Bianca hitting the ball with force

Photo: Storms Media Group

Ce n’est pas le « premier » nouveau départ, pour Bianca Andreescu en 2021. Mais, si elle évite les blessures, c’est probablement le bon.

Rencontré à Montréal, l’entraîneur de Bianca, Sylvain Bruneau, suit tout de même sa protégée de très près et il m’a expliqué la raison de son absence à Miami tout en mettant en contexte la situation actuelle de l’actuelle numéro neuf au classement de la WTA.

Il a d’abord expliqué pourquoi ce retour au jeu, en Australie, n’avait pas été ce qu’on appelle une très bonne période. Comme bon nombre d’athlètes et d’entraîneurs, rappelons que l’arrivée à Melbourne a été marquée d’un confinement immédiat de 14 jours en raison du test positif de Bruneau à la COVID-19.

« Vivre un confinement de 14 jours et enchaîner avec un tournoi (majeur, de surcroit), c’est énorme. Tu passes deux semaines dans ta chambre d’hôtel, sans aller sur un terrain de tennis. T’entraîner dans ta chambre, sans préparateur physique, avec peu d’équipement, ce n’est VRAIMENT pas la même réalité. Et on te demande ensuite d’aller un jouer un tournoi, cinq jours après être sortie de ta chambre. De plus, dans le cas de Bianca, il y avait un double objectif en allant à Melbourne », ajoute Bruneau. « Outre le tournoi, on voulait utiliser les journées précédant l »événement pour lui donner du temps d’entraînement en raison de la longue période d’inactivité prise pour sa réhabilitation. On prévoyait un confinement « normal » à Melbourne alors qu’elle aurait pu s’entraîner cinq heures par jour. Et on en avait besoin. Mais comme on le sait, ça ne s’est pas déroulé ainsi ».

||
Photo : Pascal Ratthé

Après une sortie rapide et décevante à son 2e match, face à la Taïwanaise Su-Wei Hsieh (71e mondiale), 6-3 et 6-2 en 83 minutes, Andreescu a retrouvé un peu ses sensations dans le tournoi « Philip Island Trophy », un événement WTA 250, où elle a enchaîné trois victoires avant de s’incliner devant la Tchèque Marie Bouzkova (50e) en trois manches.

Ensuite, au lieu de se rendre dans la péninsule arabique pour les tournois de Doha et de Dubaï, le clan Andreescu a décidé qu’il valait mieux ne pas brûler les étapes et revenir à Toronto pour du repos et de l’entraînement. Évidemment, qui dit retour au Canada dit… confinement. Encore.

« Ce confinement était toutefois moins problématique », explique Sylvain Bruneau. « Forcément, puisqu’elle n’enchaînait pas de tournoi tout de suite après. Elle a eu trois bonnes semaines pour reprendre l’entraînement, retrouver ses sensations, retrouver son jeu. Son retour à la compétition est donc mieux préparé, moins bousculé… Et j’aimerais ouvrir ici une parenthèse… il y a eu beaucoup de cas de blessures à Melbourne et il faut probablement y voir un lien…», de souligner l’entraîneur, expliquant un autre des raisons de cette stratégie basée sur la prudence».

Quant à son absence de Miami, elle est basée sur un calcul autant géographique que temporel. Et surtout… familial !

Sylvain Bruneau était sur la route pendant trois mois (entre novembre et février). Faire l’aller-retour pour un seul tournoi à Miami aurait signifié de nouveaux confinements avant la saison sur terre battue. Le choix était logique, surtout qu’il peut compter sur un adjoint, en quelque sorte.

« Outre son préparateur physique et une physiothérapeute, sur place, j’ai la chance de compter sur un assistant qui est aussi le partenaire de frappe de Bianca, le Québécois Isade Juneau. Il était avec moi en Australie et il connaît très bien le jeu de Bianca. Je communique avec lui quotidiennement et il poursuit le travail amorcé depuis plusieurs semaines. Il a toute ma confiance. »

Bianca Andreescu pourra compter sur la présence de Bruneau pour l’entièreté de la saison sur terre battue. Il reviendra passer quelques semaines à Montréal pendant les tournois préparatoires sur gazon avant de se rendre à Wimbledon, puis d’accompagner sa joueuse sur les surfaces dures de l’Amérique.

Bianca working hard on the practice court
Photo: Sarah-Jäde Champagne

À court et moyen terme, le plan est clair pour le retour à la forme de Bianca. Vous ne serez pas surpris de lire que les objectifs à Miami ne sont pas de gagner le tournoi, nécessairement.

« D’abord, il y a clairement des objectifs, à Miami, mais des objectifs d’ordre tennistique, des choses qu’on voulait qu’elle améliore avant le tournoi et pendant le tournoi. Sur le plan physique aussi. Maintenant, à savoir s’il y a des objectifs clairs, établis, de performance, non. On n’est pas là du tout, d’avouer franchement l’entraîneur de 55 ans. On est vraiment dans la reprise des sensations, du niveau de jeu. 15 mois d’absence, c’est long et le retour australien, dans les circonstances énoncées précédemment, c’était tout sauf productif. Alors nous n’en sommes pas à établir une présence dans le carré d’as ou la finale ou même d’envisager gagner le tournoi, non. »

Sur la terre battue, ce sera une autre histoire. Mais encore une fois, ces objectifs seront en fonction de la qualité de ses sensations.

« C’est possible que nous haussions les attentes, mais il est encore trop tôt pour statuer. Lorsqu’elle arrivera sur la terre battue, elle n’aura finalement joué que trois tournois dans un intervalle de plus de 18 mois alors c’est encore tôt de viser un triomphe à Madrid ou à Rome, explique Bruneau C’est sûr que notre objectif reste de revoir Bianca afficher la forme qu’elle avait en 2019. Et même mieux. Mais on ne s’est pas donné un échéancier en nommant tel ou tel tournoi. »

Personne ne souhaite voir Bianca revivre les épisodes de blessures qui ont marqué sa formidable ascension de 2019. La prudence affichée dans l’échéancier de 2021 est d’autant plus compréhensible.

Cela étant dit, à la lumière des 3 premiers matchs de Bianca (au moment de publier ce texte en ligne), il faut croire que ses sensations reviennent assez rapidement. La troisième victoire de Bianca, à Miami, était inscrite aux dépens de la meilleure joueuse de la WTA, en 2021, l’Espagnole Garbine Muguruza, dont le dossier était de 21 victoires et 4 défaites avant de rencontrer Andreescu. 



La passagère

En guise d’intermède, voici une minuscule «tranche de vie» survenue à la fin du premier match disputé par Bianca à Miami, face à la Tchèque Tereza Martincova.

En avant 5-1, 30-0, Bianca a pris à son bord une bestiole qui lui tournait autour depuis quelques minutes déjà.

Bianca looking to serve
Photo: WTA TV

Cette coccinelle, qui s’est installée sur le col de son chandail, semble avoir modifié l’équilibre de la Canadienne puisqu’à partir de ce moment (ou Bianca n’était qu’à deux points de la victoire), la joueuse a perdu sa vitesse de croisière et a dû rester sur le terrain dix minutes de plus. La passagère s’y trouvait si confortable qu’elle a décidé de garder son siège jusqu’à la fin (incluant la pause de 90 sec., lors du changement de côté)

Il lui a donc fallu jouer 16 points de plus avant de conclure.

Bianca waiting for the ball
Photo: WTA TV

Au bout du 7e jeu, Andreescu et sa nouvelle partenaire de double ont fini par s’apprivoiser et ont réussi à l’emporter face à une Martincova qui ne s’est douté de rien…


Au service… des bonnes causes

Comme des tas d’athlètes du sport professionnel, les membres de la WTA et de l’ATP répondent présents lorsque vient de temps d’user de leur notoriété pour sensibiliser leurs supporters et la population en général sur des enjeux de société.

La plus récente de ces causes est celle qui appelle à endiguer la haine envers toute personne asiatique – ou d’origine asiatique par ses parents ou grand-parents.

Photo: AP Photo/Hamish Blair

Connue sous l’expression « Stop Asian Hate », la démarche fait suite à l’attentat meurtrier survenu à Atlanta, le 16 mars dernier, le plus récent clou planté dans une planche déjà sérieusement transpersée par l’insistance de Donald Trump à marteler l’expression «virus chinois» pour désigner l’origine de la pandémie, pendant sa présidence.

À Miami, plusieurs athlètes, asiatiques ou non, ne se sont pas fait priver pour appuyer le mouvement, sous forme de vidéo.

Vous y verrez les Japonais Naomi Osaka, Kei Nishikori, Yoshihito Nishioka, le Coréen Soonwoo Kwon, la Chinoise Seisei Zheng, ainsi que les Américains Thai Son Kwiatkowski et MacKenzie McDonald, de descendances asiatiques. Se sont joints à eux une pléiade d’autres joueuses et joueurs, dont les Canadiens Gabriela Dabrowski et Milos Raonic.

Pour Naomi Osaka, ce n’était pas une première.

Par ses performances sur le terrain et son implication humanitaire, Osaka est en train de cimenter son image dans le paysage des superstars du tennis et du sport en général.

Rappelons qu’il y a huit mois, dans un geste de protestation sociale sans précédent au tennis, l’athlète alors agée de 22 ans, avait refusé de disputer son match de demi-finale au tournoi Western and Southern Open, présenté à New York. La vague « Black Lives Matter » déferlait alors dans le monde, à la suite du décès de George Floyd dans les circonstances que l’on connaît. Osaka a finalement accepté de jouer, non sans s’être présentée sur le terrain avec un chandail affichant un désormais célèbre slogan de «BLM».

Puis, lors du US Open, au même endroit, elle avait persisté en s’affichant avec de multiples couvre-visages portant les noms de victimes d’injustices raciales, une démarche soulignée par nombre de médias, dont le Time Magazine.


Venus aussi…

Une autre vedette du tennis féminin est en croisade.

Au crépuscule d’une carrière prestigieuse, Venus Williams s’est donnée un autre objectif, celui de la parité dans la rémunération des joueuses.

Venus on the serve
Photo: Peter Power/Tennis Canada

« Quand j’étais petite, dans la pauvre municipalité de Compton, en Californie, ma sœur et moi pratiquions le tennis et rêvions d’aller un jour gagner le tournoi de Wimbledon. En 2000, lorsque j’y ai remporté mon premier titre, j’étais sous le choc en constatant que le vainqueur du tableau masculin avait reçu un chèque de 477,500 livres  et que le mien était de 430,000 livres, une différence de 47 000 livres. » (selon la conversion de l’époque, 47 000 livres valaient 105 000$ en dollars canadiens de l’époque)

C’est par cette anecdote que le prestigieux magazine Vogue a publié une lettre ouverte de l’ainée des Williams. L’article est sorti quelques jours avant le 24 mars qui est la journée nationale de l’égalité salariale.

Parallèlement à cette démarche, la journée en question a été marquée par la présence à la Maison Blanche de Megan Rapinoe, la plus grande star du soccer féminin américain, portant écho à la recherche d’équité salariale pour les femmes.


Buena suerte, Juan Martin !

Juan Martin Del Potro a eu plus que sa part de blessure au cours de sa carrière. Si l’ATP décernait une médaille d’or du courage, de la résilience, de la persévérance et de la foi, le géant argentin la porterait depuis quelques années déjà.

Juan Martin serving in Montreal
Photo: Simran Dewan

Après avoir perdu son père en janvier, voilà qu’une nième opération le forcera à l’inactivité pendant des mois, mettant son emploi, son sport, sa passion sur pause.

Son parcours des 12 dernières années dans le classement mondial donnerait un graphique qui pourrait même ébranler les meilleurs courtiers à Wall Street.

Champion du US Open en 2009, il a atteint le 4e rang mondial avant que les premiers déboires ne surviennent fin 2010. Il a alors chuté au 483e échelon (Jan. 2011). Remonté au 4e rang, deux ans et demi plus tard (2014), il chute à nouveau, cette fois jusqu’en 1 045e position (2016). Redevenu 3e mondial en 2018, il retombe 15 mois plus tard au 124e rang. Il est actuellement 173e.

Sa ténacité est admirable, il faut bien l’avouer.

Souhaitons-lui bonne chance. 


Qui a besoin d’un revers ?

On a déjà vu, à l’occasion, la droitière Maria Sharapova utiliser sa main gauche en coup droit, lorsqu’elle n’avait pas le temps de se positionner pour un revers, sur des balles éloignées.

Le jeune Américain Teodor Davidov, 12 ans, a trouvé la solution.

Un revers ? Pffffhhh… pas besoin de ça. Que des coups droits, des DEUX mains.

Ah oui… Pour le service : même stratégie!

https://www.facebook.com/watch/?v=293073945152285


Notre ami, le MUR

Ce n’est que le 26 mars que les salles d’entraînement et centres de tennis intérieurs ont rouvert, au Québec. Mais de là à obtenir une réservation devant le flot de demandes, ce n’était pas évident.

Et comme la COVID-19 nous a appris à être débrouillards, j’ai immédiatement pensé à mon vieil ami, le mur. Et je n’étais pas le seul.

Sur chaque côté de l’immeuble principal, le Stade IGA a peint une ligne rappelant la hauteur du filet. Et il fallait voir se succéder les amateurs de tous âges, par cette semaine magnifique (19 au 25 mars) alors que le mercure grimpait jusqu’à 18 degrés.

Paul Rivard se pratique face au mur

Le mur, pour toute personne voulant s’améliorer au tennis, c’est le partenaire idéal. Ce fut le premier, en ce qui me concerne, alors que j’avais 9 ans. 55 plus tard, je le retrouve avec plaisir et… frustration.

Car le mur, il est toujours égal à lui-même. Il renvoie la balle comme vous lui avez envoyé. Vous ratez le coup… vous recevrez la même chose.

Et pour les réflexes, le jeu de pieds, pour avoir un élan compact vous permettant de bien réagir à la mitraille d’un adversaire un peu trop offensif à votre goût, c’est la solution.

Ah oui. Pas besoin de chercher de partenaire ou de terrain. Et c’est bon marché…

Vous ne me croyez toujours pas? Demandez au légendaire entraîneur des Agassi, Courier, Seles et Sharapova, Nick Bollettieri qui faisait l’éloge de cet entraînement du bon vieux temps, sur le site de Tennis Channel, il y a quelques années.


Vous pouvez me joindre ici :

Courriel : privard@tenniscanada.com
Twitter : @paul6rivard

Pour suivre tous nos Canadiens à la trace, c’est ici.

Tags