Frederic Fontang smiles and holds a racket.

L’entraîneur Frédéric Fontang est une figure permanente et rassurante de l’équipe de soutien de Félix Auger-Aliassime.

Ce Français de 53 ans travaille avec le neuvième joueur mondial depuis 2017 ; d’abord comme co-entraîneur avec Guillaume Marx, de Tennis Canada, puis à temps plein depuis 2020.

Fontang est né en 1970 à Casablanca, où travaillaient ses parents, avant de retourner à la maison familiale à Pau, dans le sud-ouest de la France, à l’âge de cinq ans.

Son père jouait au tennis et c’est lui qui l’a initié à ce sport. C’est à Paul qui a eu son premier cours avec Jean-Louis Rancezot, qui deviendra son entraîneur sur le circuit professionnel. À l’âge de 10 ans, il était le meilleur de sa catégorie en France. Et ce, malgré le fait que certains de ses entraîneurs estimaient qu’il était trop maigre pour devenir un joueur d’envergure.  

Il a passé quelques années dans les centres de la Fédération Française de Tennis (FFT) à Poitiers et à Paris avant de voler de ses propres ailes, à 16 ans, en évoluant sur ce qu’on appelait le « circuit satellite ».

Il a fait le saut chez les professionnels en 1989 et a atteint son meilleur classement en 1991 alors qu’il occupait le 59e rang. Cette année-là, il a conquis son seul titre ATP à Palerme, en Italie, en battant Emilio Sanchez, alors 9e mondial. Mais il n’a plus jamais réussi ce genre d’exploits.  

Avec le recul, il mentionne plusieurs raisons pour expliquer cela : il n’a pas réussi à faire évoluer son jeu dans la bonne direction, il n’était pas entouré de personnes possédant de l’expérience sur le circuit, puis son service militaire en décembre 1991 (à la fin de sa meilleure année) qui l’a empêché de jouer. Puis, en 1992, il a parfois été confiné à des fonctions de garde à la caserne.

Il a mis fin à sa carrière en 1999 pour ouvrir une académie à Pau. Jérémy Chardy a fait partie des jeunes de 12 ans avec lesquels il a travaillé. Leur relation a évolué et a duré 11 ans. Chardy a notamment remporté le titre junior de Wimbledon en 2005, un titre ATP en 2009 à Stuttgart, et s’est hissé au 31e rang mondial.

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La FFT lui demande ensuite de s’occuper de Caroline Garcia, ce qu’il a été pendant deux ans. C’est à cette époque qu’Andy Murray avait déclaré que la jeune joueuse de 17 ans serait un jour numéro un après sa défaite en trois manches face à Maria Sharapova à Roland-Garros en 2011.

La suite de sa carrière a été influencée par Louis Borfiga, l’ancien entraîneur très respecté de la FFT qui était responsable du développement de l’élite pour Tennis Canada à Montréal. S’en est suivi une association de quatre ans avec Vasek Pospisil lors de laquelle le Britanno-Colombien a atteint le 25e rang du simple et le 4e du double.

Physio Andres Vial (left) and Fontang. Photo : Tennis TV

En repensant à l’époque où il a créé l’Académie Pau Pyrénées, Fontang mentionne : « Dans mon caractère, j’ai toujours eu envie de transmettre. J’aime le tennis, j’aime la construction — la connaissance stratégique, le corps, le mental. Cela m’a toujours passionnée et je me suis toujours beaucoup documenté quand j’étais joueur. Ça s’est fait naturellement et j’ai fait mon académie à la fin de ma carrière. »

En ce qui concerne les personnes qui ont influencé sa carrière d’entraîneur, Fontang nomme Dominique Poey, de la FFT, mais surtout Jacques Hervet.

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« Je l’ai pris comme conseiller quand j’étais avec Jérémy Chardy. Il a entraîné plusieurs joueurs comme Younes El Ayanoui, Hicham Arazi (Maroc) et Byron Black (Zimbabwe). Tous les joueurs qu’il a entraînés il les a emmenés dans le Top 30 du simple. Il s’intéressait beaucoup à l’approche mentale du tennis.

« À l’académie, j’ai appris à enseigner, à entraîner et à modifier la technique. Après avoir suivi le développement de Chardy — tout le processus, de 12 ans au 31e rang mondial —, ça m’a apporté beaucoup d’expérience, tout comme avec Caroline Garcia et Vasek Pospisil, de faire évoluer techniquement un joueur. Et évidemment, avec Félix maintenant, avec tous ces outils — techniques, tactiques, communication avec son joueur, expérience du haut niveau —, j’ai créé une méthodologie personnelle. Avec aussi Toni Nadal, qui amène une expérience où j’essaie d’absorber les bonnes choses des personnes. Avec le temps, je deviens meilleur dans l’utilisation du bon outil au bon moment. »

Felix Auger-Aliassime tosses a ball up to serve as Fred Fontang stands by the back wall and observes.
Photo : Mauricio Paiz

À propos de la transition vers Auger-Aliassme, Fontang a dit : « Avec Vasek, on s’était dit qu’on finissait l’année, parce qu’on avait fait quatre ans ensemble, on avait l’impression d’avoir fait le tour. Et en même temps, il y avait cette transition dont Louis [Borfiga] et Guillaume [Marx] m’avaient parlé. Il y avait un jeune comme Félix et aussi Ben Sigouin, c’était les deux juniors qui avaient des qualités, donc c’était bien de venir renforcer Guillaume et [physio] Nicolas [Perrotte] par rapport à ces deux jeunes joueurs. Ensuite Benjamin est parti à l’université [Caroline du Nord] et on a continué en duo avec Guillaume. Puis en 2020, Félix voulait avoir un seul entraîneur qui fasse le job toute l’année, et prendre un consultant qui avait eu l’expérience de gagner un grand chelem. »

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Au sujet de sa profession, on a demandé à Fontang, qui vit encore à Pau avec sa femme Valérie, sa fille Héloïse (17 ans) et son fils Maxence (20 ans), ce qu’il pensait de la tendance à désigner comme meilleurs entraîneurs ceux qui travaillent avec les meilleurs joueurs.  

« Je n’aime pas trop l’appellation de “super coach”. Bien sûr l’entraîneur et son équipe ont fait un travail qui est normal, mais à un moment donné, il faut aussi avoir la bonne matière (joueur) pour gagner des grands chelems, ça ne se fait pas comme ça. J’estime qu’un bon entraîneur, c’est quand il est avec un joueur et qu’il le fait progresser.

« Est-ce que chaque fois que l’entraîneur travaille avec un joueur il y a une progression ? Pas forcément qu’ils vont tous gagner un grand chelem. Je trouve très bon le travail que fait Gilles Cervara avec Daniil Medvedev, qui n’était pas un joueur prédestiné être numéro un mondial et à gagner un grand chelem. Il n’y a pas beaucoup de personnes qui auraient parié sur lui. Je me rappelle quand Félix l’a joué en 2018, Medvedev était hors du Top 50.

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« Il y a aussi Dean Goldfine (il a travaillé avec Todd Martin, Mary Joe Fernandez, Andy Roddick, Sebastian Korda et maintenant Ben Shelton). Ce sont des entraîneurs qui ont eu un impact, on voit une progression. »

Voici comment Fontang se décrit en tant qu’entraîneur : « Je suis quelqu’un qui est à l’écoute. C’est quand même bien pour être entraîneur, parce qu’il faut partir de son joueur. L’entraîneur au tennis, il est vraiment dans les coulisses. Ce n’est pas comme dans un sport d’équipe où on est sur le terrain, où on est très acteur. L’entraîneur, il n’est pas acteur au tennis, il est derrière avec l’équipe autour du joueur. Il faut avoir l’ego bien placé et être à l’écoute. »

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