Apprendre que l’héroïne de la première journée ne pourrait pas jouer n’était assurément pas la meilleure nouvelle pour l’équipe canadienne présentée par Sobeys, mardi, aux Finales de la Coupe Billie Jean King.

C’est ce qui s’est produit lorsque Françoise Abanda, qui avait remporté son match de simple contre la France, lundi à l’O2 Arena de Prague, a dû se retirer en raison d’une « sévère ampoule sur son gros orteil gauche ».

Photo: Martin Sidorjak

Carol Zhao a donc été appelée en renfort pour affronter Daria Kasatkina de la Fédération russe de tennis, considérée comme l’équipe la plus aguerrie du tournoi de cette année.

La joueuse de 24 ans, de Richmond Hill, en Ontario, a fourni in bon effort et a tenu tête à la talentueuse Russe jusqu’à 3-3 de la manche initiale, avant que la 28e mondiale ne parvienne à prendre les devants et à s’imposer 6-3 et 6-1.

« Il y a évidemment eu le choc initial et l’ajustement », mentionnait Zhao, qui a appris pendant l’échauffement du matin qu’elle serait envoyée dans la mêlée. « Elles (Abanda et Rebecca Marino) ont bien joué hier et nous nous attendions à garder le même alignement. Il s’agissait juste de croire en moi, de penser que c’est le bon moment, l’occasion de montrer ce que je peux faire — c’est un ajustement mental. »

Photo: Martin Sidorjak

Zhao, qui occupe actuellement le 328e rang mondial, mais qui a déjà été 131e, n’a pas eu beaucoup d’occasions de se mesurer aux meilleures du monde, notamment parce qu’elle a passé du temps en dehors des courts ces dernières années en raison d’une blessure persistante au bras.

« Daria est une excellente joueuse et je crois que je peux apprendre beaucoup de son jeu », poursuivait Zhao, qui tente d’être plus agressive sur le terrain. « J’espère que cela me permettra de m’améliorer. »

Marino a disputé le deuxième match de simple alors que le Canada avait encore une chance de terminer au premier rang du groupe A et d’accéder à la demi-finale. Si elle parvenait à battre la 12e mondiale Anastasia Pavlyuchenkova dans un affrontement entre les numéros un des deux pays, le Canada aborderait le double décisif — dont nous reparlerons plus tard — en tant que favori pour remporter ce match et la rencontre.

Photo: Martin Sidorjak

Les deux premières manches du duel entre Marino et Pavlyuchenkova ont été dominées par les serveuses. La Russe n’a eu besoin que d’un bris au cinquième jeu pour gagner le premier acte, et Marino d’un bris au dernier jeu pour empocher la deuxième manche et forcer la tenue d’une manche ultime.

Pavlyuchenkova avait semblé très chancelante en servant à 4-5 dans le deuxième engagement. Après n’avoir concédé aucun point sur son premier service dans la manche, elle en a perdu deux, puis a commis une double faute sur la première balle de bris.

C’était il y a longtemps, mais en 2011, Marino avait eu raison de Pavlyuchenkova en trois manches de 1-6, 6-3 et 6-3 au premier tour du tournoi du Luxembourg lors de leur seul duel précédent.

Le Canada avait donc raison d’être optimiste au début du troisième acte, jusqu’à ce que Marino connaisse une mauvaise séquence et perde son service dès le premier jeu.

Un autre bris pour mener 4-1 et Pavlyuchenkova s’envolait avec un gain de 6-4, 4-6 et 6-2.

« J’ai eu l’impression de ne pas avoir beaucoup d’occasions en retour, car nous servions toutes les deux très bien », commentait la Russe à propos du début de la troisième manche. « Il s’agissait donc de voir qui allait signer le premier bris. L’objectif était de briser le plus tôt possible et de retrouver un peu de cette confiance. »

Pavlyuchenkova peut être un peu blagueuse, comme en témoigne son déguisement d’Halloween lors de la conférence de presse de son équipe avant le tournoi, il faut donc prendre cette prochaine citation avec un grain de sel : « Le fait que je sois allée tout démolir dans les vestiaires (après la deuxième manche) m’a sûrement aidé à gagner. J’y ai laissé toutes mes émotions négatives. Je suis revenue sur le terrain l’esprit libre et j’ai recommencé à me battre pour chaque point. »

Photo: Martin Sidorjak

Marino a peut-être perdu ses deux matchs de simple — contre Alizé Cornet (59e) lundi et contre Pavlyuchenkova mardi —, mais elle a montré que sa combativité et ses habiletés, un puissant service et des coups de fond bien appuyés, font d’elle une meilleure joueuse que son 148e le laisse suggérer.

Le capitaine Sylvain Bruneau n’a pas tari d’éloges sur Marino et sur son potentiel dans une entrevue à Sportsnet. « Elle progresse même depuis Montréal (l’Omnium Banque Nationale, en août) », mentionnait-il. « Elle fait ses devoirs. Elle a un puissant service, ses balles sont lourdes. Elle est de plus en plus régulière et se déplace mieux. Elle utilise mieux le terrain. Je pense qu’elle va faire des ravages l’an prochain et que son classement continuera de s’améliorer. »

Jusqu’où ? « J’aimerais pouvoir dire qu’elle peut revenir à ce qu’elle était à un certain moment de sa carrière, c’est-à-dire au Top 40 (38e en 2011). Mais commençons par le Top 100, c’est certain. Elle est très dévouée, elle travaille très fort. C’est la professionnelle par excellence — elle optimise chaque entraînement. Elle pourra maintenant participer à des tournois plus importants, se faire voir davantage, avoir plus d’occasions et je crois, faire beaucoup de vagues. »

Photo: Martin Sidorjak

Le duel de double de Marino et de Gabriela Dabrowski contre Veronika Kudermetova et Ludmilla Samsonova a été une surprise totale. Après que les Canadiennes aient mené 3-1, les Russes se sont déchaînées et ont remporté 10 jeux consécutifs pour s’imposer 6-3 et 6-1 en 53 minutes.

Il était probablement préférable de laisser Bruneau décrire ce qui s’est passé. Voici ce qu’il a dit à propos du tandem russe : « Elles ont été impeccables, elles n’ont pas manqué une balle. »

Même si les espoirs étaient grands après la victoire de lundi contre la France, le résultat final, surtout sans l’aide de Bianca Andreescu (24e) et de Leylah Fernandez (26e), doit être considéré comme positif.      

C’est assurément ce que pense la joueuse numéro un Marino, qui participait à sa huitième rencontre de la Coupe BJK depuis 2011. « Cette expérience a été incroyable. Le Canada a su très tard qu’il participerait au tournoi et être ici en tant qu’équipe, se rassembler et jouer avec autant de cœur a été quelque chose de vraiment spécial », commentait Marino. « Nous avons prouvé que même si nous avons perdu et que nous sommes éliminées du tournoi, nous avons notre place avec les meilleures et nous jouons avec beaucoup de combativité et de passion. Nous devrions vraiment être très fières de nous-mêmes et de chacune d’entre nous. »

Photo: Martin Sidorjak

À TITRE D’INFORMATION : Les Finales de la Coupe Billie Jean King sur un seul site avec des rencontres deux de trois disputées la même journée ne sont en fait rien de nouveau. En 1987, au Hollyburn Country Club de West Vancouver, la Fed Cup de l’époque réunissait 32 pays dans une épreuve à élimination directe avec des rencontres deux de trois d’une journée. Une certaine Steffi Graff, originaire de la République fédérale d’Allemagne, avait mené son pays à la victoire. En finale, Graff, 18 ans, et Claudia Kohde-Kilsch avaient remporté le match décisif de double contre les Américaines Chris Evert et Pam Shriver.

LA SUITE : L’autre équipe canadienne en compétition internationale — la Coupe Davis — prendra part aux Finales à Madrid à compter du 25 novembre. Contrairement à l’équipe de la Coupe BJK, le Canada, classé sixième, semble être le favori de son groupe, qui comprend également le Kazakhstan (12e) et la Suède (14e). Finaliste il y a deux ans, l’équipe du capitaine Frank Dancevic est composée de Félix Auger-Aliassime, Denis Shapovalov, Vasek Pospisil, Brayden Schnur et Peter Polansky. 

Photo de l’article : Martin Sidorjak

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