Quand on bat une adversaire 6-0 et 6-0, on doit se sentir comme si on avait fait une promenade à bicyclette, car ce pointage s’appelle, en jargon du tennis, « deux roues de bicyclette ».
Peu après son écrasante victoire de 6-0 et 6-0 contre la Chinoise Yao Xinxin, lundi à Roland-Garros, Bianca Andreescu a appris cette expression, puisqu’un ami français lui avait déjà envoyé un texto à ce sujet.
Lors de l’entrevue d’après match sur le terrain, on lui a demandé quels étaient ses espoirs pour le tournoi, et elle a candidement répondu : « Je veux le gagner. » Elle a ensuite pris le micro et s’est adressée à la foule en français : « Merci beaucoup pour votre soutien — je suis très heureuse d’être ici à Roland-Garros. »

Dans le premier jeu de son match du premier tour des qualifications, Andreescu a remporté son service à zéro et a foncé droit devant.
La seule chance réelle de Yao de s’inscrire au pointage est survenue lorsqu’elle a eu trois balles de jeu à la deuxième manche, mais Andreescu lui a vite coupé l’herbe de sous les pieds. Elle a gagné un total de 51 points, comparativement à 20 pour la jeune Chinoise de 20 ans.
La prochaine adversaire d’Andreescu sera la Japonaise Nao Hibino, dont la fiche est de deux victoires et six défaites à Roland-Garros.
Deux jeunes étoiles montantes canadiennes, Marina Stakusic et Carson Branstine, ont aussi franchi le premier tour avec succès grâce à des victoires en deux manches.
Stakusic a eu raison de l’Américaine Lauren Davis 6-4 et 6-4, tandis que Branstine a éliminé Whitney Osuigwe, des États-Unis, en des comptes de 6-4 et 6-2.

« Il y avait assurément un peu de nervosité pour ce premier tour des qualifications d’un tournoi du Grand Chelem, a expliqué Stakusic à propos de sa performance de lundi. Je suis heureuse d’avoir réussi à jouer mon jeu et à franchir la ligne d’arrivée. »
Davis est une compétitrice tenace, mais elle n’a pas les armes pour déstabiliser Stakusic. « J’ai simplement essayé de jouer de manière agressive, d’attaquer son service et de la faire bouger », a déclaré la Torontoise de 20 ans à propos de Davis.
Au deuxième tour, mercredi, la 126e mondiale sera opposée à Tamara Korpatsch (148e). En février dernier, la Canadienne a eu raison de l’Allemande 6-2 et 7-5 au tournoi de Cluj-Napoca, en Roumanie. « Elle est coriace, c’est sûr, elle est fougueuse, a mentionné Stakusic à propos de Korpatsch. Ce sera un match difficile. »
Quant à Branstine, elle se mesurera à la Suissesse Rebeka Masarova, 124e au classement de la WTA.

Il est impossible que Branstine soit aussi familière avec Masarova qu’elle l’était avec Osuigwe (voir l’accolade d’après-match ici). « Je connais Whitney depuis que j’ai 9 ou 10 ans », a confié Branstine.
Est-ce que cela a été difficile de jouer contre elle ? « Bien sûr. J’aime beaucoup Whitney, c’est une amie. On ne veut jamais jouer contre ses amies plus tôt que prévu, mais c’est aussi réconfortant de voir un visage connu pour mon premier tournoi du Grand Chelem. »
À propos de son match de lundi, Branstine a dit : « Je suis très contente d’avoir conservé mon sang-froid dans les moments importants, car Whitney peut revenir à la charge à tout moment. Elle est très athlétique, elle est déjà venue ici et elle a gagné beaucoup de matchs. J’ai réussi quelques coups importants au bon moment. »
Branstine, qui s’entraîne à Orange, en Californie, et qui privilégie les surfaces dures, s’est extasiée sur la terre battue de Roland-Garros. « J’adore la terre battue. Cela peut surprendre certaines personnes parce que je suis grande et que j’ai eu beaucoup de blessures dans ma vie. La terre battue est différente à Roland-Garros — c’est comme jouer au paradis. » Pourquoi ? « La terre battue est parfaite. Il n’y a pas de mauvais bonds. Elle n’est pas trop lente, pas trop rapide. Jouer dans ces conditions est agréable. »

La journée s’est terminée sur une note décevante lorsqu’Alexis Galarneau a été éliminé en trois manches de 7-6(5), 2-6 et 6-3 par le Français Matteo Martineau, 282e mondial, qui avait reçu un laissez-passer pour les qualifications.
Galarneau a eu ses chances dans ce duel de deux heures et 31 minutes, y compris quand le Canadien a mené 2-0 après avoir remporté la deuxième manche.
Martineau, qui participait à son premier Roland-Garros, est un grand gaillard dont le jeu est plus adapté aux surfaces rapides grâce à son service et à sa capacité à couvrir le filet. Il lui a fallu trois balles de match pour remporter la victoire, la dernière sur une faute de Galarneau au revers.
Le Lavallois de 26 ans participait aux qualifications de Roland-Garros pour la deuxième fois. L’an dernier, il avait également été éliminé par un Français, Quentin Halys, au premier tour.
La défaite a été rude, mais, quand on lui a demandé s’il avait des regrets, il a répondu : « Des regrets, peut-être le début du jeu décisif de la première manche, alors que je me suis retrouvé à 0-4. Je devais jouer du tennis de rattrapage et c’était compliqué. Mais sinon, je n’ai pas trop de regrets. J’ai essayé de profiter de la situation — ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de jouer à Roland-Garros. J’ai eu du plaisir, il y avait une bonne ambiance. Et cela faisait un moment (problème de poignet) que je n’avais pas joué de tournoi (le Challenger de Tallahassee à la mi-avril). Je suis donc satisfaite de mon jeu et de la façon dont j’ai joué. »
Il a indiqué que le poignet allait mieux. « C’est ce qui est encourageant, et c’est pourquoi je peux sourire après le match. Mon corps tient le coup, c’est positif. »
Alors que le match touchait à sa fin, deux femmes, qui avaient tenté en vain d’entrer sur le court 13 bondé, se sont assises pour regarder sur l’écran géant à l’extérieur du court Suzanne-Lenglen. L’une dit à l’autre : « Au moins, on peut voir le match d’ici ». (Galarneau est sur l’écran de gauche ci-dessous.)

LE FLAIR FRANÇAIS

Les Français sont réputés pour leurs talents artistiques, qu’il s’agisse de mode, de peinture, de théâtre, d’architecture, etc.
Sur la clôture de Roland-Garros, la Fédération française de tennis rend hommage à son personnel avec une série de photos. Celle d’Émeline Dubois, responsable de la billetterie, semble particulièrement astucieuse.