Richrad Legendre, Eugene Lapierre and Valerie Tetreault in montage

Richard Legendre, Eugène Lapierre, Valérie Tétreault. 

Trois personnes nommées successivement à la direction du tournoi de tennis professionnel de Montréal (WTA/ATP). Trois seulement dans un intervalle de 34 ans. 

Le premier a œuvré de 1988 à 2001. Le second, de 2001 à 2022. La troisième, on le sait depuis le 6 octobre dernier, amorce un règne qu’on lui souhaite aussi long que ses deux prédécesseurs. Et aussi fructueux. 

Mais, au-delà de ces faits consignés dans les archives du tennis canadien, qu’ont en commun ces trois gestionnaires ? 

Ils ont accédé à ces postes après avoir tâté du tennis sous toutes ses coutures. 

Sur le terrain et hors du terrain. Depuis leur tendre enfance.  

Valérie Tétreault a été championne canadienne. Eugène Lapierre a été champion québécois (16 et 21 ans). Richard Legendre a été champion junior canadien. Les deux hommes ont joué pour des universités américaines alors que Valérie a atteint le 112e rang mondial. 

Si Lapierre s’est ensuite tourné vers l’enseignement et l’arbitrage, Legendre et Tétreault ont représenté leur pays au sein des équipes nationales de la Coupe Davis et de la Fed Cup (maintenant Coupe BJK). 

Voilà pour leur expérience (plus qu’impressionnante) du côté de la raquette.  

Par la suite, à tour de rôle, ils ont côtoyé l’organisation du tournoi avant de s’en voir offrir la direction. Et, chaque fois, l’un a initié, entraîné, conseillé et guidé la personne ciblée pour la succession.

Eugene Lapierre and Valerie Tetreault laughing in a press conference
Photo : Pascal Ratthé / Tennis Canada

Comme on le dit si bien dans le monde du hockey, ces dirigeant(e)s ont « joué la game » et comprennent ce que c’est de s’échiner sur un court pour tenter de gagner un point, un match, un tournoi. De gagner sa vie, quoi. Les victoires et les échecs. Les blessures et les réadaptations. D’autres victoires… d’autres échecs. 

D’où un respect fondamental pour les athlètes et leur environnement, même lorsque la mise sur pied et la gestion d’une gigantesque manifestation sportive, ainsi que l’interaction avec les médias et le public, doit également primer pour le bien de l’organisation.

J’aurais pu consacrer l’entièreté de ce blogue au récent changement de la garde à Montréal. 

Photo : Jean-François Chabot / Radio-Canada 

J’aurais pu chanter les louanges d’Eugène Lapierre dont la gouverne a permis des records d’assistance pour les tournois mondiaux de cette catégorie et les compliments des athlètes professionnels. J’aurais pu rappeler le défrichage de Richard Legendre qui a donné au tournoi ses lettres de noblesse quand Montréal n’avait pas cette réputation sur la carte du tennis international. Et j’aurais pu vous dire tout le bien que je pense de Valérie Tétreault pour l’avoir côtoyée plusieurs années dans deux secteurs « médiatico-tennistiques ». 

Mais je préfère m’en tenir à cet aspect de la transmission de pouvoir et de savoir. À cette façon qu’ont eue les dirigeants montréalais — toujours encouragés et épaulés par la haute direction de Tennis Canada — de préparer brillamment la suite lorsque l’heure de la retraite avait sonné. 

D’ailleurs, il était amusant de voir, à la fin de cette récente conférence de presse, le grand patron de TC, Michael Downey, réunir tous les employés du bureau montréalais et d’autres dirigeants venus de Toronto afin de procéder à une belle photo de famille.

Car, qu’est-ce que cette organisation si ce n’est une famille ? Alors que les plus âgés enseignent la voie à suivre aux plus jeunes… 

Oui, l’art de passer le flambeau. 

L’art de la polyvalence

Photo : WTA Tour

Barbora Krejcikova vient de remporter deux tournois consécutifs, retrouvant sa superbe après un passage difficile à la suite d’une blessure en 2022. 

Un long passage difficile… en simple. Car en double, la Tchèque a remporté trois titres de tournois du Grand Chelem aux côtés de sa compatriote Katerina Siniakova.  

Krejcikova est une espèce rare de nos jours, car elle excelle sur les deux tableaux.  

J’y reviendrai plus loin. 

Victorieuse à Tallin, en Estonie (WTA 250) la semaine précédente, Krejcikova a enchaîné avec un deuxième titre, chez elle, à Ostrava, en République tchèque (WTA 500). La Tchèque a ainsi gravi 13 échelons en deux semaines, passant de la 27e à la 14e place.

Photo : Reuters 

Jusqu’où montera-t-elle ? Ou… devrais-je écrire : jusqu’où REmontera-t-elle ? 

Car Krejcikova était la deuxième joueuse mondiale du simple, il y a cinq mois. Après avoir soigné une blessure au coude, son retour sur la terre battue de Paris s’est soldé par une élimination au premier tour, ce qui lui a fait perdre plus de 2000 points au classement et entraîné une chute qui devait la mener à ce 27e échelon, quatre mois plus tard. 

Après de louables quarts de finale à Melbourne, elle a donc enchaîné avec un dossier de 9-12, incapable d’aligner plus de deux victoires consécutives en tournois. Jusqu’à ce que le déclic survienne à l’automne. 

Le 9 octobre, en finale à Ostrava, c’est la terrible Iga Swiatek, numéro un mondiale, que Barbora a vaincue (5-7, 7-6[4] et 6-3), confirmant son retour à la forme.

Photo : Womenstennisblog.com 

En double, c’est une autre histoire. Flirtant avec le sommet du classement depuis quatre ans maintenant, Krejcikova est une habituée du deuxième rang mondial et compte pas moins de six titres majeurs (tous remportés avec Siniakova). Elle mène une carrière fructueuse sur les deux circuits, ce qui est maintenant rare, très rare. 

Ces athlètes du tennis professionnel qui excellent autant en simple qu’en double sont une espèce en voie de disparition. D’ailleurs, pour être franc, je croyais qu’elle était disparue.

Photo : WTA/Getty 

Krejcikova a commencé le mois de mars 2022 au deuxième rang des classements WTA du simple ET du double. Elle était alors la dixième femme de l’histoire seulement à réussir l’exploit et la première à le faire depuis une certaine Serena Williams, il y a 12 ans. À la fin de l’été 2010, la cadette des Williams était numéro deux dans les deux classements. 

En 2021, à Roland-Garros, c’était la consécration pour Krejcikova qui récoltait les deux trophées de cette épreuve du Grand Chelem.

Photo : Tennis.com 

Afin de mesurer l’ampleur de cette réussite, disons que Barbora était à ce moment de l’année la seule athlète, femme et homme confondus, à se trouver dans le Top 10 des deux classements. Depuis, la jeune (et phénoménale) Américaine Coco Gauff s’est jointe à elle (5e en simple et 8e en double). 

Comme le démontrent ces deux athlètes, cette double performance semble dorénavant être l’apanage des femmes. Car aucun homme n’approche de telles combinaisons. Et on voit difficilement qui pourrait s’en approcher à court ou à moyen terme.  

À titre d’exemples, voici les cinq meilleurs ratios simple/double du tennis masculin en date du 10 octobre 2022. Un humble classement dont le meneur aurait été impensable l’année dernière, à pareille date.

Photos : Getty 
ATPSimpleDouble
Kyrgios (AUS)20e13e
Isner (USA)44e19e
Hurkacz (POL)10e37e
Rublev (RUS)9e56e
Shapovalov (CAN)22e60e

Revenons aux dames. 

Les temps ont changé, car à l’époque, elles étaient plus nombreuses à mener de front les deux carrières. 

Il faut remonter à 2010 pour recenser la dernière joueuse à avoir dominé les deux classements. C’était Serena Williams… pendant neuf semaines. 

En 2003, Kim Clijsters a occupé le sommet des deux classements pendant trois semaines. Même chose pour Lindsay Davenport en 2000.  

Martina Hingis dominait le simple et le double pour un total de 29 semaines, réparties entre 1998 et 2000.  

Auparavant, on retrouve l’Espagnole Arantxa Sanchez-Vicario qui avait double trône pendant sept semaines, en 1995.  

Et j’ai gardé la meilleure pour la fin : la légendaire Martina Navratilova était numéro un mondiale, tant en simple qu’en double, pendant 103 semaines réparties entre 1984 et 1987.

Photo : Getty 

Non… plus jamais nous ne reverrons ça. Mais en attendant, apprécions tout le talent et l’énergie de Barbora Krejcikova (et de Coco Gauff…) 

Et admirons-les ! 

L’art de jouer tout seul 

Adrian Mannarino vient de répondre à une question brûlante. 

Vous vous étiez peut-être déjà demandé quel était le règlement dans le cas où une balle coupée à l’extrême tombe du côté de votre adversaire pour ensuite revenir de votre côté sans que l’autre puisse y toucher. 

Ou vice-versa ? 

Eh bien, le point va à l’auteur de cette balle coupée.

Photo : Éric Bolte / Presse Sports 

La preuve — des plus éloquentes — a été apportée par le vétéran joueur français, le 5 octobre dernier, dans le match de premier tour qui l’opposait au Belge David Goffin. Les deux joueurs étaient à une manche partout. Au début du troisième acte, en réception de service, Mannarino a réalisé un revers coupé et lobé. Se préparant au smash final, Goffin a dû constater, penaud, l’effet rétro de la balle se retrouvant toute seule du côté de son opposant.  

Point Mannarino (et le match…) 

Et dossier clos ! 

L’art de servir (très) lentement 

Vous pensiez que la motion de service de Rafael Nadal ou de Novak Djokovic était… disons… lente ? 

Voici celle de l’Estonienne Elizabeth Jurna, publiée par le journaliste portugais Gaspar Ribeiro Lança dans Twitter le 9 octobre dernier.  

Cette séquence a été captée lors du deuxième tour des qualifications du tournoi de Quinta do Lago, au Portugal, doté d’une bourse globale de 25 000 $ (W25).  

Après le match, remporté 6-4 et 7-5 par sa rivale suédoise Julita Saner (550e), cette dernière a échappé ce commentaire sarcastique sur le style de son adversaire : « Le problème, c’est que lorsqu’elle est au service, je suis portée à m’endormir. » 

L’art de rater son entrée 

Si Roger Federer a certes réussi sa sortie, d’autres n’ont pas la même élégance pour réussir leur entrée. 

Comme ici, au tournoi de tennis intérieur de Rennes, en France, quand la séquence « son et lumière » dédiée à l’arrivée des joueurs a connu des ratés.  

La victime : le Français Evan Furness, 24 ans et 218e joueur mondial. 

Probablement ébranlé par sa mésaventure, Furness s’est incliné 7-6(2) et 6-4, face à son compatriote Grégoire Barrère. 

C’est ce qui s’appelle « frapper le mur » 

Mais, à la décharge de Furness, disons qu’il n’a guère été aidé par cette panne du processus d’accueil sur le terrain.


Courriel : privard@tenniscanada.com 

Twitter : @paul6rivard 

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