Il y a une chose qui est irréfutable à propos de Denis Shapovalov : il attire les foules.
Mais ce que ses partisans aimeraient voir par-dessus tout, ce sont plus de fins heureuses pour le Canadien de 23 ans.
Son tennis est formidable et est mis en valeur dans des matchs divertissants qui, malheureusement, tournent trop souvent en faveur de ses adversaires.
Ce n’est pas le moment d’être trop dur envers lui à une époque où les joueurs dominants sont dans la trentaine, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que les inconditionnels de Shapovalov s’impatientent un peu.
Samedi après-midi, au troisième tour des Internationaux des États-Unis contre Andrey Rublev (9e), il a tenu ses partisans en haleine pendant plus de quatre heures avec son tennis explosif. À plusieurs moments, il semblait qu’il allait réussir à tirer son épingle du jeu, mais il s’est incliné en des comptes de 6-4, 2-6, 6-7(3), 6-4 et 7-6 [10-7].
Dans la deuxième manche, Shapovalov s’est ressaisi après avoir concédé la première et a commencé à pulvériser la balle de façon spectaculaire comme lui seul sait le faire — même s’il pense que Nick Kyrgios peut l’être autant. Le genre de coups gagnants qu’il produit au beau milieu d’un échange laisse ses adversaires sans défense et sans riposte. Ils peuvent soudainement devenir des passagers qui ne font que suivre la parade.
C’est ainsi qu’il a joué pour gagner le deuxième et le troisième acte, et on a presque eu pitié de Rublev parce qu’il semblait dépourvu de solutions. À ce moment, il était tout à fait concevable que le Canadien gagne le duel.
La seule chose que ses rivaux peuvent faire pour l’arrêter, c’est de garder le moral, de continuer à le mettre au défi de produire de tels coups dynamiques.
Vers la fin du match, dans le cinquième engagement, il y a eu des moments où il semblait également se rapprocher de la victoire, notamment lorsqu’il a repoussé trois balles de match alors que Rublev servait à 5-4. Sur deux d’entre elles, Shapovalov s’est bien gardé de commettre une erreur, attendant que Rublev flanche. Sur la troisième, il a produit son 72e coup gagnant, un superbe coup droit en parallèle.
Il a ensuite brisé Rublev et a gagné son service pour faire 6-5 alors que le Russe semblait secoué et vulnérable.
Shapovalov est un véritable TGV lorsqu’il est sur sa lancée et Rublev mérite des félicitations pour avoir conservé son sang-froid. Le train a progressivement ralenti et a commis quelques fautes directes qui ont permis à Rublev de remporter le super jeu décisif, et le match.
Shapovalov ne peut rien faire d’autre que persévérer, affiner ses dons exceptionnels et croire que ces déceptions font partie du processus d’apprentissage.
Entre-temps, les amateurs de tennis auront droit à des performances dignes d’un héros, ce qui leur permettra de se divertir et, espérons-le, d’assister à l’évolution d’un rare talent.
En regardant Shapovalov, on a parfois l’impression qu’il n’est pas nécessaire de montrer autant d’enthousiasme lorsqu’il réalise un superbe coup. Une attitude plus calme ferait peut-être comprendre à ses adversaires que même les coups les plus impressionnants ne sont pas si inhabituels pour lui. Que, à l’instar d’un Roger Federer qui réagit rarement de manière excessive, il s’agit pour lui d’une affaire courante et le joueur de l’autre côté du filet ferait mieux de s’y habituer et de s’attendre à ce qu’il y en ait beaucoup d’autres.
Après le match, Rublev a offert une évaluation franche du duel. « De toute évidence, cela a été tout un match. Denis méritait aussi de gagner. Nous savons tous qu’il méritait de gagner, que nous méritions tous les deux de gagner. Quand tu disputes ce genre de match, il n’y a pas de gagnant à mon avis. Évidemment, c’est un jeu, donc il faut un vainqueur. Mais nous méritions tous les deux de gagner. »
Quant à Shapovalov, il a confié à TSN : « Le mérite revient à Andrey. Il a très bien joué, il s’est vraiment bien battu. Je suis content de mon niveau de jeu, mais je suis évidemment très déçu d’avoir perdu — il y a toutefois beaucoup de positif pour la suite.
« J’ai encore besoin de temps pour m’installer dans mon jeu, grandir et m’améliorer. J’ai beaucoup travaillé et c’est génial de voir les fruits de ce travail. Je suis donc heureux de la façon dont tout se met en place, mais déçu de la défaite. Mais je vais continuer d’avancer. »
Il est difficile de savoir exactement ce que sera la suite pour Shapovalov, mais il y a au moins une petite chance qu’il évolue pour le Canada au tournoi à la ronde des Finales de la Coupe Davis à Valence, en Espagne, une semaine après les Internationaux des États-Unis. Le fait que Félix Auger-Aliassime ait dit qu’il reconsidère sa participation suggère qu’il aimerait que son coéquipier se joigne à lui. Mais ce ne sont là que des spéculations, car le Canada fait partie du même groupe que l’Espagne, la Serbie et la Corée.
LEYLAH ÉLIMINÉE EN DOUBLE FÉMININ, TOUJOURS EN LICE EN DOUBLE MIXTE
Après avoir surpris les deuxièmes têtes de série Coco Gauff et Jessica Pegula au premier tour du double féminin, Leylah Fernandez et l’Australienne Daria Saville ont subi un revers de 6-7(5), 6-3 et 7-6 [12-10] aux mains de Bernarda Pera et de Dalma Galfi, samedi.
Dimanche, Fernandez prendra part au deuxième tour du double mixte avec son partenaire américain Jack Sock. Ils seront alors opposés à la Canadienne Gabriela Dabrowski et à l’Australien Max Purcell. Un peu avant ce duel, Dabrowski et la Mexicaine Guiliana Olmos, qui forment la cinquième meilleure équipe du double féminin, croiseront le fer avec Asia Muhammad et Ena Shibahara.