Rafael Nadal gathering things post-match

Photo : TennisWorldUSA.org

La question n’est pas récente, mais elle refait surface chaque fois qu’un forfait d’une telle ampleur se produit. 

Le réputé journaliste du New York Times, Christopher Clarey, milite pour une solution qu’il a de nouveau suggérée au monde du tennis, le 7 juillet dernier.

Aurait-on dû permettre à Taylor Fritz, battu en quart de finale à Wimbledon par Rafael Nadal, d’être promu à la demi-finale lorsque son célèbre rival a déclaré forfait en raison d’une blessure à l’abdomen ?

Et devrait-on modifier la règle du « repêchage » et rendre systématique cette promotion d’un perdant au tour suivant lorsque l’adversaire l’ayant battu n’est pas en mesure de poursuivre ? 

Sacrilège ?

Logique ? 

Irrespect ?

Justice ?

Évolution ?

Je crains que ce soit tout ça en même temps. Mais, personnellement, je ne déteste pas cette idée.

Je vais toutefois tenter de résumer les arguments favorables et défavorables de ce qui pourrait peut-être éviter ces immenses déceptions lorsqu’un tournoi voit son déroulement gâché par les impondérables que créent les blessures. 

Et parmi ces déceptions, on pense bien sûr au fait que le public est privé d’un match, souvent par une tête d’affiche pour laquelle il a payé cher le coût d’entrée. 

Et, certes, la programmation d’autres matchs de double, peu importe leur importance et leur qualité, n’est pas une solution de remplacement adéquate aux yeux des consommateurs. Avec tout le respect que je porte aux étoiles féminines et masculines du double, bien sûr.

Et, contrairement à ce que l’on pourrait croire, un tour de « congé » n’est pas toujours un cadeau. Si le repos est le bienvenu dans ces longs et épuisants tournois majeurs, il brise aussi le rythme. Le cas de Nick Kyrgios est un bon exemple, compte tenu du momentum sur lequel il caracolait à l’issue de sa victoire en quart de finale.

Ainsi, chaque fois qu’un athlète est incapable de poursuivre son parcours, on pourrait faire avancer le perdant au tour suivant afin d’éviter les désagréments cités plus haut dans ce texte.

Pour

D’abord, une mise en contexte.

Lorsqu’un joueur du tableau principal n’est pas en mesure de disputer son premier match, il est immédiatement remplacé par un joueur ayant perdu au dernier tour des qualifications. L’expression anglaise « Lucky Loser » est exprimée en français par « joueur repêché ». Alors, si on comble le vide laissé par le blessé par un perdant d’un match précédent, au premier tour d’un tableau, pourquoi cette règle ne peut-elle s’appliquer pour la suite du tableau ? Qu’on soit au premier ou à l’avant-dernier tour ?

D’ailleurs, ces joueurs repêchés ont déjà été à l’origine de quelques contes de fées. Imaginez lorsque vous préparez vos bagages pour quitter un tournoi et qu’on vous permet d’y rester parce que vous avez été repêché et que vous… gagnez cette compétition !

Parmi les plus récents exemples, citons celui de l’Américaine Corie « Coco » Gauff, au tournoi de Linz, en Autriche, en 2019, ainsi que du Russe Andrey Rublev, en 2017, à Umag, en Croatie. Ce qui est particulier, c’est qu’une semaine plus tard, l’Allemand Leonardo Mayer a réalisé le même exploit à Hambourg.

Admettons maintenant que Nadal, souffrant de cette déchirure abdominale, se retire alors qu’il est en avant dans la dernière manche. Fritz aurait-il eu moins de mérite de participer à la demi-finale que si on lui avait permis de remplacer Nadal contre Kyrgios ? Ou que l’Australien en a eu d’accéder à sa première finale du Grand Chelem, sans même disputer sa première demi-finale ? Poser la question, c’est y répondre.

Contre

« Non, non, non, non, non. Vous ne pouvez pas perdre en demi-finale et remporter un tournoi du Grand Chelem. Non ! »

Ce cri du cœur, il venait de l’ex-numéro un mondial, l’Américain Andy Roddick, très présent dans les médias sociaux et médias électroniques depuis sa retraite.

Je manquerais d’espace pour énumérer les arguments opposés à l’avènement d’un repêchage intégral. Mais le fil Twitter de Clarey, ainsi que la réponse d’Andy Roddick ont engendré un débat des plus intéressants que je vous invite à suivre ici.

Photo : New York Times

Comme le terme anglais l’indique, il faut évidemment une certaine dose de chance pour être un « Lucky Loser ». Même si vous avez tout le mérite de vous être rendu au tour ultime des qualifications, il faut tout de même que le sort vous favorise et qu’un athlète du tableau principal se désiste. 

Comme on le dit, le malheur des uns fait le bonheur des autres.

Parlez-en à un des plus célèbres « perdants chanceux » du tennis, NOTRE Peter Polansky, devenu depuis quelques mois l’entraîneur de Denis Shapovalov. 

En 2018, Polansky avait eu la distinction d’être repêché dans chacun des quatre tournois du Grand Chelem. Oui, tous les quatre. 

Même s’il devait ensuite perdre au premier tour — chaque fois —, il n’en avait pas moins de mérite. 

Et le 28 août de cette année-là, il avait souligné ce quatrième repêchage ainsi sur Twitter :

En plus d’avoir droit à un article sur son « exploit » dans le prestigieux New York Times.

Shapo : Pas de conseils depuis les gradins

Photo : TennisMajors.com

L’après-Wimbledon 2022 marque le début d’une nouvelle ère pour les joueurs de l’ATP. Pour la première fois — et à titre d’essai —, les tennismen professionnels pourront recevoir les conseils de leurs entraîneurs pendant le déroulement d’un match. 

Mais ce ne sera pas une option pour le Canadien Denis Shapovalov. 

Il n’est pas intéressé. Il est carrément contre. Nous reviendrons aux arguments de Shapo un peu plus loin. 

D’abord, rappelez-vous ce souhait qu’avait exprimé Stefanos Tsitsipas, en 2021, après qu’il eut été ciblé comme un joueur recevant des conseils de son entraîneur de père, Apostolos. Ce dernier n’a été accusé de rien, mais le sujet avait fait jaser.

J’en avais fait une réflexion sur ce blogue, l’an dernier.

L’ATP a donc décidé, le mois dernier, d’en faire l’essai, imitant à sa façon la démarche de l’organisation sœur, la WTA, entre 2008 et 2019 (et interrompue par la pandémie). La WTA, rappelons-le, permettait l’intervention SUR le court, de l’entraîneuse ou de l’entraîneur, une fois par manche, avec la possibilité pour l’amateur d’entendre les propos et conseils prodigués. Au début de 2020, la WTA allait amorcer un essai relativement à ce coaching depuis les gradins, probablement en réaction à l’incident new-yorkais impliquant Serena Williams et son entraîneur Patrick Mouratoglou, pendant la finale l’opposant à Naomi Osaka en 2018.

Les entraîneurs pourront donc parler à leurs protégés dans tous les tournois (qualifications incluses), incluant le quatrième et dernier événement du Grand Chelem, les Internationaux des États-Unis, ainsi que les finales de l’ATP, à Turin, à la fin de la saison. Voici les règles, telles que publiées sur le site de l’ATP :

  • Les entraîneurs doivent occuper les sièges désignés à cet effet par l’organisation du tournoi
  • Les conseils de l’entraîneur (verbaux ou non) sont permis seulement s’ils n’interrompent pas le jeu ou s’ils ne dérangent pas l’adversaire.
  • L’entraîneur pourra s’adresser à son joueur seulement si ce dernier se trouve du même côté que lui.
  • Les conseils non verbaux (signes de la main) sont permis en tout temps.
  • Seuls quelques mots ou de courtes phrases seront permis. Pas les discussions.
  • Les entraîneurs ne peuvent s’adresser à leur joueur si ce dernier quitte le court pour quelque raison que ce soit.
  • Des sanctions et des amendes demeurent susceptibles d’être décernées pour usage excessif ou usage incorrect des règles ci-dessus.

Tout cela semble intéressant, particulièrement s’il est possible d’avoir accès à ces propos émis depuis les gradins, comme c’est le cas dans le tournoi de type « NextGen », mettant en vedette les meilleurs joueurs de 21 ans et moins du tennis masculin. L’édition 2021 avait été remportée par Carlos Alcaraz, conseillé ici par Juan Carlos Ferrero (à droite).

Photo : ATPTour.com

J’ai personnellement adoré cette initiative de la WTA. Les techniques et tactiques, les messages d’encouragement et les analyses stratégiques des entraîneurs étaient hautement captivants pour quiconque pratique le sport ou qui s’intéresse à ce qui se passe entre les athlètes et ceux et celles qui les dirigent.

Certaines interventions sont même devenues virales, comme ces deux discours de motivation du Belge Philippe Dehaes qui était alors l’entraîneur d’une jeune et émergente Daria Kasatkina, en 2018.

Du pur bonbon.

Revenons maintenant à notre Denis.

Tout juste avant le tournoi de Wimbledon, il accordait une longue entrevue à la journaliste française Carole Bouchard pour le compte du site Tennis Majors.

Au nombre des sujets abordés se trouvait justement cet essai de l’ATP et la position du gaucher torontois a fusé comme un de ses revers en croisé. 

« Je suis contre. Le tennis est un des seuls sports où les conseils de l’entraîneur ne sont pas permis pendant le jeu. C’est ce qui rend le tout si différent. C’est tellement spécial d’avoir seulement deux joueurs qui s’affrontent. Le travail de préparation et l’aide nécessaire ont été fournis auparavant et, là, c’est vous qui prenez les décisions, d’expliquer un Shapovalov bien installé dans ses convictions. Ça change la tradition. Je ne veux pas de ce changement… mais nous verrons bien comment ça se passe. »

À son premier (et seul) tournoi de la NextGen, Shapo avait pu tâter de cette expérience, à Milan alors que ce type de compétition en était à sa toute première édition, en novembre 2017.

Son entraîneur d’alors, Martin Laurendeau, et lui-même, semblaient bien s’en amuser, à l’époque. Voici l’extrait :

Les temps ont changé… mettons.

AYOYE !

Photo : Tennis365.com

C’était prévu, attendu, calculé et analysé. 

Mais lorsque les classements ont été mis à jour au lendemain de l’édition 2022 de Wimbledon, la réalité semblait frapper encore un peu plus durement !

Parlez-en à Denis Shapovalov, Hubert Hurkacz et Matteo Berrettini.

Et, SURTOUT, à Novak Djokovic.

Un coup d’œil au Top 24 de l’ATP, en ce lundi 11 juillet, suffisait pour se faire une assez bonne idée. La colonne des points (ajoutés ou soustraits) était du même rouge que celle des bilans déficitaires que regardent avec horreur plusieurs entreprises à l’issue d’une mauvaise journée en bourse.

L’absence de points de classement ayant été décrétée pour le troisième tournoi majeur de l’année, Shapovalov a perdu d’un coup sa récolte de points acquise, 12 mois plus tôt, grâce à sa présence en demi-finale sur le gazon londonien. 

Photo : TennisMajors.com

Hurkacz, lui, en a perdu à peu près la même chose, soit 710. Quant à Berrettini, finaliste l’an dernier, c’est un total de 1200 points qui a été soustrait de son compte.

Photo : Wimbledon.com

Mais c’est le champion des quatre dernières éditions, Novak Djokovic, qui encaisse la plus grosse perte, soit les 2000 points remis habituellement au vainqueur du All England Club. Et si on pousse le calcul plus loin, compte tenu de son succès, c’est un différentiel de… 4000 points qui s’affiche dans son compte.

D’où le choix du titre de ce segment.

Souplesse de cadre

Photo : Twitter

On savait tous que les tamis de raquettes, comme les balles qui les percutent, pouvaient être déformés au moment du contact.

Mais rarement a-t-on eu un exemple aussi… frappant que les cadres de raquettes étaient d’une surprenante souplesse.

Lors de votre prochain magasinage, lorsque le préposé vous demandera si vous préférez un cadre rigide, moyen ou souple, vous saurez de quoi il parle.

Même si vous ne frappez pas aussi fort que Nick.

Courriel : privard@tenniscanada.com

Twitter : @paul6rivard

Pour suivre tous nos Canadiens à la trace, c’est ici.

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