Le côté négatif de la saison de Leylah Annie Fernandez et de Bianca Andreescu est que les deux joueuses ont chuté au classement depuis leurs beaux jours. Elles connaissent les difficultés auxquelles sont souvent confrontées les joueuses qui montent en flèche.
Le côté positif est qu’elles sont des joueuses talentueuses prêtes à se relever en 2023.
Au début des Internationaux des États-Unis de 2021, Fernandez et la Britannique Emma Raducanu étaient peu connues. À la fin de la quinzaine, Fernandez, qui avait célébré son 19e anniversaire de naissance, était finaliste, tandis que Raducanu, à deux mois de son 19e anniversaire, était, à la surprise générale, la grande championne.
Au lendemain de ce dénouement étonnant, on se demandait comment les deux jeunes allaient se comporter dans les mois et les années à venir.
À cet égard, Fernandez est jusqu’à présent la grande gagnante : son classement est passé du 24e rang à la fin de 2021, au 40e rang à la fin de cette année, alors que Raducanu est passée de la 19e à la 80e place.
En 2022, les deux joueuses ont géré des blessures : Fernandez a subi une fracture de stress de niveau 1 sur le dessus de son pied droit qui l’a tenue à l’écart du jeu du début juin au début août lors de l’Omnium Banque Nationale de Toronto.
Raducanu a souffert de plusieurs blessures ici et là au cours de l’année et elle a terminé la saison avec une fiche de 17 victoires et 19 défaites, comparativement à 21 gains et 15 revers pour Fernandez.
La défaite de Fernandez au premier tour des Internationaux d’Australie face à l’Australienne Maddison Inglis était de mauvais augure, mais au moins, cela lui donne une occasion en or d’améliorer ce résultat le mois prochain à Melbourne.
Après l’Australie, Fernandez a renoué avec la victoire à Monterrey, au Mexique, et a défendu son titre avec succès grâce à un gain de 6-7(6), 6-4 et 7-6(3) aux dépens de la Colombienne Camila Osorio en finale.
Elle a ensuite fait piètre figure à Miami (Karolina Muchova) et à Charleston (Magda Linette) avant de retrouver son niveau habituel en atteignant les quarts de finale de Roland-Garros à la suite de victoires face à Belinda Bencic (14e) et à Amanda Anisimova (28e) avant de se blesser au pied au début de son duel contre l’Italienne Martina Trevisan (59e). Même dans la souffrance, Fernandez s’est battue jusqu’à la fin, mais a perdu le match 6-2, 6-7(3) et 6-3, et a raté la saison sur gazon et une partie de celle sur surface dure avant d’effectuer un retour à Toronto.
Beatriz Haddad Maia a eu raison de Fernandez au deuxième tour de l’Omnium Banque Nationale, et pour le reste de l’été, elle a affronté des Russes coriaces, perdant contre Ekaterina Alexandrova à Cincinnati, Liudmila Samsonova à Flushing Meadows, et Daria Kasatkina à San Diego. Elle a également plié l’échine à deux reprises face à Bencic, soit à Guadalajara, en octobre, et à la Coupe Billie Jean King, à Glasgow.
Mais Fernandez nous a donné un parfait exemple de sa fougue lors de la première rencontre du Canada à Glasgow. Elle a pris sa revanche sur Trevisan en démolissant la 28e mondiale en deux manches de 6-0 et 6-0 en 44 minutes.
Malgré toutes les embûches de l’année, Fernandez n’a jamais semblé perdre son esprit compétitif, ce qui est de bon augure pour la prochaine saison.
Depuis 2019 et son remarquable triomphe aux Internationaux des États-Unis, Bianca Andreescu a vécu des moments difficiles. Des problèmes au genou et au pied l’ont forcée à faire l’impasse sur la saison 2020. À son retour en 2021, elle a dû composer avec des blessures et la COVID-19, ce qui l’a amoindrie mentalement et physiquement.
C’est en partie pour cette raison qu’elle a repoussé le début de sa saison 2022, optant pour s’accorder une pause santé au Costa Rica afin de « faire le point, récupérer et grandir. »
Elle a été absente du circuit d’octobre 2021 à la mi-avril 2022, effectuant un retour au jeu sur la terre battue de Stuttgart.
Au cours de l’année, elle a souvent joué un tennis digne de son pedigree — battant des joueuses comme Halep, Kasatkina (deux fois), Haddad Maia, Samsonova, Cornet, Collins et Kvitova —, mais trop souvent sans maintenir la constance de haut niveau nécessaire pour aller loin dans les tournois.
Elle n’a subi qu’une seule défaite au premier tour et a atteint une finale, celle de Bad Homberg, en Allemagne, lors de laquelle elle est tombée aux mains de Caroline Garcia.
Lors des trois tournois du Grand Chelem qu’elle a disputés, elle a perdu contre des adversaires de qualité : contre Bencic au deuxième tour de Roland-Garros, contre Elena Rybakina au deuxième tour de Wimbledon et contre Garcia au troisième tour des Internationaux des États-Unis.
Elle a terminé la saison au 46e rang mondial.
Lorsqu’Andreescu a mis fin à son association avec l’entraîneur Sven Groeneveld à la fin de la saison, cela a créé une occasion pour un nouveau départ en 2023.
L’histoire la plus réjouissante du tennis féminin canadien de 2022 a été le retour de Rebecca Marino dans le Top 100 pour la première fois en 10 ans.
Marino, qui a célébré son 32e anniversaire de naissance le 16 décembre, a enregistré une fiche de 49 victoires et 24 défaites en parcourant le monde. Elle a pris part à 25 tournois, de l’Australie au début de l’année jusqu’à Tampico et à la Coupe Billie Jean King à Glasgow, en passant par l’Inde et la Corée du Sud.
Elle s’est qualifiée pour les tableaux principaux des Internationaux d’Australie et Roland-Garros, mais s’est inclinée au tour initial des trois premiers tournois du Grand Chelem de l’année. Cependant, elle a franchi un tour des Internationaux des États-Unis pour la première fois depuis 2010 grâce à un gain aux dépens de la Polonaise Magdalena Frech, avant de disposer de l’Ukrainienne Daria Segur, qui avait éliminé Halep au tour précédent. C’est finalement la Chinoise Zhang Shuai qui a mis fin au parcours de la Canadienne au troisième tour.
En mars, Marino a remporté un tournoi ITF à Arcadia, en Californie, et était finaliste la semaine suivante à Irapuato, au Mexique.
Le point le plus bas de son année, surtout parce que son jeu sied bien au gazon, a été sa défaite au premier tour à Wimbledon contre la qualifiée Katarzyna Kawa. La Polonaise est principalement une joueuse de double et occupait le 132e rang du simple.
La plus belle victoire de Marino, si on regarde les classements, est survenue lors du dernier tournoi de la saison, à Tampico, contre Fernandez, 40e mondiale.
Marino a connu beaucoup de succès après avoir conclu une entente avec l’entraîneur mexicain Bruno Echagarry, et elle a terminé l’année au 64e échelon, comparativement au 144e à la fin de 2021.
Carol Zhao, qui possède un classement de la WTA depuis plus d’une décennie, mais qui a passé une partie importante de cette période à l’Université de Stanford où elle a été finaliste du simple de la NCAA en 2015, vient de terminer la saison au sein du Top 200 (190e) pour la deuxième fois de sa carrière après une année presque exempte de blessure – une amélioration de 93 rangs depuis janvier 2022.
Cette année, Zhao a participé à 26 tournois (29-24) et son moment fort a été la conquête du titre du tournoi ITF (100 000 $) de Charleston, en Caroline du Sud, en juin, trois semaines après avoir été couronnée championne à Incheon, en Corée (25 000 $). Elle a fait partie de l’équipe canadienne de la Coupe Billie Jean King pour les rencontres de Vancouver et de Glasgow.
En 2022, Katherine Sebov a grimpé du 344e au 223e rang du classement de la WTA. En octobre, la Torontoise a atteint la finale du Challenger Banque Nationale de Saguenay, au Québec, perdant 3-6, 6-4 et 6-3 face à l’Indienne Karman Kaur Thandi (308e). À la fin de la saison, elle s’est qualifiée pour le tournoi 125 de la WTA de Midland, au Michigan, et a accédé aux quarts de finale. Plus tôt cette année, elle a été demi-finaliste de quatre épreuves de l’ITF, soit une à Nottingham, en Angleterre, en avril, deux à Madrid, en juin, et une à Columbus, en Ohio, en juillet.
Eugenie Bouchard, figure parfois oubliée du tennis féminin canadien, a été opérée pour une déchirure du sous-scapulaire de l’épaule droite en juin 2021. Elle a effectué un retour au jeu en août 2022 à l’Odlum Brown VanOpen, son premier tournoi depuis mars 2021. Elle a repris le boulot sans classement, et après 15 matchs (6-9), elle occupait le 327e rang. Elle a connu son moment de gloire en octobre lors du tournoi WTA 500 d’Ostrava, en République tchèque. Aux qualifications, elle a battu Océane Dodin (100e) et Dalma Galfi (87e) avant de tomber aux mains de Bencic (14e) en trois manches de 6-7(7), 6-1 et 6-4.
Bouchard, Zhao et Sebov devraient participer aux qualifications des Internationaux d’Australie en janvier prochain.
Gabriela Dabrowski a connu une autre superbe année en double. Malgré un début de saison difficile (1-5), elle et sa partenaire mexicaine Giuliana Olmos ont renversé la tendance en mars en accédant au carré d’as d’Indian Wells avant de poursuivre sur leur lancée pendant la saison sur terre battue. Elles ont remporté le titre à Madrid (WTA 1000) et étaient finalistes à Rome (WTA 1000).
Leur meilleur résultat en tournois du Grand Chelem a été un quart de finale aux Internationaux des États-Unis. Par la suite, Dabrowski a récolté le titre à Chennai, en Inde (WTA 250) aux côtés de la Brésilienne Luisa Stefani, avec qui elle a fait équipe une seule fois cette année, puis celui de Tokyo (WTA 500) avec Olmos.
Olmos et elle se sont qualifiées pour les Finales de la WTA à Fort Worth, au Texas, mais ont été éliminées lors du tournoi à la ronde après avoir signé une seule victoire – 7-6(5), 2-6 et [12-10] contre la Lettone Jelena Ostapenko et l’Ukrainienne Lyudmyla Kichenok.
Dabrowski a terminé la saison au 7e rang mondial grâce à une fiche de 423 victoires et 21 défaites.
Il y a un groupe de jeunes joueuses canadiennes qui émergent avec en tête les Torontoises Victoria Mboko et Kayla Cross.
Mboko, qui occupe le 6e rang du classement junior de l’ITF, a atteint la demi-finale junior des épreuves juniors de Wimbledon et des Internationaux des États-Unis. En février, elle a gagné cinq matchs sans concéder une seule manche pour décrocher le titre d’un tournoi ITF de catégorie 1 à Porto Alegre, au Brésil. La puissante joueuse a fait une magnifique percée en juillet en remportant son premier titre professionnel lors du Challenger de Saskatoon, à 15 ans seulement. Elle a célébré son 16e anniversaire de naissance le 26 août et est déjà 487e au classement de la WTA.
Cross est une gauchère déterminée qui a atteint le troisième tour des volets juniors de Wimbledon et des Internationaux des États-Unis. Elle est 22e au classement junior de l’ITF.
Elle excelle également en double et a été couronnée championne à Saskatoon en juillet avec sa compatriote Marina Stakusic. De plus, elle était finaliste au Challenger de Calgary aux côtés de Stakusic, en novembre.
Sur le circuit junior, Mboko et elle ont conquis les trophées à Traralgon, en Australie, en janvier, à Porto Alegre, au Brésil, en février, et à Roehampon, en Angleterre, en juillet. De plus, elles étaient finalistes du double junior aux Internationaux d’Australie et à Wimbledon. Au classement de la WTA, l’adolescente de 17 ans occupe le 715e rang du simple et le 465e du double.
Photo de l’article : Martin Sidorjak