Leylah and Bianca Fernandez sitting next to each other outdoors

Photo : Radio Canada

Le 28 février, Leylah Annie Fernandez a repris la compétition au tournoi de Monterrey, au Mexique, où elle est la deuxième tête de série. Dans un premier match sans histoire, Leylah a triomphé de la Slovaque Anna Karolina Schmiedlova, 88e mondiale, en deux manches identiques de 6-2. 

Pour la finaliste des Internationaux des États-Unis de 2021, il s’agit d’un troisième tournoi cette année. Au début de la saison, elle s’est inclinée au premier tour des Internationaux d’Australie, à Melbourne. Une semaine auparavant, elle avait divisé les honneurs de ses deux matchs au tournoi préparatoire d’Adélaïde. 

Rappelons que Monterrey est le site de la conquête de son premier titre de la WTA, l’an dernier, aux dépens de la Suissesse Viktorija Golubic. 

Mais par ailleurs, en jetant un coup d’œil sur le tableau du double, peut-être avez-vous cru voir double en apercevant le nom Fernandez… deux fois ? Pas d’inquiétude, votre vue est correcte. Pour la première fois dans un tournoi de la WTA, Leylah fera équipe avec sa sœur Bianca, d’un an sa cadette (18 ans).

Les sœurs québécoises affrontaient les favorites du tournoi, un duo formé de la Française de 30 ans, Elixane Lechemia et de l’Américaine Ingrid Neel, 23 ans. La logique a été respectée et les jeunes Canadiennes se sont inclinées 6-2, 6-3. 

Cette expérience de double familial n’était pas la première, toutefois. À la mi-février, les frangines se sont retrouvées sur le même terrain, mais séparées par le filet. Dans un match de démonstration au tournoi de Delray Beach — à quelques kilomètres de leur résidence de Boynton Beach — elles s’affrontaient en compagnie des légendaires jumeaux Mike et Bob Bryan. Pour votre gouverne, sachez que Leylah et Bob ont gagné 2-6, 7-5 et 10-3. 

Auparavant, en décembre, Leylah avait publié cette amusante photo alors qu’elle et sa sœur joignaient l’utile à l’agréable sur le sable d’une plage floridienne.

Une vidéo de leur entraînement a également circulé sur les médias sociaux : 

En 2022, Bianca Fernandez a disputé huit matchs de simple en tournois de l’ITF en compilant une fiche de quatre victoires et quatre défaites. À Monterrey, sa première expérience sur le circuit de la WTA, elle a reçu un laissez-passer pour les qualifications et elle s’est inclinée au premier tour. 

L’année dernière, lors de tournois juniors ou d’épreuves professionnelles dotées de bourses de 15 000 $ et 25 000 $, elle s’est forgé une fiche de 27-19, qualifications incluses. 

En terminant, soulignons que les Fernandez ne formaient pas le seul duo de sœurettes dans un tableau de la WTA, cette semaine. L’Ukrainienne Dayana Yastremska, 21 ans, faisait équipe avec sa cadette de 15 ans, Ivanna, dans le tableau du double, à Lyon, en France. Elles sont tombées face à l’Espagnole Georgina Garcia-Perez et à la Suissesse Xenia Knoll en des comptes de 6-2 et 6-4. 

Vesely s’est invité au bal 

Photo : Tennismajors.com 

L’histoire Cendrillon de la semaine dernière est bien celle de Jiri Vesely, sorti de nulle part, littéralement, pour accéder à la finale du tournoi de Dubaï, aux Émirats arabes unis. 

Il y a remporté six matchs avant de s’incliner contre l’un des joueurs les plus efficaces du tennis mondial, actuellement, le Russe Andrey Rublev. 

Mais qui est Jiri Vesely ? 

D’entrée, il faut dire que le colosse tchèque était le 123e mondial en arrivant à Dubaï. Faisant partie des centaines de joueurs qui, après une carrière junior et des débuts prometteurs, se sont joints aux cohortes de ceux qui peuplent les tops 100, 200 et 300.  

Champion junior des Internationaux d’Australie, en 2011, Vesely avait ensuite remporté les Internationaux juniors canadiens, présentés à Repentigny, la même année. Il a ensuite remporté sa part de tournois Challengers en plus d’être titré deux fois en catégorie ATP 250 (Auckland, en 2015, et Pune en 2020). Il a connu ses meilleurs moments entre 2015 et 2017 alors qu’il gravitait autour du 40e échelon mondial (35e en 2015). 

À Dubaï, ça lui a pris tout son p’tit change pour sortir des qualifications. Il y affrontait d’abord l’Américain Hady Habib, 421e mondial, qu’il a difficilement écarté 6-1, 5-7, 6-3. Puis, il a peiné 2 h 27 min pour triompher d’Alexy Popyrin, 66e, en trois manches de 7-6(4), 6-7(6) et 6-2. 

Dans le tableau principal, curieusement, tout allait comme sur des roulettes et il n’a eu besoin que de deux manches, chaque fois, pour se défaire des joueurs classés 24e, 15e et… PREMIER à l’ATP, soit Marin Cilic (6-4, 7-6[3]), Roberto Bautista Agut (6-2, 6-4) et Novak Djokovic (6-4, 7-6[4]). 

Cette victoire face au Djoker, avait un double impact. Outre le fait qu’elle permettait au grand gaucher d’accéder aux demi-finales, elle entraînait la chute du Serbe du sommet du classement mondial, un trône sur lequel il était assis depuis deux ans, soit depuis le 3 février 2020. Il semble que le Tchèque de 28 ans ait le numéro de Djokovic, soit dit en passant, puisqu’il l’avait également surpris au deuxième tour du Masters de Monte-Carlo en 2016. 

Au carré d’as, il a disputé un match spectaculaire contre Denis Shapovalov. Ce thriller a pris fin au terme de trois jeux décisifs.  

Si les multiples doubles fautes du Canadien n’ont guère aidé sa cause, Shapo a disputé un excellent match et on doit reconnaître tout le mérite de Vesely qui, malgré son 1,98 m, était très mobile et s’avérait un véritable mur en défensive. 

Sa bonne étoile l’a finalement quitté dans une finale où l’éventuel vainqueur n’a pas été vraiment inquiété. D’abord, Andrey Rublev, 5e mondial, n’est pas un client facile. Et Vesely avait dû voir sa réserve d’énergie et de confiance arriver à sa limite.  

Photo : TennisNet.com 

Cette confiance sera toutefois revigorée avec l’énorme bond de 49 places qu’il a fait au classement de l’ATP où il est passé de la 123e à la 74e place. Il lui reste maintenant à ne pas oublier ce qui lui a permis de vaincre tous ces joueurs du Top 25 dans la même semaine. 

Deux gars en FEU ! 

Rafael Nadal et Andrey Rublev brûlent l’ATP depuis le début de l’année. 

Si le premier n’a plus besoin de présentation, le second est une sérieuse étoile montante qui talonne l’Espagnol dans la course vers l’accession au Top 3.  

Ce que ces deux joueurs ont réalisé depuis le début de 2022 est phénoménal. Après avoir fait l’impasse sur la Coupe ATP en raison de la COVID-19, Andrey Rublev y est allé d’une charge irrésistible depuis son revers au troisième tour des Internationaux d’Australie. Il a enlevé 12 des 13 matchs suivants, participant à trois finales consécutives desquelles il est ressorti avec deux titres, soit ceux de Marseille et de Dubaï. 

Résultat : Une fiche de 14-2 et une accession au 6e rang mondial.  

Rafael Nadal, de son côté, a fait encore mieux, remportant les 15 matchs qu’il a disputés depuis son retour au jeu après une absence de quatre mois.  

Après un « échauffement » au tournoi préparatoire de Melbourne, il a refait le coup à Acapulco, au Mexique, dans une épreuve du Circuit 500 de l’ATP.

Mine de rien, il s’agit du meilleur début d’année dans toute la carrière de Rafael Nadal. 

En effet, l’homme aux 21 titres de grands chelems n’a jamais remporté autant de matchs consécutifs pour amorcer une saison. Jusque-là, son meilleur départ remontait à 2014 alors qu’il avait triomphé à ses 11 premiers affrontements avant de s’incliner en finale des Internationaux d’Australie face à Stan Wawrinka. 

Après un premier tournoi sans histoire, il a travaillé fort au parc Melbourne, avant de traverser le tournoi d’Acapulco sans perdre une seule manche. 

Source : Coretennis.net 

Il se rendra maintenant à Indian Wells où il tentera d’allonger cette séquence pour, éventuellement, se hisser au classement des meilleurs débuts d’année de l’ATP.  

S’il remporte deux autres matchs, il se joindra à Pete Sampras (1998) et à Roger Federer (2017) qui avaient remporté leurs 17 premières rencontres. Ensuite, cap sur la marque de 20 victoires de suite en début de saison de Novak Djokovic (2020). Pour ce faire, il devra atteindre la demi-finale à I. W. 

Grosse commande. Mais une commande à la hauteur des attentes lorsqu’il est question du grand Rafael Nadal. 

Pas de guerre, svp

Les deux dernières années l’ont mis à mal, mais le sport conserve des valeurs auxquelles il faut croire. 

Qu’il s’agisse du sport en général ou du tennis en particulier… qu’il s’agisse de spectacle de divertissement athlétique ou de motivation pour les adultes et leurs rejetons, le sport continue de servir d’échappatoire morale et même de pont entre les nations et ses habitants.  

Deux années de pandémie, de controverses et de conflits viennent toutefois ébranler ces belles manifestations d’activités physiques. Et les défis continueront de se multiplier.  

Pensons à l’égalité des bourses et au traitement réservé au tennis féminin, en comparaison à son vis-à-vis masculin, ou de la position à adopter devant les agissements de certains pays.   

Comment demeurer neutre lorsque de tels enjeux nous portent à adopter des positions fermes ?  

Peut-on tenir des manifestations sportives dans un pays où les droits de la personne sont bafoués ? Peut-on tenir des manifestations sportives dans un pays qui envahit son voisin avec la violence barbare des guerres passées ? 

Les dirigeants d’organisations comme la WTA et l’ATP auront à statuer bientôt, comme le feront bien d’autres ligues ou circuits de sports divers.   

Déjà, la direction de la WTA a décidé de ne pas tenir de tournois en Chine, du moins tant que « l’affaire Peng Shuai » n’aura pas connu de dénouement satisfaisant pour la communauté internationale. L’ATP, de son côté, vient de publier son calendrier et quatre tournois y figurent en terres chinoises. 

Qu’adviendrait-il des tournois prévus en Russie, en temps de conflit ? Déjà, plusieurs sports seront affectés par la situation actuelle. Qu’il suffise de mentionner l’équipe de hockey de Riga (Lettonie) qui quitte les activités de la KHL, une ligue russe. Les organismes régissant le soccer européen (UEFA) et le soccer mondial (FIFA) viennent d’exclure les clubs russes et les sélections nationales russes de toutes leurs compétitions, ce qui inclut la prochaine Coupe du Monde, au Qatar. À l’orée des Jeux paralympiques de Pékin, un important regroupement d’athlètes ukrainiens demande à ce que les comités nationaux russes et biélorusses soient suspendus.

Le 1er mars, la WTA et l’ATP se sont jointes à ce mouvement planétaire en annonçant la suspension des tournois prévus à Moscou en octobre. Tout athlète russe ou biélorusse peut continuer à participer aux tournois, mais sous pavillon neutre et sans la désignation de leur origine. De plus, l’ITF a suspendu les fédérations russe et biélorusse de tennis.  

Tant de questions ! Des questions qui sont faciles à répondre pour certains et moins pour d’autres.  

Il est beau de voir les gestes de solidarité de part et d’autre, comme ceux des deux grandes vedettes russes du tennis, Daniil Medvedev et Andrey Rublev. Ce dernier qui, à la suite de sa victoire de dimanche à Dubaï, a écrit ce court message, aussi simple que clair, sur la lentille de la caméra : « Pas de guerre, svp ! ».  

De son côté, Medvedev y est allé d’un vibrant plaidoyer pour la paix. Et que dire de la décision de l’Ukrainienne Elina Svitolina, qui versera tout l’argent de ses prochaines bourses afin de soutenir l’action humanitaire dans son pays ? 

Quant à Félix Auger-Aliassime, invité à s’exprimer sur le plateau de la populaire émission québécoise « Tout le monde en parle », le 27 février à Montréal, il a déclaré : « Nous dans le monde du tennis, on cohabite tous très bien ensemble, qu’on vienne de partout dans le monde, peu importe nos croyances, nos origines. Donc je pense que c’est un très beau message qu’on envoie. » 

Photo : Radio-Canada 

À l’instar des Jeux olympiques, doit-on empêcher les athlètes d’offrir des performances et les intégrer aux enjeux politiques ou le sport, justement, doit-il continuer de servir de trêve et de compensation aux périodes sombres, dans des lieux troublés ? 


L’avenir continuera d’apporter des interrogations et des réflexions.   

Courriel : privard@tenniscanada.com 

Twitter : @paul6rivard 

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