Felix Auger-Aliassime smiles and puts his thumbs up for the crowd

Photo : Corinne Dubreuil/ATP Tour

Ça n’a peut-être duré qu’une toute petite semaine, mais personne ne pourra enlever à Félix Auger-Aliassime cette étape formidable atteinte le lundi 15 novembre, alors qu’il s’est hissé au dixième rang du tennis mondial.

Sa dernière poussée à Stockholm lui aura permis d’atteindre cet objectif tant convoité et tant souhaité par tous les Canadiens qui le suivent de près depuis cinq ans. Plaisir un peu éphémère, toutefois, puisqu’il n’aura duré qu’une semaine. Et c’est un concours de circonstances aussi inattendu que surprenant qui en aura été la cause.

En effet, qui aurait prévu qu’un colosse athlétique comme Matteo Berettini se blesse aux abdominaux dans son premier match des Finales de l’ATP et qu’il doive abandonner. Pire (pour Félix), le sort et le classement ont voulu que le premier substitut soit celui qui talonnait Auger-Aliassime au classement. Et pour clore le tout, qu’il remporte un match.

La suite, vous la connaissez. En vertu des points accordés à ce tournoi, c’est Sinner qui passera les Fêtes dans le Top10.

Au final, Félix aura disputé 61 matches en 2021, incluant les Jeux de Tokyo. Il présente un bilan positif dans la grande majorité des niveaux, des tournois de niveau 250 à ceux du Grand Chelem.

Source : Coretennis

Comme il fallait peut-être s’y attendre, la période moins glorieuse de sa saison s’est déroulée sur terre battue, qui était pourtant devenue sa surface de prédilection, au début de sa carrière sur le circuit. C’est à ce moment qu’était entré en scène le célèbre Toni Nadal, en guise d’entraîneur associé à Frédéric Fontang.

Était-ce la pression de devoir livrer des résultats avec une telle célébrité dans son clan ? Toujours est-il qu’Auger-Aliassime avait atteint son plus bas classement (21e) le 13 juin dernier, après une défaite au premier tour à Roland-Garros.

Quatre mois plus tard, force est d’admettre qu’il a redressé la barre pour conclure sa saison de belle façon en gagnant 11 rangs dans la section la plus impitoyable du classement ATP. Qui sait si, avec de meilleurs résultats à Indian Wells (battu au 1er tour), Vienne et Paris, le jeune Canadien n’avait pu être admis dans le Masters de fin de saison, à Turin, ne serait-ce que comme substitut.

Dans ce blogue du 14 avril dernier, le respecté Louis Borfiga, à quelques mois de son départ de Tennis Canada, insistait sur l’importance d’atteindre le Top 10 pour le jeune Québécois.

« Je pense que cette année, il faudra appuyer un peu sur l’accélérateur et rentrer dans les 10 premiers », d’affirmer Borfiga, reconnaissant que l’année 2020 avait été en deçà des attentes, même si la pandémie avait chamboulé le calendrier et les habitudes des athlètes. « C’est évident, ouais. Il faudra que cette année, il crée des exploits et qu’il atteigne le Top10. (…) Il doit maintenant, à mon avis, faire un peu plus au niveau des résultats. Être plus “méchant” et vouloir “tout casser”, si tu vois ce que je veux dire. »

  

Image : TennisTV

En terminant, on peut se demander quel bilan feront Félix Auger-Aliassime et son entraîneur Frédéric Fontang de cette expérience en compagnie de Toni Nadal qu’on a peu vu cette année.

Si on se fie à cette entrevue accordée à New York, tout juste avant sa demi-finale contre Daniil Medvedev aux Internationaux des États-Unis, le joueur et son entraîneur régulier semblent aimer et apprécier la dynamique mise en place en 2021.

Il faudra voir si on reconduira le même modus operandi en 2022.

Image : TennisTV

À l’an prochain, Denis

De son côté, l’autre moitié de notre duo de vedettes canadiennes, Denis Shapovalov espérait compléter son calendrier sur une bonne note, et c’est ce qu’il a fait, accédant à la finale du tournoi dont il était le champion en titre, celui de Stockholm. Il n’aura toutefois pas réussi à répéter son exploit de 2019, se butant au résilient Tommy Paul.

L’Américain a remporté un match excitant de plus de deux heures, en trois manches de 6-4, 2-6 et 6-4 dans une salle comble du Kungliga Tennishallen.

Image : TennisTV

Shapovalov était particulièrement déçu puisqu’il avait son rival dans les câbles en fin de troisième manche. À 4-3, il s’est donné deux balles de bris et pouvait ensuite servir pour le match à 5-3. Mais tout peut basculer si vite, au tennis. Paul a tenu son bout, collé à 4-4, puis a brisé Shapo à ZÉRO dans le jeu suivant pour ensuite conclure sur son service, à zéro également.

2021 se termine donc ainsi pour le Torontois puisqu’il a décidé de faire l’impasse sur les Finales de la Coupe Davis, une annonce effectuée lors de la visioconférence suivant sa défaite à Stockholm et suivie le lendemain par celle, identique, de son compatriote Félix Auger-Aliassime.

C’est donc au 14e échelon de l’ATP que Shapo amorce l’entre-saison. Cette année 2021 en aura été une de hauts et de bas pour le gaucher torontois.

Des demi-finales consécutives sur l’herbe, au Queen’s Club de Londres et à Wimbledon l’auront fait remonter au 10e rang mondial pendant un mois et demi. Retombé au 18e échelon après un début de saison ordinaire sur surface dure (des défaites au 1er tour à Toronto et à Cincinnati, notamment) avant qu’il ne conclue sur cette note suédoise.

Au final, il aura disputé 49 matchs, conservant un dossier de 30-19.

Source : Coretennis

Parlant de note suédoise, le présentateur du tournoi de Stockholm a déridé l’atmosphère, lors de l’entrevue d’après-match, en soulignant l’attachement du blond tennisman à cette nation scandinave. Et il n’était pas question que de tennis.

Non seulement deux des quatre finales de sa carrière ont été disputées dans cette ville, mais il forme un couple avec une fille du pays, Mirjam Bjorklund. Et devant toutes ces « connections », il a demandé à Shapovalov s’il acceptait d’être adopté par la Suède…

On peut imaginer que d’autres photos du genre se retrouveront sur Instagram alors que le duo s’apprête à passer quelques semaines tranquilles en vue de la prochaine saison.

Photo : @denis.shapovalov

Félix c. Denis, chapitre 6

Je me permets de revenir sur la demi-finale du tournoi de Stockholm, marquée d’un sixième affrontement entre les deux jeunes loups du tennis canadien (et mondial). Ce duel entre Félix et Denis en était un de haut niveau.

De loin le meilleur entre ces deux-là.

Cette rencontre a été marquée de plusieurs échanges aux frappes brutales et s’est soldée 6-4 et 7-5 en faveur du Torontois, on le sait, permettant au gaucher blond de niveler le score à 3-3 dans leurs face-à-face.

Auger-Aliassime, dont le bilan global de 2021 aura surpassé celui de Shapovalov, n’a pas à se blâmer pour le résultat puisque c’est l’autre qui était dans une classe à part. Du Shapo pur jus, marinant dans « sa zone », ce qui lui a permis quelques moments de rêve au cours de la dernière année.

Cet échange survenu dans une deuxième manche enlevante vous donnera une idée très claire du spectacle que nous ont offert les deux fleurons du tennis masculin canadien.

Ses revers canons caractéristiques ont été agrémentés de quelques retours de service qui ont déculotté son rival québécois, dont un à 5-3 au premier acte.

Cette image d’une seconde, après la diffusion de la reprise, en disait long. Ce pouce levé, en guise de félicitations, Félix l’a fait au moins une autre fois dans le match.

Image : TennisTV

Problème de Coupes

Les finales de la Coupe Davis 2021 se joueront sans plusieurs gros noms.

Sans la moitié des 25 premiers joueurs mondiaux.

Pas de Zverev (3e), Tsitsipas (4e), Nadal (6e), Ruud (8e), Hurkacz (9e), Auger-Aliassime (10e), Schwartzman (13e), Shapovalov (14e), Thiem (15e), Federer (16e), Garin (18e), Monfils (21e), Basilashvili (22e).

Outre ceux dont les pays n’y sont pas qualifiés, il y a bien sûr les Nadal, Thiem et Federer qui ont invoqué des blessures et mis fin à leur saison prématurément. Et précisons qu’en France, le capitaine Sébastien Grosjean n’a pas choisi Gaël Monfils qui disait ne pas être au mieux de sa forme, il y a deux semaines.

Mais la réalité, c’est qu’il manquera tout de même 14 membres du Top 25. C’est beaucoup.

Shapovalov and Nadal take a picture at the net
Photo : Martin Sidorjak/Tennis Canada

La situation était encore plus préoccupante chez les dames lors de la récente tenue du pendant féminin de cette compétition, la Coupe Billie Jean King (BJK).

À Prague, l’équipe locale tchèque était privée de ses deux joueuses les mieux classées, Pliskova (3e) et Kvitova (17e). Le Bélarus s’est présenté sans les Sabalenka (2e) et Azarenka (27e). Même situation pour l’Espagne avec l’absence des Muguruza (5e) et Badosa (13e) ou encore pour les États-Unis, avec le forfait des Kenin (15e) et Pegula (21e). Et que dire de l’Australie qui devait se débrouiller sans sa favorite — et numéro un mondiale — Ashleigh Barty.

Enfin, doit-on rappeler que le Canada est allé à la bataille sans ses deux fers de lance, Andreescu (22e) et Fernandez (26e) ? Comme s’apprête à le faire le Canada, fin novembre, sans ses TROIS meilleurs éléments ?

Que se passe-t-il ?

Le but de cette réflexion n’est pas de supputer sur la gravité des blessures ou l’importance de la fatigue et de la lassitude qui touche ces athlètes. Ni de faire le procès de leurs raisons et motivations. Mais plutôt de se demander comment ces compétitions prestigieuses (mais qui le sont de moins en moins) pourraient retrouver ledit prestige et devenir des rendez-vous incontournables pour tout athlète de tennis ayant un statut de vedette planétaire.

La refonte même de leur structure était déjà un bon pas en avant. Quatre rendez-vous annuels pour les Coupes BJK et Davis, c’était devenu trop lourd. Maintenant, il n’y a qu’un rendez-vous.

Cette année, cette Coupe Davis s’étalera tout de même sur 11 jours, entre le 25 novembre et 5 décembre à Innsbruck, Turin et Madrid. C’est dans cette dernière que seront tenues demi-finales et finales.

Denis Shapovalov runs to hit a backhand during a Davis Cup tie. Words Davis Cup by Rakuten written on the ground
Photo : Martin Sidorjak/Tennis Canada

C’est comme demander aux joueurs de sports professionnels collectifs d’aller disputer une « coupe des nations » après la Coupe Stanley, la Série mondiale, le Super Bowl ou la Finale de la NBA. Non seulement la fatigue physique les a rattrapés, mais que dire de la fatigue mentale et la baisse d’adrénaline ?

Et ça repart immédiatement avec la nouvelle année. Outre le tournoi exhibition de la mi-décembre, à Abou Dhabi (ciblé par Nadal pour son retour), c’est dès le 3 janvier, à Doha au Qatar, que commence la Coupe ATP, un tournoi entre nations surgi en 2020 et créé par l’ATP.

Et la semaine suivante, c’est Auckland ou Adélaïde, en guise de préparatifs aux Internationaux d’Australie du 17 au 31 janvier.

Sans remettre en cause leur fibre de fierté nationale, on comprend que la flamme est moins vive et qu’elle vacille un peu. Et que pour plusieurs, le besoin d’un gros mois de vacances (et d’entraînement) est vital pour refaire le plein et relancer la machine à 100 % ! Surtout après une année difficile marquée de restrictions et autres bulles sanitaires contraignantes.

Que faire ?

Attendu que :

  1. Les vedettes sont réclamées dans tous les grands et moyens tournois, y compris les tournois entre nations et autres événements comme la Coupe Laver, un incontournable pour plusieurs superstars.
  2. Le calendrier annuel a été surchargé et les organismes régissant le tennis se sont laissés charmés par différents pays qui voulaient eux aussi avoir leur part du gâteau.
  3. Plusieurs personnalités de ce sport sont charmées par les courbettes (et les cachets) d’organisateurs de matchs d’exhibition ainsi que de multiples compétitions hors calendrier et nommée : Coupe Davis, Coupe ATP, Coupe Laver et même World Team Tennis, ce qui, finalement, contribue à ajouter déplacements et matchs à un calendrier déjà hyper chargé.

La solution serait de :

  1. Réduire le nombre de tournois obligatoire pour les membres du Top 10 ou Top 25, puisqu’ils ne cesseront pas du jour au lendemain à participer à ces compétitions énumérées précédemment.
  2. Une refonte du système de classement pour qu’il soit basé – comme dans la majorité des sports individuels et collectifs – sur la même année civile et qu’il reflète la réalité d’une saison et des performances.
  3. Surtout, faire disparaître illico cette Coupe ATP du début de janvier, qui est indéniablement de trop dans le panorama tennistique mondial puisqu’une seule compétition entre nations dans l’année, c’est suffisant.

D’ailleurs, voici ce que publiait le journal The Australian, le 3 janvier 2020, au moment de la toute première édition de cette Coupe ATP, citant deux noms plutôt influents du circuit.

Novak Djokovic : « Nous devons avoir UN tournoi de type Super Coupe du monde, peu importe comment vous voulez l’appeler. »

Rafael Nadal : « Ouais, c’est mêlant d’avoir deux Coupes du monde de tennis à un mois d’intervalle. Pour moi, ce n’est pas la situation idéale pour notre sport. Mais c’est comme ça que ça fonctionne de nos jours. »

Nadal celebrates a point won
Photo : Photo : Martin Sidorjak/Tennis Canada

4- (Ici, ajoutez vos suggestions et faites-m’en part à l’une des 2 adresses au bas de ce blogue)

Une chose est sûre, à ce rythme, la Coupe Davis s’évanouira dans le brouillard d’une fin de saison déjà trop éreintante pour les athlètes.

Courriel : privard@tenniscanada.com

Twitter : @paul6rivard

Pour suivre tous nos Canadiens à la trace, c’est ici :

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