Les discussions vont bon train au sujet de Novak Djokovic. La version 2015, alors qu’il a remporté tous les Grands Chelems sauf Roland-Garros, est-elle meilleure que celle de 2011, lors de laquelle il a aussi conquis les trois mêmes grands tournois?
En ce qui me concerne, la question ne se pose même pas. Il ne fait aucun doute qu’il était meilleur en 2011 pour les deux raisons suivantes.
Premièrement, il avait commencé l’année au troisième rang mondial, derrière Rafael Nadal et Roger Federer et a réussi à les surpasser. Il a eu raison de Nadal six fois sur six et possédait une fiche de quatre gains et un revers contre Federer, sa seule défaite étant survenue au carré d’as de Roland-Garros.
Deuxièmement, sa fiche de 2011 – sans compter son abandon (épaule) en finale de Cincinnati contre Andy Murray et les quatre adversaires qui ont abandonné contre lui – était de 60-1 jusqu’à la fin des Internationaux des États-Unis. En 2015, cette fiche n’est que de 63-5.
En ce qui concerne le premier point, on peut difficilement imaginer un autre joueur détrôner (ou même avoir la chance de le faire) aussi radicalement deux joueurs de la trempe de Nadal et de Federer dans la même saison. En fait, un Grand Chelem d’une année est probablement le seul exploit qui pourrait éclipser ce que Djokovic a réalisé en 2011.
Quant à la fiche de 60-1, la seule défaite est survenue aux mains de Federer en demi-finale de Roland-Garros. On peut attribuer cela à la pression d’être sur une séquence victorieuse de 41 matchs ainsi qu’au brio de Federer.
Même si on prend la fiche officielle de 64-2 jusqu’à la fin des Internationaux des États-Unis, cette année, Djokovic est 63-5. Il ne regrette probablement pas ses défaites du début de 2015 – alors qu’il était malade contre Ivo Karlovic à Doha, en janvier, et qu’il s’est incliné face à Federer lors de la finale de Dubaï à son premier tournoi après son cinquième triomphe à Melbourne quelques semaines auparavant. Ces revers ont permis de diminuer la pression d’une fiche parfaite qu’il a assurément ressentie quatre ans plus tôt.
Après les Internationaux des États-Unis de 2011, Djokovic n’a pas été des plus brillants, mais rendu là, les tournois pour lesquels les joueurs se préparent vraiment sont loin derrière.
Ce qui est le plus curieux est la façon dont Djokovic a réussi à gagner trois des quatre Grands Chelems en 2011 et en 2015, mais qu’il n’en a récolté qu’un seul en 2012, 2013 et 2014, principalement parce qu’il n’y a pas de blessure apparente pouvant expliquer cette déconfiture.
On peut cependant mettre le doigt sur un élément de malchance dans les défaites qu’il a subies ces années-là. Voici un résumé :
2012 :
Roland-Garros : La pluie a interrompu la finale alors que Djokovic menait 2-1 à la quatrième manche, mais Nadal est revenue en force dès le retour sur le terrain pour gagner 6-4, 6-3, 2-6 et 7-5.
Wimbledon : Il a perdu 6-3, 3-6, 6-4 et 6-3 contre Federer en demi-finale et on ne s’explique toujours pas comment il a pu si mal jouer.
Internationaux des États-Unis : À cause de la pluie, il avait dû terminer sa demi-finale le dimanche contre David Ferrer alors qu’Andy Murray se reposait. Le lendemain, il subissait un revers de 7-6(11), 7-5, 2-6, 3-6 et 6-2, offrant ainsi à l’Écossais son premier titre en tournois du Grand Chelem.
2013 :
Roland-Garros : Il s’est incliné 6-4, 3-6, 6-1, 6-7(3) et 9-7 en demi-finale face à Nadal, touchant le filet au cours d’un échange d’une partie qui aurait pu lui permettre de prendre les devants 5-3 à la manche ultime.
Wimbledon : Après avoir bataillé durant quatre heures et 43 minutes pour venir à bout de Juan Martin del Potro en demi-finale, il a semblé à plat dans une défaite de 6-4, 7-5 et 6-4 deux jours plus tard contre Murray.
Internationaux des États-Unis : Une finale un lundi soir, quelques jours avant la demi-finale de la Coupe Davis contre le Canada, à Belgrade. Djokovic n’a pu profiter d’une avance de 0-40 sur le service de Nadal vers la fin de la troisième manche et a finalement baissé pavillon 6-2, 3-6, 6-4 et 6-1.
2014 :
Internationaux d’Australie : Djokovic a perdu 2-6, 6-4, 6-2, 3-6 et 9-7 aux mains de Stan Wawrinka en quart de finale, alors que le Suisse ait réussi à finalement prendre sa revanche après des défaites en cinq manches à Melbourne et à New York l’année précédente.
Roland-Garros : Les conditions météorologiques idéales ont soudainement fait place à la chaleur et à l’humidité pour la finale – les bêtes noires de Djokovic – et le Serbe a dû s’avouer vaincu 3-6, 7-5, 6-2 et 6-4 face à Nadal.
Internationaux des États-Unis : Encore une fois, la chaleur et l’humidité sont venues jouer les trouble-fête lors de la demi-finale du samedi contre Kei Nishikori, qui s’est envolé avec une victoire de 6-4, 1-6, 7-6(4) et 6-3.
Cela étant dit, Djokovic a aussi remporté des Grands Chelems lorsque la chance lui a souri – principalement en 2011 lorsqu’il a effacé deux balles de match pour battre Federer en demi-finale des Internationaux des États-Unis avant de prendre la mesure de Nadal. Toutefois, la malchance s’est encore accrochée à lui à Paris après avoir lutté durant cinq longues manches contre Murray en demi-finale avant d’affronter un Stan Wawrinka frais et dispo en finale. « Même Novak a besoin de temps pour récupérer », mentionnait Boris Becker, entraîneur de Djokovic, après la défaite de 4-6, 6-4, 6-3 et 6-4 de son protégé.
Djokovic, qui file présentement sur une séquence victorieuse de 17 matchs, mentionnait après ses triomphes consécutifs à Pékin et à Shanghai : « Je crois qu’au point de vue de deux semaines d’affilée de tournois, je viens de vivre la meilleure quinzaine de ma carrière. Au cours de ces deux semaines, je crois avoir joué mon meilleur tennis. »
Il ne fait aucun doute que le niveau de jeu de Djokovic est aujourd’hui supérieur à ce qu’il était en 2011, mais ses réalisations de cette année sont exceptionnelles et pourraient ne jamais être égalées.

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