Roger Federer on a train in a sunny day in Switzerland

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Ce n’était qu’une question de temps. 

Ce n’était qu’une question d’années, espérait-on chez les plus grands partisans de Roger Federer.  

Ou ce n’était qu’une question de mois, se disait-on chez les plus lucides observateurs de tennis. 

Mais chez les proches du grand joueur, comme chez ses médecins, ce n’était qu’une question de semaines avant que la réalité de ses 41 ans et de ses genoux amochés ne le rattrape. Et, ce 15 septembre 2022, peu avant 10 h, la nouvelle est tombée, tel un sinistre coup de gong appréhendé. 

L’heure de la retraite avait sonné pour celui que beaucoup qualifieront de plus grand joueur de l’histoire du tennis. Et il a lui-même décidé de s’adresser à la planète tennis par le biais d’une lettre de quatre pages, expédiée sur les médias sociaux.  

Il aura été le « Maître » de sa destinée du début à la fin. Personne d’autre que lui n’aurait eu le pouvoir de faire une annonce d’une telle envergure. Lui qui avait toujours soigné son image, avant et depuis l’avènement de ces réseaux sociaux, s’est finalement servi de ce moyen instantané pour en faire part. 

Roger Federer a gagné sur tous les continents et dans tous les types de tournois. Des plus importants (huit fois Wimbledon) aux plus petits (y compris les épreuves de démonstration). Il donnait de l’importance à chaque organisateur, à chaque spectateur, à chaque rival. 

Photos : Getty 

Poli, polyvalent et polyglotte 

Question d’être près du plus grand nombre possible d’amateurs, il parlait pas moins de neuf langues. 

Outre le suisse allemand, sa langue natale, il pouvait s’exprimer en allemand, en français, en anglais, tout en pouvant échanger quelques phrases en suédois, en espagnol, en italien et même en mandarin. Sans oublier un peu d’afrikaans, appris grâce à sa mère sud-africaine. 

Pas facile d’être une personnalité d’envergure mondiale, constamment sous les feux de la rampe, et de conserver un profil littéralement parfait. Sans fausse note, sans faux pas, sans faux semblants. 

Photo : Instagram 

Et malgré tout, un grand nombre de membres de l’élite tennistique aura toujours suscité un petit quelque chose de négatif. De la plus petite critique à la tare la plus gênante. Presque tous y ont goûté. 

Mais j’ai beau fouiller et je ne vois rien de tel sur la (très) longue feuille de route de Roger Federer. Tant pour sa disponibilité, son ouverture, sa rigueur, ses réalisations sur le court et en dehors, y compris ses nombreuses participations caritatives aux quatre coins du monde (notamment en Afrique où la Fondation Roger Federer est très active). 

Photo : Roger Federer Foundation 

Je pourrais vous énumérer les records qu’il détenait à la fin de l’année 2021, mais je préfère vous envoyer vers ce lien qui les énumère, sur 20 écrans (!!!) de votre ordinateur.  

Bonne lecture ! 

De cette liste interminable, je retiens tout de même sa victoire à Roland-Garros en 2009. Pas seulement parce que la terre battue de Paris aura été la surface où il aura connu le moins de succès, mais surtout en raison d’une publicité aussi simple qu’originale diffusée dès la confirmation de sa victoire. 

Lorsqu’il a finalement égalé la marque de Pete Sampras en remportant ce 14e titre du Grand Chelem, le transporteur aérien NetJets avait imaginé ce message télévisé que je n’ai jamais oublié. 

Après ce 14e triomphe, celui qu’on surnommait déjà The G.O.A.T. devait en ajouter six autres pour atteindre le total mythique de 20. Il a, depuis, été rattrapé par les deux autres membres du fameux Big 3, Rafael Nadal et Novak Djokovic qui en compte respectivement 22 et 21. 

Rendez-vous : Londres, 23 septembre 

Photo : Laver Cup

Heureusement, ce n’est qu’un « au revoir » puisqu’il le mentionne clairement dans la lettre qui officialise son départ à la retraite.  

« La Coupe Laver, à Londres, sera mon dernier tournoi ATP. Bien sûr, je jouerai encore au tennis, mais tout simplement pas en Grand Chelem ou sur le circuit. » 

Voilà une bonne nouvelle dans cette triste journée. On reverra Le Maître. 

Son genou tiendra-t-il le coup pour tous les matchs qu’il avait déjà l’intention de disputer dans le cadre de ce tournoi dont il est lui-même l’instigateur depuis 2017 ? Espérons-le. Car le niveau sera relevé… tout en se démarquant par une ambiance plus décontractée. Sans oublier la promesse d’un autre spectaculaire match de double mettant en scène l’unique paire surnommée « Fedal ». 

Photo : Laver Cup

Nous reverrons donc, dans le cadre de matchs de démonstration, cette grâce inégalée, cette motion de service fluide et rapide, ce revers aussi élégant que létal et cette aura d’excellence émanant de ce corps athlétique.  

Même à 41 ans, ou à 42, 45 et, espérons-le, au-delà. 

Qui plus est, sans la déception de ces contre-performances le privant de la victoire ou d’un titre. Car la beauté des matchs d’exhibition, c’est le plaisir pour la bonne cause. Où le résultat n’aura pas autant d’importance que le simple plaisir d’avoir vu jouer un des plus grands joueurs de l’histoire.  

Un des plus grands, certes. Mais LE plus aimé et LE plus adulé, sans aucun doute. 

Au revoir, Roger. Et à très bientôt. 

Goodbye Roger. And see you soon 

Auf Wiedersehen, Roger. Und sehe dich bald. 

Photo : Getty 
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