|Tennis Canada: Pascal Rathée
En quatre décennies de couverture de tennis, je ne me suis jamais pointé aussi tôt pour un tirage que ce vendredi. J’étais sur place au moins trois heures avant parce qu’il n’était pas question que je manque la conférence du 40e anniversaire de la Coupe Rogers pour apprécier tout ce qui se fait et continue de se faire à Montréal.
Il faut croire que je ne suis pas seul puisqu’il y avait foule au Salon BMW.
J’ai eu ce flash lorsque l’ami Michel Lacroix a présenté John Beddington qui vit à Londres, Richard Legendre et Eugène Lapierre à la tribune.
Force est d’admettre que trois bâtisseurs seulement pour la considérable somme de travail accompli en 40 ans (fonder le tournoi, reconvertir un ancien stade de baseball et sans cesse améliorer les deux) ce n’est pas beaucoup.
N’oublions pas la formation d’un surdoué comme Félix Auger-Aliassime dans les réalisations.
J’ai fait une recherche nullement scientifique, mais absolument révélatrice sur l’impact de John, de Richard et d’Eugène au fil de toutes ces années.
Pendant qu’ils ont tenu le fort depuis l’avènement du tournoi en 1980, les partisans du Canadien ont vu défiler sept directeurs généraux et treize changements d’entraîneurs avec Claude Julien revenu deux fois, tout comme Michel Therrien d’ailleurs.
Pour ratisser plus large, on est allé du côté de la politique et sachez aussi que le Québec a assisté pendant la même durée de 40 ans à la procession de onze premiers ministres, incluant François Legault, un fan de tennis en passant. Le Canada en a eu neuf, ex aequo avec Montréal pour le nombre de maires.
LE SUCCÈS PASSE AUSSI PAR LA STABILITÉ
Trêve de statistiques et revenons au tennis. On me demande souvent quelle est la recette de la réussite du tennis — alors qu’à l’époque il n’y avait qu’environ 5000 spectateurs pour la semaine, le tournoi en attire maintenant quatre fois plus quotidiennement.
Chez John Beddington, Richard Legendre et Eugène Lapierre, la compétence, la vision, la créativité, la reconnaissance du travail d’équipe et l’intimité créée auprès du public… tout cela est vrai. Il existe une autre vérité dans le brio du tennis à Montréal qui commence par S comme dans succès. On appelle ça aussi la S-T-A-B-I-L-I-T-É dans la haute performance, mes amis.
CE QU’ILS ONT DIT :
JOHN BEDDINGTON : « La première année, en 1980, nous avons tenu un tournoi laboratoire et un facteur clé avait été de convaincre l’ATP de venir à Montréal l’année suivante. Ivan Lendl était là. John McEnroe aussi. Les meilleurs joueurs ont suivi. Le concept d’alternance entre Montréal et Toronto avec les hommes et les femmes se poursuit depuis. »
RICHARD LEGENDRE : «Le tennis (lire la Coupe Rogers) est le plus grand succès sportif au Québec compte tenu de tout ce qui a été accompli et continue d’être accompli surtout en considérant d’où nous sommes partis. Pour le stade, je me souviens avoir dû négocier avec six gouvernements différents en raison des élections qui ne cessaient de se succéder.»
EUGÈNE LAPIERRE : « Le défi que je me suis donné est de ne jamais nous laisser distancer par la compétition internationale et je dois le dire, le succès du tennis à Montréal est celui de… Montréal. Bien beau faire un bon “show”, attirer les meilleurs joueurs du monde, mais sans le public, cela ne marche pas ».
RAFA AU TRAVAIL DEUX FOIS PLUTÔT QU’UNE
Sachez que Rafael Nadal n’est pas à Montréal en touriste. Oh que non !
Ce n’est pas à une, mais à deux séances d’entraînement qu’il a eu vendredi avec son équipe sur le Court central.
Alexander Zverev, gagnant de la finale devant Roger Federer lors de la dernière visite des hommes à Montréal 2017, Stan Wawrinka, Gaël Monfils, Kei Nishikori et David Goffin sont d’autres noms connus qui ont aussi été vus à l’entraînement avec… Félix Auger-Aliassime.
Félix est un autre qui possède l’éthique du travail. Il était de retour dès le lendemain de son élimination au 3e tour de Washington.
MURRAY VIENDRA EN… DOUBLE SEULEMENT
Andy Murray fera le déplacement à Montréal pour disputer le double. L’ex-numéro un fera équipe avec Feliciano Lopez, avec qui il a remporté le titre au Queen’s Club, avant Wimbledon.
120
Voilà le nombre d’heures de retransmission du tennis à TVA Sports.
UN MATCH ENTRE DEUX CANADIENS
Comme à Wimbledon, ce sera Félix contre Vasek Pospisil, aussi son partenaire de double, au 1er tour.
« Louis trouve toujours un moyen de faire passer nos joueurs au deuxième tour », blaguait Martin Laurendeau, de bonne humeur.
On revient en fin de semaine avec l’analyse détaillée du tableau principal.
Photo en vedette : Patrice Bériault