Felix Auger-Aliassime with Renault logo on shirt

Photo : Reuters

Oui, c’est bien le logo du fabricant de voitures Renault que vous aurez aperçu sur la manche droite de Félix Auger-Aliassime aux Internationaux d’Australie. 

L’emblème de l’entreprise française est soudainement apparu sur la manche droite du Québécois, au moment où Adidas fournissait à ses soldats un nouveau design de chandail pour ce premier tournoi majeur de l’année. Et cette manche droite de Félix, jusque-là, n’avait jamais accueilli la moindre marque. 

Comme le groupe Renault n’est pas le dernier venu et qu’aucune mention de ce partenariat n’apparaissait dans les multiples recherches effectuées sur internet il y a quelques jours, on peut en déduire deux choses : 1) que les deux parties évitaient de faire du bruit avec la chose (ce qui apparaît un peu surprenant dans le monde du marketing) ou 2) que l’on désirait attendre pour voir combien de temps cela prendrait avant que le public ne le remarque. 

Image : RDS 

J’aurais cru à la seconde option puisque Renault avait fait preuve de la même discrétion, en 2021, lorsqu’il a créé sa plus récente version de l’emblème. Sans tambour ni trompette. Ultimement, il y avait une troisième option, comme je l’expliquerai plus loin. 

Personnellement, je n’avais rien remarqué jusqu’au match de troisième tour, alors que FAA a éliminé Francisco Cerundolo. C’est au début de cet affrontement que le losange distinctif de Renault a capté mon attention.  

Afin de satisfaire ma curiosité, j’ai communiqué avec un spécialiste du marketing sportif mondial, Ray Lalonde, qui a longtemps travaillé pour la NBA comme exécutif sénior et en tant que chef de la direction marketing et ventes des Canadiens de Montréal pendant 10 ans. 

« Le tennis, c’est un des sports avec le golf et la Formule 1, où les athlètes font le tour de la planète et sont visibles chaque semaine. Ce qui n’est pas le cas pour les joueurs des cinq sports professionnels collectifs en Amérique du Nord. C’est donc une opportunité mondiale pour les entreprises de se faire connaître et de rayonner. » 

Félix n’a rien d’un panneau publicitaire ambulant. Les deux principales marques de tennis, associées au joueur, sont Adidas pour ses vêtements et espadrilles, ainsi que Babolat pour l’outil de travail qu’il tient dans ses mains. Ajoutons Tag Heuer pour la montre, et le transporteur aérien de l’Alberta, Flair, avec laquelle il s’est associé (en compagnie de Leylah Annie Fernandez) tout juste après sa fructueuse participation aux Internationaux des États-Unis en 2021. 

Peu de temps après, à l’automne 2021, on a vu apparaître sur sa manche gauche le logo d’une marque peu connue dans le monde – sauf dans celui des revêtements de surfaces, A3S.  

Photo : AFP 

A3 Surfaces (A3S) est une entreprise québécoise qui opère sur la scène nationale et internationale. L’entreprise d’aluminium antimicrobien, située à Chicoutimi, au Québec, a développé un procédé révolutionnaire permettant de réduire l’utilisation de médicaments et, par ricochet, de produits désinfectants, particulièrement dans le milieu hospitalier. 

Peu usuel comme partenaire pour un joueur de tennis, avouons-le. Félix a justifié son choix par le fait que l’entreprise de sa province pouvait aider des gens à réduire la propagation de la maladie. Un geste qui l’honore. 

Mais revenons à ce nouveau partenariat. 

Renault, c’est 125 ans d’identité de marque. Au cours des dernières années, la firme française occupait souvent le troisième rang au chapitre des ventes de véhicules pour particuliers, derrière Toyota et Volkswagen. 

Ce n’est donc pas une association sans importance que Félix Auger-Aliassime vient de conclure. Restait à en connaître les détails et le moment de sa médiatisation.  

Pour la date, c’était le matin du 23 janvier, deux jours après l’élimination du Québécois, alors que Renault a publié la nouvelle, confirmant l’association. Pour les détails, toutefois, ce sera peut-être un peu plus difficile si on se fie à l’humilité et à la retenue proverbiales du jeune prodige.  

Comme le souligne Ray Lalonde, la transaction n’était peut-être pas encore finalisée, mais comme les Internationaux d’Australie offraient une plate-forme de choix, l’occasion était belle pour l’entreprise de tester la température de l’eau.  

Photo : AFP 

« La façon de faire n’a rien d’étonnant. Ils ont placé le logo sur la manche du chandail, pour juger de l’effet et, probablement, attendre les réactions. Et dès son élimination, on a fait une annonce officielle. Je devine que dans un monde idéal, Félix passera par le siège social de Renault, en France, afin d’y rencontrer les employés, prendre des photos, et on fera une annonce mondiale. Etc. » 

Lalonde se rappelle tout de même que cette façon de faire serait en tous points identiques à celle de septembre 2021 et qui concernait l’autre logo sur la manche gauche, A3S. Félix s’était rendu sur place pour l’inauguration et il s’était adressé aux employés.

Photo : Rocket Lavoie / Le Quotidien 
Photo : Michel Tremblay / Progrès 

Auger-Aliassime trouve un autre partenariat où l’objectif sera d’aider son prochain. Il fait donc partie d’un trio de porte-paroles pour le programme Give Me 5. Les deux autres sont la Néerlandaise Diede de Groot et l’espoir français Luca Van Assche. 

De Groot est numéro une mondiale du tennis en fauteuil roulant. Tenante du titre de Roland-Garros, elle compte à son palmarès 31 trophées de tournois du Grand Chelem, dont 16 en simple et 15 en double, remportés de 2017 à 2022.  

Quant à Luca Van Assche, 18 ans, il a conquis le titre junior de Roland-Garros en 2021, sans céder une seule manche. Il est aujourd’hui le plus jeune joueur du top 150 et a gagné son premier titre Challenger au Portugal, en décembre 2022.

Montage : Renault 

Renault concrétise ainsi l’engagement pris dans le cadre de Give Me 5, son programme social pour les jeunes générations et les quartiers prioritaires. L’objectif de la marque est de développer ce programme à l’échelle internationale, en collaboration avec ses ambassadeurs. 

« Je suis fier d’être associé à Renault, une marque dont je partage l’ambition et les valeurs, a déclaré Auger-Aliassime dans le communiqué de la marque. Le programme Give Me 5 dédié à la pratique du tennis dans les quartiers prioritaires me tient particulièrement à cœur, et nous allons travailler ensemble à son développement. » 

Quant à la valeur financière de ce partenariat, encore là, Lalonde se sert de ses connaissances et de son expérience pour spéculer et présumer des enjeux. « Ce qu’on se dit, chez Renault c’est : “Félix Auger-Aliassime, c’est un des nouveaux visages du tennis… ça nous rajeunit… ça nous fait croire que nos véhicules et notre marque vont prendre une tendance plus jeune et plus dynamique parce qu’on a Félix avec nous”. Qu’ils le paient en argent, en voitures, en bénéfices ou autres, c’est clair qu’une entreprise de cette envergure, pour s’afficher sur la manche d’un joueur de tennis à la visibilité planétaire, ça se paie au-dessus du million. Assurément. » 

Serait-ce autant ou plus que son partenaire principal ? Lalonde ne le pense pas. D’ailleurs, puisqu’il a soulevé ce point, combien selon lui peut rapporter à FAA cette entente avec Adidas, compte tenu du statut qu’il a maintenant ? 

« C’est probablement entre cinq et dix millions de dollars. Par année. » 

Du côté de Renault, on aura vraisemblablement obtenu le retour espéré. Félix a joué quatre longs matchs, répartis sur sept jours, à Melbourne. Il suffisait de taper les noms Auger-Aliassime et Melbourne 2023 dans l’engin de recherches de Google pour voir huit des 14 premières photos illustrant Félix dans son nouveau chandail pour y apercevoir le logo de la firme.  

Et ça, même si ça n’a rien d’un sondage scientifique, ça signifie tout de même quelque chose de tangible. 

Auger-Aliassime est le visage du tennis canadien et il est un des nombreux visages de l’ère « post-Big 3 ». Qui plus est, il s’est déjà positionné comme un gentleman, loin de toute controverse ou connotation négative, ce qui est exactement le type de personnage avec qui les entreprises désirent s’associer. Sa récente démarche caritative au Togo, dont il était question dans ce blogue du 7 décembre dernier, ajoute au positionnement déjà exemplaire du jeune homme.

Ce programme Give me 5 de Renault s’inscrit aussi dans ces implications, par la jeune vedette, et dont le but est de redonner au suivant. 

« Ce qu’on a vu, chez Renault, c’est un jeune athlète d’un calme et d’une sérénité rarement vus, des traits de caractère que des entreprises comme Renault, comme Adidas, comme Tag Heuer, adorent, ajoute Ray Lalonde. Ils se disent : “Wow… nous sommes fiers d’être avec Félix Auger-Aliassime. Quel ambassadeur pour le sport il sera pendant de nombreuses années.” » 

Exactement les qualités que recherchaient d’autres entreprises, pendant des décennies, avec un autre joueur de tennis. Né le 8 août. 

Un certain RF… 

  • @RealRayLalonde analyse régulièrement les aspects opérations et affaires du sport majeur pour TSN, RDS, SRC, Noovo et BPM radio.  

Indestructible

Montage : Sky Sports 

Andy Murray ne cesse de nous étonner, par sa résistance et sa volonté de fer. 

Comme on dit chez nous, au Québec : « Pas tuable ! »  

Après une carrière éclatante et trois titres de tournois du Grand Chelem, son corps brisé lui avait logiquement suggéré d’arrêter. Il y a trois ans et demi, il a fait ses adieux, puis a subi une importante opération — sa deuxième en 12 mois — et c’est avec une nouvelle hanche, en titane, qu’il pouvait enfin profiter de ce repos réservé aux grands guerriers du monde du sport.

Photo : Twitter / ATP 

Mais les douleurs ayant disparu, Andy aimait tellement son sport que sa passion l’a fait revenir au jeu six mois plus tard. Et même s’il enchaînait des défaites aux premiers ou deuxièmes tours de tournois qu’il gagnait jadis, il revenait sans cesse. Toujours. 

Le dernier chapitre de cette saga chevaleresque vient d’être écrit en Australie. Encore là, Murray nous a laissés sans voix par son courage et sa résilience. 

Le 17 janvier, il a trimé près de cinq heures pour éliminer la 13e tête de série, l’Italien Matteo Berrettini, en des comptes de 6-3, 6-3, 4-6, 6-7(7) et 7-6(6). Comme si ce n’était pas suffisant, il remettait ça deux jours plus tard face au favori local Thanasi Kokkinakis, cette fois dans un duel qui a frôlé SIX heures. Mené deux manches à zéro et 2-5 dans la troisième, il a stupéfié le monde et a triomphé 4-6, 6-7(4) 7-6(5), 6-3 et 7-5.

Photo : AP 

Irréel. 

Il venait de disputer le cinquième plus long match de simple de l’histoire du tennis professionnel. 

Comme il fallait le prévoir, ces deux marathons dans un intervalle de 60 heures allaient avoir raison du valeureux guerrier. Aussi ne fûmes-nous pas surpris de le voir s’incliner en quatre manches aux mains de l’Espagnol Roberto Bautista Agut lors du troisième tour.

Photo : AP 

Il est impossible de répertorier ces échanges ou Sir Andy avale des kilomètres pour récupérer ces balles souvent hors de portée et les retourne sans jamais fléchir. Ou presque. J’ai donc bien aimé cette publication sur Twitter, par le Portugais Gaspar Ribeiro Lanca, et qui résume bien la carrière de Murray. 

Pas surprenant que les amateurs s’en soient donné à cœur joie sur les réseaux sociaux, dont Twitter, pour rendre hommage à ce gladiateur. 

Maintenant que ces nouveaux exploits sont derrière nous, posons cette question.  

N’est-il pas temps que le tennis professionnel se penche sur ce problème logistique qui crée forcément des tas d’injustices et qui mène de potentiels gagnants, épuisés, vers la défaite inévitable ? Vous me suivez ? 

Je parle ici d’une petite révolution qui consisterait à mettre fin aux matchs de tennis à une heure prédéterminée. Il n’est pas normal que des athlètes se rendent au milieu de la nuit pour compléter des matchs et aillent se mettre au lit à l’aube alors que leur adversaire suivant a profité de plusieurs heures de repos supplémentaires et que son métabolisme n’est pas carrément déboussolé. 

Devrait-on mettre fin aux matchs de tennis dès minuit ? 

Qu’en pensez-vous ? Écrivez-moi à l’adresse si dessous et faites-moi part de vos suggestions.


Courriel : privard@tenniscanada.com 

Twitter : @paul6rivard 

Pour suivre tous nos Canadiens à la trace, c’est ici.

Tags