francoise abanda celebrates a win

Photo : Martin Sidorjak/Tennis Canada

Chaque fois, elle refait le coup.

Pendant des années, Françoise Abanda a été la négligée des rencontres de la Fed Cup. Sous la nouvelle appellation, Coupe Billie Jean King, même situation.

Et même résultat !

Sa victoire en lever de rideau des Finales de 2021, à Prague, se range dans le même grand tiroir que celles des six dernières années. Une énorme surprise de la part de la 353e joueuse mondiale qui permet à son équipe d’y croire et qui consolide un cliché utilisé par le capitaine Sylvain Bruneau, tout comme par ses homologues des autres pays : « Dans ce genre de compétition, tout est possible. »

Fiona Ferro, du même âge qu’Abanda (24 ans), est actuellement 105e mondiale. Il y a 15 mois, elle remportait le deuxième titre de sa carrière au tournoi de Palerme aux dépens d’une joueuse qui fait sourciller bien des connaisseurs et dont je parle plus loin dans ce blogue, l’Estonienne Anett Kontaveit.

Francoise Abanda hits a forehand
Photo : Martin Sidorjak/Tennis Canada

Le choix de Ferro pouvait paraître surprenant de la part du capitaine Julien Benneteau, qui comptait tout de même sur la très expérimentée Caroline Garcia comme deuxième joueuse française à Prague. Garcia (75e) avait justement disposé d’Abanda en deux manches à Montréal il y a trois mois lors des qualifications de l’Omnium Banque Nationale. Peut-on croire que Benneteau a sous-estimé notre compatriote ?

Tout de même, l’équilibre des forces penchait manifestement du côté de l’équipe de l’Hexagone. En 2021, Ferro a disputé 41 matchs (20-21) comparativement à 12 (5-7) pour la Canadienne. Rappelons qu’après quatre rencontres en début d’année, Françoise Abanda a dû tout arrêter lorsqu’elle a attrapé la COVID-19. Elle n’a repris la compétition qu’à Montréal, au début d’août.

Cette victoire de 4-6, 6-4 et 6-4 contre Ferro venait donc se joindre à une longue, longue liste de surprises enregistrées par Françoise depuis 2015 lorsqu’elle se drape de l’unifolié.

Voyez plutôt :

* 2019 — Quart de finale du Groupe mondial 2

Abanda, alors 223e à la WTA, bat la Néerlandaise Arantxa Rus (129e)

* 2017 — Match de barrage du Groupe mondial 2

Abanda, alors 186e, bat successivement les Kazakhes Yaroslava Shvedova (51e) et Yulia Putintseva (31e). Et chaque fois en deux manches.

* 2016 — Quart de finale du Groupe mondial 2

Abanda, alors 343e, a raison de la Biélorusse Olga Govortsova (74e)

* 2016 — Match de barrage du Groupe mondial 2

Abanda, alors 260e, prend la mesure de la Slovaque Jana Cepelova (124e)

* 2015 — Match de barrage du Groupe mondial

Abanda, alors 260e, bat la Roumaine Irina Camelia-Begu (33e)

Françoise Abanda n’était certes pas invincible dans cette compétition entre nations, mais force est d’admettre qu’elle y atteint toujours son meilleur niveau. Et même si on pensait que ce n’était qu’à la maison qu’elle y était performante, la prestation du 1er novembre vient de mettre fin à cette assertion.

À quelques minutes de l’heure de tombée de ce blogue, j’ai tout de même tenu à commenter la performance de la Montréalaise. Au moment de lire ces lignes, vous saurez déjà si le Canada a pu créer la surprise et accéder aux demi-finales… ou pas.

Mais pour Françoise Abanda, cette autre expérience fera partie de son palmarès et sera peut-être l’occasion de relancer sa carrière.

Rien n’arrête Anett

Cet été, Anett Kontaveit a vécu une traversée du désert. De la finale à Eastbourne (27 juin) au 1er tour du tournoi de Mason, en Ohio (23 août), l’Estonienne n’a remporté aucun match.

0 en 5.

Mais l’oasis l’attendait et elle semble s’y prélasser depuis. Car, au cours des 10 dernières semaines, Kontaveit affiche un dossier époustouflant de 26-3.

Vous avez bien lu.

Elle a remporté quatre des sept tournois auxquels elle a participé, dont les deux derniers à Moscou, en Russie, et à Cluj-Napoca, en Roumanie. Elle est passée du 28e au 8e rang mondial. Ultimement, elle a obtenu son billet pour les Finales de la WTA présentées à compter du 10 novembre, à Guadalajara, au Mexique.

Ranking table from the WTA website showing the top 11 players

« Je ne suis pas tout à fait sûre de ce qui se passe… », a avoué Kontaveit. « Bien sûr, je suis incroyablement heureuse d’avoir pu aussi bien jouer et de remporter la finale. (…) Je crois un peu plus en moi qu’il y a quelques années et j’ai essayé d’être agressive tout en restant constante sans essayer de trop en faire », ajoute-t-elle à propos de sa victoire aux dépens de Halep.

Kontaveit est la première Estonienne à se qualifier pour le tournoi de fin de saison de la WTA.

Pas la fin de saison espérée

Après un automne bizarre en 2020, on croyait que le tennis connaîtrait une conclusion un peu plus normale en 2021. En effet, si la normalité est un peu revenue cette année, nous n’aurons de toute évidence pas les championnats de fin de saison espérés.

Chez les hommes, le Pala Alpitour de Turin, en Italie, tiendra en novembre ce tournoi final sans deux membres de son « Big 3 » adoré, puisque Rafael Nadal et Roger Federer ont déjà mis un terme à leur saison.

Chez les dames, voilà que la meneuse de ce classement et numéro un mondiale, l’Australienne Ashleigh Barty, vient de déclarer forfait pour Guadalajara, en novembre, mettant un terme à sa saison. Barty ne défendra donc pas son titre, acquis en 2019 et maintenu en 2020 après annulation des Finales de la WTA.

« Je voulais informer tout le monde que je ne participerai à aucun autre tournoi en 2021, y compris les Finales de la WTA au Mexique », déclarait-elle par le biais d’un communiqué. « La décision a été difficile à prendre, mais je dois accorder la priorité à mon corps et à ma récupération », a-t-elle ajouté.

Donc, pas de blessure, mais un ras-le-bol assumé et avoué.

De tous ces athlètes ayant décidé de mettre fin à leur saison, devant soigner des blessures (réelles ou juste un peu embêtantes), il est clair que les mieux classés et, donc les mieux nantis, n’ont eu aucune difficulté à prendre cette décision. Le prestige, les bourses et leur passion pour le sport viennent d’être laissés de côté au profit d’un repos mental régénérateur.

Beaucoup d’entre nous peuvent difficilement comprendre comment ces personnes peuvent se plaindre de voyager aux quatre coins de la planète, hébergées dans des hôtels cinq étoiles, mangeant dans les meilleurs restaurants, traitées aux petits oignons et pratiquant le sport qu’elles aiment… la plupart accompagnées de leur conjointe ou conjoint.

Réflexe normal.

Mais ce serait facile oublier que ces surdoués sont aussi des êtres humains qui rêvent, pour la plupart, d’arrêter ce rallye d’hôtels et de stades, et de passer du temps à la maison, dans leur pays, avec leurs amis, leur conjoint(e). C’est humain, tout simplement.

Ashleigh Barty holds the wimbledon trophy
Photo : Martin Sidorjak/Tennis Canada

Et, sans détour, Ashleigh Barty l’a exprimé.

Comme nombre de ses semblables de l’ATP et de la WTA, elle est mentalement épuisée des règles « covidiennes » aussi nombreuses que variées (la quarantaine, principalement) observées et traversées au cours de l’année. Riche en points, en trophées, en statut et, forcément, en argent, la joueuse a décidé qu’elle n’avait pas besoin de quitter son Australie et de se taper un voyage supplémentaire en Europe et au Mexique avant Noël.

Combien l’imiteront dans le court laps de temps nous séparant du tournoi final ?

Déjà, le tournoi de Transylvanie a eu à vivre un tas de désistements de dernière minute alors que les Muguruza, Badosa et Alexandrova se sont retirées juste avant le tirage, le 23 octobre, rejoignant les Mertens, Golubic, Kudermetova et quelques autres sur la liste des forfaits.

Décidément, on met la pédale douce en cette fin d’année… Mais je ne saurais les blâmer.

Et d’autres en profiteront pour tenter de récolter les lauriers disponibles.

Qu’ils n’auront pas volés.

Le retour du roi (français)

La Fédération Française de Tennis (FFT) amorce une nouvelle ère.

C’est du moins ce qu’on peut supposer si l’homme qui vient de se joindre à elle peut réussir les mêmes tours de magie que lorsqu’il était en terre canadienne.

Parti à la retraite après 15 ans de loyaux (et spectaculaires) services chez Tennis Canada, le Français Louis Borfiga est retourné vivre dans son pays, il y a quelques mois.

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|Photo : Joe Murphy/USTA|Photo : Minoru Fujii

On savait déjà qu’il avait accepté un rôle de consultant auprès de la FFT, de laquelle il provenait justement avant 2005. Après quelques mois à assurer une bonne et belle transition avec les gens nommés pour lui succéder chez nous, il vient donc d’amorcer un nouveau chapitre d’une vie bien remplie.

On comprendra les dirigeants de la FFT d’espérer bien fort que celui qu’on surnomme affectueusement « Luigi » aura toujours cette touche bénie afin d’influencer entraîneurs et gestionnaires du tennis français quant à la marche à suivre pour espérer retrouver leur superbe.

Après tout, les Gaël Monfils, Jo-Wilfried Tsonga et Gilles Simon n’ont-ils pas été développés sous sa direction ?

Pour en savoir plus long sur la suite, la journaliste française Carole Bouchard a produit ce texte pour le site « Tennis Majors »

Amuseurs publics

Un court segment sur Gaël Monfils pourrait se retrouver mensuellement (et même plus fréquemment) dans ce blogue.

Le spectaculaire tennisman français produit immanquablement une séquence phénoménale à chaque tournoi.

En huitième de finale, à Vienne, Monfils en a ajouté une autre à son catalogue lors d’une défaite de 7-6 (5), 4-6, 6-2, face à Diego Schwartzman, qui peut être crédité d’une mention plus qu’honorable pour l’occasion.

Monfils fait partie de ces athlètes qui ne détestent pas en rajouter un peu, au grand plaisir du public qui adore voir ces surdoués faire étalage de leur talent, certes, mais également d’improviser et de prendre conscience que tout ça fait parti d’un… jeu.

On a beau les critiquer, mais ces Kyrgios, Paire, Bublik, tout comme Monfils et Tiafoe, mettent un peu plus d’emphase sur le divertissement que la majorité des autres joueurs.

Même si ça peut leur coûter des points… des jeux… des matchs.

Dans la même semaine, d’ailleurs, Francis Tiafoe a lui aussi démontré sa maestria et sa complicité avec les spectateurs dans un match remporté 3-6, 7-5 et 6-2 face à Jannik Sinner lors de la demi-finale de Vienne.

En conclusion, je m’en voudrais de ne pas ramener une des innombrables séquences du genre, cette fois par l’Australien Nick Kyrgios, qui carbure littéralement à ce type de situations.

C’était en 2019, à Washington, quand il a remporté le sixième et dernier titre de sa carrière. Et pas contre n’importe qui…

Du pur bonbon.

Courriel : privard@tenniscanada.com

Twitter : @paul6rivard

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