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Il ne fait aucun doute que Nick Kyrgios a complètement perdu les pédales au deuxième tour du Masters de Cincinnati contre Karen Khachanov la semaine dernière.

Dans le quatrième jeu de la manche initiale, alors qu’il servait à 1-2, il a soudainement frappé une balle hors du stade sans raison apparente. Les choses se sont graduellement détériorées par la suite dans le monde un peu fou de l’Australien de 24 ans. Il s’est servi d’une dispute sur le temps entre les points comme prétexte pour s’en prendre sans cesse à l’arbitre Fergus Murphy en utilisant un flot d’obscénités – principalement durant les changements de côté.

Il a également quitté le terrain à la fin de la deuxième manche avec deux raquettes et s’est mis à les fracasser dans un couloir voisin avant de revenir sur le court.

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La scène la plus troublante était lorsqu’il était assis sur sa chaise en train de dire des bêtises – déblatérant notamment sur Rafael Nadal (qui dépasse souvent le temps alloué) – « Rafa ne pratique certainement pas ce sport, pour autant que je sache. » Kyrgios parlait tout seul. Il aurait aussi bien pu hurler à la lune. Ce n’était pas jojo à regarder.

Puis, après la poignée de main au filet avec Khachanov après sa défaite de 6-7(3), 7-6(4) et 6-2, il a juré contre Murphy, a craché dans sa direction et ne lui a pas serré la main.

Voici un bon résumé du comportement de Kyrgios durant le match, gracieuseté de Channel Nine en Australie :

Il y a plusieurs facettes au comportement complaisant de Kyrgios – et une qui est trop rarement mentionnée est son effet sur son adversaire. Tout comme avec des joueurs tels John McEnroe et Ilie Nastase avant lui, tout tourne autour de lui et son adversaire est traité comme s’il n’existait pas. La distraction causée par un joueur comme Kyrgios ne devrait pas être quelque chose qu’un adversaire doit endurer. Il est facile de dire que les opposants devraient ignorer de tels comportements, mais la conduite de Kyrgios est tellement hors-norme que c’est pratiquement impossible à faire.

Il est comme les deux autres d’un temps lointain – McEnroe et Nastase. Ce sont tous des génies du tennis. Ils ont/avaient beaucoup de talent qui leur permet de jouer avec des habiletés que les autres ne possèdent pas. Au fil des ans, il y a eu quelques autres joueurs extrêmement talentueux, mais pas aussi brillants, comme l’Américain Gene Mayer, les Français Henri Leconte et Fabrice Santoro, le Chilien Marcelo Rios et la Tchèque Hana Mandlikova, ainsi que plus récemment la Polonaise Agnieszka Radwanska, la Taïwanaise Hsieh Su-Wei et peut-être même Fabio Fognini.

Roger Federer est sans conteste un génie du tennis, mais son comportement impeccable le place dans une classe à part – une exception à la règle.

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Regrouper Kyrgios avec McEnroe et Nastase soulève la question de savoir pourquoi leur comportement était si incontrôlé et scandaleux. McEnroe scandalisait par ses accès de colère au point d’être paranoïaque au sujet des officiels. Lors de la demi-finale de 1983 à San Francisco contre le Sud-Africain Kevin Curren, il s’est assis après ce qu’il croyait être un mauvais appel de balle lors du jeu décisif de la première manche, refusant de continuer à jouer. Que s’est-il passé ? Curren l’a supplié de continuer – et vous n’avez pas à deviner qui a gagné 6-7(5), 6-2 et 6-4. Curren a perdu le montant de la bourse qu’il aurait reçue s’il n’avait pas essayé de convaincre McEnroe de ne pas abandonner.

Un incident semblable s’est produit lors de la finale des Internationaux du Canada de 1975 à Toronto. Nastase s’est cru victime d’un mauvais appel de balle au jeu décisif de la première manche contre le gentleman espagnol Manuel Orantes. Il s’est mis à bouder et a été fainéant le reste du match jusqu’à ce qu’il s’imagine qu’il pouvait effectuer une remontée miraculeuse vers la fin du match. Il a essayé quelques jeux avant de capituler.

Le compatriote de McEnroe, Jimmy Connors l’a engueulé durant leur demi-finale de Wimbledon de 1977 parce qu’il en avait assez des cabotinages de McEnroe.

Les histoires de Nastase sont légion – il imitait ses adversaires pour les provoquer, il s’est peint le visage en noir pour affronter l’Afro-Américain Arthur Ashe et il a fait toutes sortes d’accès de colère. Il n’y avait pas de limite au chaos qu’il pouvait créer. Un jour, il a rendu fou le joueur américain Clark Graebner, un grand gaillard.

Voici un paragraphe du texte de Curry Kirkpatrick dans un numéro de Sports Illustrated de 1972. « Au Royal Albert Hall, à Londres, le mimétisme de Nastase a mis Clark Graebner tellement en colère que l’Américain a sauté par-dessus le filet, a empoigné Nastase par le chandail et a menacé de lui fendre la tête avec sa raquette. Plus tard, Nastase a abandonné le match, prétextant qu’il était “physiquement terrifié”. Graebner a silencieusement été acclamé comme un sauveur par les pros du circuit. »

Kyrgios est sans conteste le joueur qui possède le plus beau talent naturel depuis Federer, qui avait lui aussi ses sautes d’humeur lorsqu’il était plus jeune, mais qui est devenu le plus grand modèle sportif chez les professionnels.

Voici quelques réflexions sur les raisons pour lesquelles Kyrgios, McEnroe et Nastase sont/étaient comme ils sont/étaient.

Tout d’abord, maîtriser le sport à un tel niveau et avec une telle facilité est évidemment un don. Personne ne devient un Kyrgios, McEnroe ou Nastase en s’entraînant durant des heures et des heures – plus que tout autre joueur – dans une académie ou un centre national d’entraînement. Cette capacité supérieure que Dieu leur a donnée est peut-être à l’origine du fait qu’ils sont tendus et qu’ils opèrent sur un plan possédant sa propre expérience sensorielle – une marche sur un fil de fer qui les place constamment au bord du gouffre.

Deuxièmement, et cela semble d’appliquer particulièrement à McEnroe, ils doivent se demander, quelque part au fond d’eux, pourquoi ils ont ce talent qui est normal pour eux, mais qui sort de l’ordinaire pour le reste de leurs pairs. On peut penser que McEnroe n’a jamais accepté d’être un génie au cours de sa carrière professionnelle. Un de mes souvenirs préférés de McEnroe est de l’avoir vu s’échauffer avant un match de soirée des Internationaux des États-Unis de 1988. À un moment donné – juste en frappant une balle à un chasseur de balles au fond du terrain – il a fait un léger mouvement du poignet et la balle a volé à environ 100 pieds à l’autre bout. On aurait dit de la magie – et le commun des mortels l’aurait probablement à peine propulsée vers le filet avec si peu de force.

À son apogée, il semblait mal à l’aise d’être si doué. Mais une fois à la retraite, et surtout quand il a commencé disputer des épreuves pour vétérans, il s’est remis en forme et semblait bien composer avec son talent. Maintenant âgé de 60 ans, il pratique ce sport à un niveau supérieur à tous les sexagénaires de l’histoire du sport.

Troisièmement, des joueurs comme Kyrgios, McEnroe et Nastase doivent sentir qu’ils devraient battre n’importe quel adversaire. Cela doit être frustrant lorsque leur talent ne produit pas une victoire. Le principal obstacle pour eux est qu’il y a des qualités qui peuvent aussi mener au succès, notamment la forme physique, la détermination, le calme et la constance. Kyrgios, McEnroe ou Nastase ont parfois des lacunes dans l’un ou l’autre de ces aspects, ce qui fait pencher la balance en faveur de leur rival.

Kyrgios semble n’être enthousiaste que lorsqu’il affronte les meilleurs joueurs. Sa fiche est de 2-0 face à Novak Djokovic, de 3-4 contre Rafael Nadal et de 1-3 face à Federer (sans compter les résultats de la Coupe Laver) avec un pointage de 7-6(5), 7-6(5) et 7-5 à la troisième manche lors de ses trois défaites.

Il est impossible de savoir ce que l’avenir réserve à Kyrgios, a homme apparemment civilisé et sympathique en dehors du terrain, mais qui n’en est pas moins une épave émotionnelle.

À 26 ans, Nastase avait remporté ses deux seuls Grands Chelems, alors que McEnroe en possédait sept à l’âge de 25 ans.

Il semble peu probable que Kyrgios, 24 ans, se mette à gagner des titres de Grands Chelems dans un proche avenir.

Il est difficile à comprendre. La semaine dernière, lors de la première manche contre Khachanov, il s’est plaint d’une blessure au pied avec une telle intensité que les commentateurs de la télévision croyaient qu’il allait abandonner le match. Mais pour le reste du match, il semblait aller bien – pas un mot sur le pied.

Dans le passé, il a reçu des amendes, il a consulté un psychologue et s’est prétendu réformé et engagé dans le changement. Cette fois, l’ATP lui a imposé une amende de 113 000 $ US. Son lieu de résidence est les Bahamas – à des fins fiscales – et il ne manque apparemment pas d’argent, de sorte que toute amende n’est pas une vraie punition.

La seule façon pour lui de se reformer, c’est d’être suspendu, de ne pas pouvoir disputer de tournois pour une longue période de temps, ce qui l’éloignerait des feux de la rampe et le rendrait moins pertinent. Cela l’obligerait peut-être à réfléchir et, même si les chances sont minces, lui faire voir la réalité en face et l’inciter à réaliser son plein potentiel.

Certains appelleraient cela vieillir, tout simplement.

FÉLIX EST LE NUMÉRO 1


Moins de deux semaines après son 19e anniversaire de naissance, Félix Auger-Aliassime est devenu le numéro un du simple au Canada. Il a détrôné Milos Raonic, qui n’a pas joué cette semaine et qui a perdu 180 points de son quart de finale de l’an dernier. Auger-Aliassime occupe maintenant le 19e rang mondial tandis que Raonic est 22e.

Auger Aliassime se joint à Raonic et à Denis Shapovalov en tant que seuls Canadiens à faire partie du Top 20 depuis la création des classements informatisés de l’ATP en août 1973.

Voici la liste des Canadiens qui se sont hissés au Top 50 :

  1. Milos Raonic – (3e – 2016)
  2. Félix Auger-Aliassime – (19e – 2019)
  3. Denis Shapovalov – (20e – 2019)
  4. Vasek Pospisil – (25e – 2014)
  5. Greg Rusedski – (41e – 1995)
  6. Andrew Sznajder – (46e – 1989)
  7. Glenn Michibata – (48e – 1986)

Selon les classements actuels, Raonic et Auger-Aliassime feront partie des têtes de série aux Internationaux des États-Unis, mais pas Shapovalov (38e).

LES VÉTÉRANS CANADIENS


C’est cette semaine qu’ont lieu les Championnats canadiens de tennis pour vétérans dans cinq clubs de la région de Toronto – Bayview Golf and Country Club, Club Donalda, Club Granite Club, Toronto Cricket Club et Toronto Lawn Tennis Club. Le tournoi propose des épreuves masculines et féminines dans les catégories 35 à 85 ans et plus.

Un duo à surveiller en double chez les hommes de 80 ans et plus est celui composé de François Godbout (ci-dessus avec Martin Laurendeau, ex-capitaine de la Coupe Davis), ancien joueur de la Coupe Davis, le légendaire Bob Bédard, 87 ans.

Parmi les participants se trouvent aussi l’ex-vedette de la LNH Dominic Moore (35), Philippe Le Blanc (45), Karl Hale (50), Diane Blondeau (55), Bill Cowan (60), John Pichen (60), Don McCormick (70) et Inge Weber (80).

Pour consulter les tableaux, les horaires et autres renseignements, nous vous invitons à cliquer ici.

(Photo Vedette: TennisTV.com)

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