je ne parle même pas de Maria Sharapova, pourtant titrée à Wimbledon à l’âge de 17 ans.

Non, plus jeune encore.

Photo : Tennis Canada/Getty Images

Je pense à l’Américaine Tracy Austin et la Yougoslave Monica Seles, qui ont remporté leur premier tournoi majeur à 16 ans et qui sont devenues numéro un mondiale à 17 ans. Seles, à 17 et 18 ans, a remporté trois titres du Grand Chelem sur quatre, chaque année (1991 et 1992).

Je pense surtout à l’incroyable Suissesse Martina Hingis, finaliste aux quatre tournois du Grand Chelem en 1997 (triomphant dans trois d’entre eux) et couronnée numéro un mondiale à 16 ans.

Ou, encore mieux ! À Jennifer Capriati, qui a atteint ses premières demi-finales à Wimbledon et à Flushing Meadows à 14 ans seulement.

Serena Williams, elle, a été titrée aux Internationaux des États-Unis alors qu’elle avait 17 ans.

De telles réussites d’adolescentes donnent le vertige.

Il a fallu attendre une vingtaine d’années avant de revoir une joueuse de moins de 20 ans refaire le coup alors que la plus jeune récente championne d’un tournoi majeur était âgée de 19 ans (Andreescu, en 2019, à New York).

Laquelle des sœurs Fruhvirtova pourrait être identifiée comme la prochaine à s’adjuger le titre d’un Grand Chelem avant d’avoir 19 ans ? Ou même 18 ou 17 ans ? À moins que ce ne soit les deux ?

Sinon, pourrait-il s’agir de l’Ukrainienne de 18 ans Marta Kostiuk (85e mondiale) ou même de la Danoise de 18 ans Clara Tauson (96e), deux joueuses que les Québécois avaient pu admirer en finale des Internationaux juniors de Repentigny, respectivement en 2018 et 2019 ?

On pourrait peut-être glisser dans le lot une Philippine de 15 ans, Alexandra Eala, ainsi que deux Américaines de 16 ans, soit Robin Montgomery (357e) et Katrina Scott (415e)

Difficile à prédire.

La logique voudrait que la seule de ces enfants prodiges possédant le talent, le caractère et l’expérience déjà en mesure de le faire se nomme Coco Gauff. L’Américaine a enlevé son premier titre de la WTA à 15 ans, en 2019, alors qu’elle passait du 685e au 68e échelon au cours de cette année-là. Elle est maintenant 35e au classement. Elle vient d’avoir 17 ans.

Les défis de Tennis Canada pour ses jeunes

Pour la deuxième année de suite, Tennis Canada a dû renoncer à plusieurs tournois du circuit Challenger, en raison de la pandémie de COVID-19. La confirmation en a été faite le 16 avril dernier.

Évidemment, cette décision va de concert avec la prudence que tout gouvernement ou entreprise doit observer en temps de pandémie. Mais pour la progression des jeunes talents de TC, comme de plusieurs autres pays, il s’agit bien sûr d’une catastrophe en ce qui a trait à leur développement.

Photo : Tennis Canada

Car comme dans la plupart des pays, Tennis Canada se sert notamment de ces épreuves pour donner un cadre de compétition, que ce soit en qualification ou dans les tableaux principaux, à ses jeunes talents. Après le report des tournois de 2020, celui de 2021 continue d’accroître le « dommage potentiel » à leur progression.

« C’était un coup dur, en effet ! »

Cette réaction vient de Martin Laurendeau, vétéran entraîneur de Tennis Canada qui supervise la progression de plusieurs jeunes de la relève au Centre national de tennis.

Photo : Tennis Canada

« L’Omnium Banque Nationale, c’est un gros tournoi pour les joueurs établis. Mais pour ceux qui ne sont pas accomplis, ce sont les tournois de types “Futures” et “Challengers” qui représentent le créneau de développement le plus important et c’est là que nos joueurs acquièrent de l’expérience. Ils ont besoin de matchs pour faire évoluer leur jeu et leur carrière. Mais il y a une certaine lueur d’espoir grâce à la vaccination dans les différents pays. De plus, il y a de moins en moins de tournois qui sont annulés. »

Il n’est quand même pas facile pour les dirigeants de TC de trouver des compétitions pour ses athlètes juniors.

Toutefois, quatre membres de cette relève masculine se trouvent présentement en Israël pour un périple de plus d’un mois, et où ils disputeront, à compter de cette semaine, deux tournois juniors et deux autres de niveau « Futures ». Ces quatre espoirs sont les Montréalais Jayden Weekes (16 ans) et Christophe Clément (16 ans), le Torontois Stefan Simeunovic (16 ans) ainsi que Stewart Aronson (15 ans) qui s’entraîne à Vancouver, sous une supervision partagée à distance.

Photo : Tennis Canada/Sarah-Jade Champagne

Martin Laurendeau considère cette tournée providentielle pour les jeunes.

« Nous travaillons en collaboration avec l’organisme “Sécurité dans le Sport”, qui relève de Sport Canada. Nous ne pouvons pas envoyer nos joueurs dans des endroits considérés trop peu sécuritaires pour la santé, ou même trop dangereux dans des cas sociopolitiques. Nous étions heureux de constater que ce pays maintenait ses tournois. On a hâte de voir les jeunes en action parce que ça a été très dur pour eux, au niveau de la motivation. Peu importe qu’on soit junior ou professionnel, ces joueurs s’entraînent dans un but précis, c’est de concourir. Ce n’est pas évident de rester motivé aussi longtemps. Ils étaient contents de partir. »

Avec un peu de chance, au cours de l’été, ces jeunes pourront bénéficier du même type de mini-tournois qu’en 2020, et pourraient à nouveau être confrontés à des joueurs plus vieux et plus expérimentés provenant d’un niveau supérieur.

« D’abord, nous espérons que certains tournois juniors très relevés pourront être disputés, soit en Amérique ou en Europe. À défaut de quoi nous tenterons de recréer, comme l’été dernier, une forme de “ligue” à laquelle participeraient nos compatriotes évoluant sur le circuit universitaire américain de la NCAA dans de petits tournois de week-end. Par exemple, l’an dernier, des gars comme Gabriel Diallo, Alexis Galarneau et autres étaient coincés au pays et ont pu se joindre à nous. Mais cet été, tout dépendra si eux-mêmes se seront inscrits à des “Futures” ou autres tournois ailleurs dans le monde. »

Martin Laurendeau

C’est toute la grâce qu’on leur souhaite. Même si ce problème est d’envergure planétaire et que la santé des nations prime, il est triste de voir que de grands talents pourraient ne jamais éclore en raison du frein qu’aura représenté la pandémie à ce stade crucial de leur développement.

Shapo change de tête

Dites-moi… ça vous plaît ?

Photo : TennisTV

Ceux qui suivent Denis Shapovalov sur Instagram l’avaient remarqué, cette nouvelle coupe de cheveux.

Les autres l’ont découverte en regardant le premier match sur terre battue du Canadien, à l’Omnium de Barcelone. Un match qu’il a gagné contre le Français Jérémy Chardy, 6-3, 7-5. Partie, la casquette, bienvenue le bandeau.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’était pas la première fois que le gaucher portait un bandeau en compétition. Il l’avait fait en Coupe Davis 2018.

Le rappel nous est venu par ce tweet d’Andras Ruszanov.

Pendant que vous décidez lequel des deux styles vous préférez, concluons sur cette photo où l’ancien Shapo (à droite, avec casquette) semble regarder le nouveau Shapo (à gauche, avec bandeau).

Photo : TennisTV

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