Bianca Andreescu pumps her fist

Photo: Mauricio Paiz/Tennis Canada

Dans le cadre du Mois de la sensibilisation à la santé mentale et du lancement de la nouvelle initiative Pause mentale soutenue par Beneva, nous avons discuté avec la Dre Sommer Christie, consultante certifiée en préparation mentale pour Tennis Canada, afin de préparer une série de quatre articles sur l’importance de la santé mentale au tennis et dans la vie de tous les jours.

On sait qu’il existe encore de nombreuses idées préconçues sur les troubles mentaux et la façon dont ils affectent une personne. La vérité est que les gens peuvent très bien fonctionner dans tous les aspects de leur vie quotidienne, même s’ils ont reçu un diagnostic. Dans le domaine du sport, l’état de santé mentale d’un athlète n’a pas toujours des répercussions négatives sur ses performances. Même si cela peut assurément être le cas, cela ne fait qu’ajouter à la stigmatisation et décourage les athlètes de parler ouvertement de leurs difficultés. Même si un joueur peut donner le meilleur de lui-même malgré ses problèmes de santé mentale, comme l’a fait Andre Agassi pendant si longtemps, cela ne signifie pas qu’il est heureux ou qu’il dispose du soutien nécessaire pour l’aider à traverser les périodes difficiles. Il se peut qu’il se contente de faire ce qu’il a à faire, sans tirer un réel plaisir de son métier.  

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La Dre Sommer Christie explique que comme le tennis est un sport individuel, les meilleurs joueurs sont souvent isolés, ce qui crée un sentiment de solitude qui peut nuire à leur santé mentale. Ce sport est accaparant et ne permet pas d’avoir un mode de vie équilibré. La pression de la compétition est différente, car les athlètes jouent pour des points et de l’argent à un jeune âge. De plus, ils doivent décider très tôt s’ils veulent faire le saut chez les professionnels et ils ne sont souvent pas prêts à prendre une telle décision.

Dre Christie insiste sur l’importance de ne pas forcer les jeunes joueurs à acquérir des compétences mentales et à faire preuve de force mentale. Il est essentiel que les parents et les entraîneurs discutent des défaites, des leçons à tirer de l’expérience et des moyens de s’améliorer.

« Les entraîneurs apprennent à corriger les erreurs. Par défaut, on dit qu’il y a quelque chose que l’athlète ne fait pas bien, explique Dre Christie. Mais si l’athlète ne voit pas ce qu’il fait bien, s’il ne continue pas à travailler ses points forts, tout ce qu’il saura, c’est qu’il a mal fait quelque chose. Il est important de renforcer ce qu’ils font bien pour les aider à développer leur état d’esprit. Les entraîneurs doivent prévoir des moments d’enseignement dans les exercices et les entraînements. »

Bianca Andreescu sits with the Indian Wells trophy in front of the Canadian flag.
Jared Wickerham/BNP Paribas Open

Plus tôt cette saison, lors d’une entrevue sur le terrain à l’Open de Miami, Bianca Andreescu, qui est devenue une militante inspirante de la santé mentale depuis qu’elle a révélé publiquement ses difficultés, a admis qu’au sommet de sa gloire en 2019, elle ne se sentait pas à sa place dans les plus hautes sphères du tennis féminin, même si ses résultats indiquaient le contraire. Dre Christie confirme que le syndrome de l’imposteur n’est que trop courant.  

« Vous ne pouvez pas imaginer combien d’athlètes se sentent ainsi. Et ils ressentent cela parce qu’on ne leur a pas appris à reconnaître leur succès. Si vous ne reconnaissez que ce que vous ne faites pas, vous ne pouvez pas vous concentrer sur ce que vous pouvez faire. Il est important de renforcer la conscience de soi. Si je dis que ceci est ce que je veux atteindre et que je m’en rapproche, mais que mon objectif est la perfection, je ne l’atteindrais jamais. Je m’améliore donc de plus en plus, mais je ne suis jamais parfaite. »

Pour se débarrasser du syndrome de l’imposteur, il fait éliminer les distorsions de la pensée, identifier les pensées irrationnelles, les remettre en question, puis les recadrer de manière à les rendre positives. Andreescu pensait qu’elle n’était pas à sa place, une pensée irrationnelle qu’elle a réussi à transformer de telle sorte qu’elle se sent maintenant à l’aise sur le terrain et peut à nouveau aimer évoluer sous les feux de la rampe. 

La santé mentale et les performances sportives sont intrinsèquement liées, mais elles ne dépendent pas toujours l’une de l’autre. Néanmoins, un bon état d’esprit est nécessaire pour se sentir complet en tant que personne et en tant que professionnel.  

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