Mboko during match

Photo : Tennis Canada

Le 24 juillet, Victoria Mboko, 15 ans, remportait son premier titre professionnel au Challenger de Saskatoon, un tournoi doté d’une bourse de 25 000 $. Elle devenait ainsi l’une des plus jeunes Canadiennes de l’histoire à réussir un exploit qui n’avait été réalisé que par trois autres athlètes de chez nous au cours des 40 dernières années.

Personne n’a donc été surpris d’apprendre que Mboko reçoive un laissez-passer pour les qualifications de l’Omnium Banque Nationale à compter du samedi 6 août, à Toronto.

Depuis qu’elle a été découverte, et qu’elle a intégré le Centre national de tennis à Montréal, la jeune Torontoise a clairement été identifiée comme un des plus formidables talents bruts à pouvoir émerger sur la scène internationale.

Image : TSN

Un autre, devrais-je ajouter.

Depuis quelques années, le Canada se positionne de plus en plus comme un joueur respecté sur les échiquiers de la WTA et de l’ATP. Un pays de tennis qui doit être respecté sur le court et qui attire l’admiration quand vient le temps d’analyser le développement de ses espoirs. 

Pour faire ça court, disons qu’il « se passe quelque chose ».

Au cours de la décennie précédente, Eugenie Bouchard et Milos Raonic, finalistes à Wimbledon, ainsi que Vasek Pospisil, lauréat d’un titre de double sur ce même gazon anglais, ont fait tourner les têtes. 

Puis, lors des cinq dernières années, vint le tour d’un quatuor que je nommerai amicalement Bianca-Leylah-Félix-Denis. Si la première, Andreescu, revendique le seul titre de simple d’un tournoi du Grand Chelem de l’histoire de notre pays (New York 2019), la seconde, Fernandez, a cogné à la porte deux ans plus tard. Quant aux deux gars, ils ont déjà un titre ATP en poche et leur formidable prestation combinée, en janvier dernier, leur a permis de procurer la Coupe ATP au Canada et a contribué à cimenter leur nom aux quatre coins du monde.

Revenons à Victoria. 

Photo : Tennis Canada

J’écrivais plus haut qu’elle était devancée par trois autres compatriotes dans la colonne des plus jeunes joueuses à avoir remporté un titre professionnel. Elles sont, dans l’ordre, Aleksandra Wozniak, de Blainville (QC), ainsi que les Torontoises Sharon Fichman et Carling Bassett.

Le 30 juin 2002, Wozniak, alors âgée de 14 ans et 9 mois, remportait le tournoi ITF de Lachine (QC). Trois ans plus tard, Fichman n’avait que deux mois de plus qu’Aleksandra lorsqu’elle enleva un tournoi ITF à Ashkelon (Israël). C’était le 27 novembre 2005 et elle avait 14 ans et 11 mois. 

Photo : Tennis Canada

Il faut remonter plus de 20 ans en arrière pour la troisième place détenue par Bassett, alors âgée de 15 ans et 4 mois. La fille du célèbre entrepreneur canadien John Bassett (et ex-membre de l’équipe canadienne de la Coupe Davis) avait triomphé le 20 février 1983 au tournoi intérieur de Hershey, en Pennsylvanie, dans le cadre du circuit Virginia Slims. Notons qu’il s’agissait d’un niveau plus élevé que les autres puisque ce tournoi comptait au calendrier de la WTA.

Photo : Wikipedia

D’ailleurs, si on jette un coup d’œil aux 12 Canadiennes les plus précoces dans l’obtention d’un premier titre professionnel, outre Bassett, Helen Kelesi a conquis un titre de la WTA. À 16 ans et 11 mois, « Hurricane Helen » soulevait le trophée de l’Omnium du Japon, le 19 octobre 1986, trois ans après « Darling Carling ».

Source : db4tennis.com

Quant à Mboko, elle occupe le quatrième rang, son exploit étant survenu alors qu’elle était âgée de 15 ans et 10 mois au moment de son triomphe à Saskatoon. Ce grand moment, à l’aurore d’une carrière qu’on espère prometteuse, a été acquis au terme d’un parcours impressionnant.

Photo : Tennis Canada

Jugez par vous-même.

Après lui avoir cédé la première manche de son match initial, 7-6(4), elle a sèchement réglé le cas de Valentini Grammatikopoulou, favorite du tournoi, 6-1 et 6-3. Les autres affrontements ont été expéditifs, Mboko ne cédant aucune manche à ses quatre autres rivales. En fait, elle n’a perdu que 16 jeux dans ces quatre matchs. Sa finale, face à l’Américaine de 19 ans Madison Sieg (689e), s’est conclue 6-2 et 6-0.

Voici les classements de ses autres rivales 

Valentini Grammatikopoulou (GRE), 25 ans : 188e,

Kayla Cross (CAN), 17 ans : 1476e 

Stacey Fung (CAN), 25 ans : 505e 

Elysia Bolton (USA), 22 ans : 523e 

Ah oui… Victoria occupait le 772e échelon de la WTA. La semaine suivante, elle avait fait un bond de 256 rangs (!!!) pour se situer à la 516e place.

Dans SON classement, celui des juniors de l’ITF, elle se situe toutefois au 13e rang.

Ajoutons qu’elle remporte aussi du succès en double chez les juniors. Cette année, en compagnie de Cross, elle a atteint la finale des épreuves juniors des Internationaux d’Australie et de Wimbledon.  

Image : YouTube

C’est clair, Mboko sait ce qu’il faut faire pour progresser dans un tournoi. Et comment réagir face à l’adversité. Elle affiche une maturité impressionnante pour une athlète qui aura 16 ans le 26 août prochain. 

Si la relève féminine s’annonce des plus positives avec les Cross, Annabelle Xu, Mia Kupres, Marina Stakusic et Bianca Fernandez, entre autres, il est indéniable que le potentiel de Victoria Mboko brille de mille feux. 

Pour vous, qui n’avez peut-être pas tout lu sur la Torontoise, voici quelques lignes, publiées sur ce site en décembre dernier, qui vous permettront d’en apprendre un peu plus.

Lorsqu’on se tourne du côté du tennis masculin, personne n’est surpris de constater que les records de précocité indiquent des âges plus avancés.

C’est Félix Auger-Aliassime qui revendique le plus jeune âge lors de la conquête d’un premier titre professionnel. Il avait 16 ans et 2 mois lorsqu’il a mis la main sur le trophée du Challenger de Birmingham, en Alabama, le 6 novembre 2016. 

Photo : Wimbledon.com

Il venait aussi de détrôner celui qui s’était hissé au sommet de ce classement neuf mois auparavant, nul autre que son ami Denis Shapovalov. Le gaucher blond avait conquis son premier trophée sur la terre battue de Weston, en Floride, à 16 ans et neuf mois.

Après nos deux inséparables, il faut aller aux Schnur, Raonic, Dancevic, Diez, Polansky et Rusedski tous âgés de 18 ans, pour trouver les vainqueurs canadiens de premiers tournois professionnels les plus jeunes.

Source : db4tennis.com

Je tiens à remercier l’as statisticien Andras Ruszanov, du site db4tennis.com, pour ses données sur nos Canadiens et Canadiennes. 

Notons en terminant que, sur la scène mondiale, les nôtres n’approchent pas encore les records absolus. 

Lorsqu’on pense à Martina Hingis qui avait 16 ans et demi lorsqu’elle a remporté non pas un tournoi WTA, mais un tournoi du Grand Chelem (Melbourne 1997)… ou encore à Michael Chang, qui avait 17 ans lors de son triomphe en tournoi majeur (Paris 1989), on pense à des réussites tenant du prodige. 

Mais ces exploits canadiens ont de quoi nous faire applaudir. Et nous faire espérer le meilleur à court ou à moyen terme.

La résurrection de Caroline

Photo : V. Witters / Presse sports

Ils viennent… et s’en vont.

Pour quelques Williams, Nadal, Barty, Djokovic, Halep, Federer, Osaka et autres grands noms du tennis, ils sont des dizaines à s’approcher du Top 10 et même du Top 3 pour quelques semaines seulement. 

Puis, ils s’éloignent, s’éloignent, jusqu’à s’évanouir tranquillement. 

Blessure, pression, maladies du corps ou de l’âme, peu importe. Il est difficile d’arriver au sommet et infiniment plus difficile d’y rester.

Mais, quelquefois, malgré une longue absence, ils REVIENNENT !

Et Caroline Garcia est un bon exemple. 

En battant la numéro un mondiale, chez elle à Varsovie, Garcia vient de remporter son deuxième tournoi en seulement 35 jours et le neuvième titre de sa carrière.

Celle qui vient de remporter 18 de ses 21 derniers matchs est en pleine ascension. Ou devrais-je dire, en pleine réascension. Elle s’est réveillée lundi au 32e rang de la WTA. Une amélioration de 43 échelons dans un intervalle de sept semaines. 

Mais elle revient de loin.

En octobre 2017, Caroline volait haut, à l’image de sa routine suivant chaque titre.

Photo : Ubitennis.net

Elle remportait coup sur coup les tournois WTA 1000 de Wuhan et de Pékin et atteignait les demi-finales du Championnat de fin de saison pour se hisser au 8e échelon mondial. Le 23 septembre 2018, après avoir connu une bonne saison, elle atteignait le quatrième rang — qu’elle a occupé pendant trois semaines. 

La suite n’a toutefois pas été à la mesure de cette belle progression. 

Son bilan des années 2019, 2020 et 2021 s’établissait à 61 victoires et 63 défaites. Le 22 mai dernier, elle était 79e

Ensuite, l’éveil. Brusque et… formidable.

Photo : Getty

En juin, elle enlevait le titre du tournoi de Bad Homburg, battant en finale Bianca Andreescu au terme d’un match dont le niveau de jeu était exceptionnel. Après de bonnes prestations à Wimbledon, Lausanne et Palerme, voilà qu’elle remporte un autre tournoi, celui de Varsovie, en Pologne. 

Au passage, elle s’est payé la grande favorite locale et numéro un mondiale, Iga Swiatek, qu’elle a battue en quarts de finale 6-1, 1-6 et 6-4. Qui plus est, elle mettait fin à la séquence de 18 victoires de la Polonaise sur terre battue, rien de moins. Et le passage éclair de Swiatek, pour la poignée de main, en disait long sur sa frustration et, forcément, l’exploit de la Française.

Image : WTATV

Caroline Garcia est âgée de 28 ans. Comme beaucoup, beaucoup de joueuses avant elle (et de joueurs également), elle est la preuve qu’il ne faut jamais jeter l’éponge lorsque les mauvaises séquences, les mauvaises années s’accumulent. 

À la regarder jouer, rien ne pourrait l’empêcher de remporter un tournoi du Grand Chelem. Un rêve qui, lors des récentes années, semblait inaccessible.

Un Federer sur le toit

Image : Youtube
Image : Youtube

C’était il y a deux ans. 

Les confinements décrétés dans de nombreux pays avaient fait ressortir la créativité des gens, notamment des amants du tennis, quant à la façon de bouger et de se divertir malgré tout.

Deux adolescentes italiennes, Vittoria et Carola, avaient publié une vidéo devenue virale, alors qu’elles échangeaient des balles depuis deux toitures différentes, le filet étant remplacé par le vide entre les deux édifices de ce village de la région de Ligure, un peu à l’est de la France, au nord de l’Italie. 

En ces temps de distanciation, elles avaient joint l’utile à l’agréable en poussant le concept à l’extrême.

Une entreprise avait récupéré l’histoire et avait décidé d’en faire une suite remplie de surprise et d’émotion pure. Cette entreprise de pâtes, Barilla, et son plus illustre représentant, Roger Federer, étaient allés surprendre les deux jeunes joueuses.

J’ai revu la vidéo détaillant les préparations de cette surprise, en coulisses, et le « match » entre le Maître et les deux jeunes Italiennes. J’en ai eu (encore) la larme à l’œil.

Et comme Roger Federer est plutôt complice avec Rafael Nadal, il n’en fallait pas plus pour qu’il s’arrange avec son rival et ami pour organiser, en cadeau, un superbe camp d’été à l’Académie Rafa Nadal, à Majorque.

Ah oui, j’avais oublié de vous dire que le village où « le match des toits » s’est déroulé se nomme Finale Ligure. 

« Finale »… Ça ne s’invente pas.

Courriel : privard@tenniscanada.com

Twitter : @paul6rivard

Pour suivre tous nos Canadiens à la trace, c’est ici.

Tags