Photo : Pascal Ratthé / Tennis Canada

C’est une Cendrillon italienne qui s’était invitée au grand bal de l’Omnium Banque Nationale 2021. Et, contrairement au conte de Perreault, son carrosse ne s’est pas changé en citrouille à la fin du bal. Elle est plutôt repartie en limousine avec le plus important trophée de sa carrière.

En effet, l’Italienne de 29 ans, Camila Giorgi, a disposé de Karolina Pliskova par 6-4, 7-5, surclassant la Tchèque dans ses deux zones de prédilection, les aces et la régularité des échanges en fond de terrain.  

À 3-3, Giorgi a réalisé le premier bris, provoquant un geste de frustration chez la Tchèque qui a brisé sa raquette en la projetant au sol par dépit. Deux jeux plus tard — et un autre bris — et la première manche était dans la poche pour la négligée.

Et après une demi-finale sans faille, tout à coup, la Tchèque avait perdu sa précision et son assurance. Pliskova n’allait pas retrouver ses marques de la veille et, à 5-6, elle concédait un quatrième bris, cédant le titre à sa rivale.

 « Je suis juste très heureuse. C’est tout simplement incroyable. Je crois que je joue du tennis étonnant depuis quelques mois », de dire celle qui présente un dossier de 14 victoires et 4 défaites depuis deux mois.

Et si on parle d’un conte de fées, voici pourquoi :

-Elle vient de battre Karolina Pliskova trois fois de suite, en moins de deux mois.

-Elle est la joueuse au classement le plus lointain (71e à la WTA) à disputer la finale canadienne depuis Serena Williams en 2011.

-Elle est seulement la deuxième Italienne de l’histoire à remporter un tournoi de cette envergure.

-Ce titre lui permettra de se hisser au 34e échelon du classement, un bond de 37 places !

Giorgi n’avait pas de marraine à remercier (comme Cendrillon), mais à la place, elle a bien sûr rendu hommage à son père Sergio qui est son entraîneur depuis qu’elle a l’âge de cinq ans, mais qui n’avait pu être présent à Montréal.

« Ce titre, je le lui dédie parce que lui, a dédié un grand nombre d’heures depuis que j’ai cinq ans. J’ai travaillé toute ma vie avec mon père. Il a toujours été là pour moi et nous travaillons des heures et des heures sur le terrain. Et tout ce travail que nous avons fait… vous pouvez voir que ça a fonctionné, cette semaine. Nous formons une formidable équipe. »

Dabrowski triomphe à la maison

Pour la première fois depuis plus de cinquante ans, une Canadienne a été couronnée dans un tournoi présenté chez elle, en double. Et, sans surprise, vous connaissez son nom : Gabriela Dabrowski.

Photo : Pascal Ratthé / Tennis Canada

Celle qui occupe le 15e rang mondial du double faisait équipe avec la Brésilienne Luisa Stefani (22e). Ensemble, les cinquièmes têtes de série du tournoi ont défait les sixièmes favorites, un duo formé de la Croate Darija Jurak (18e) et de la Slovène Andreja Klepac (26e), 6-3, 6-4.

Dabrowski et Stefani venaient de leur remettre la monnaie de leur pièce puisque sept jours auparavant, elles avaient perdu contre elles à la finale du tournoi de San Jose.

L’Ontarienne de 29 ans a évidemment parlé de la fierté qu’elle a ressentie de jouer chez elle.

« C’était charmant, tellement plaisant de jouer devant des partisans canadiens. C’est le plus près que je m’approcherai d’un tournoi à la maison puisqu’il n’y en a pas à Ottawa. J’ai vraiment aimé ma semaine ici, particulièrement hier soir et aujourd’hui quand nous avons joué sur le court central. »

Surtout que ce titre unique a été acquis devant ses parents.

« Mes parents étaient là, oui. Après le match, ils sont venus près du terrain et ont rencontré Luisa pour la première fois. Alors on a eu un beau moment. Et je leur ai donné un paquet de trucs de l’équipe olympique canadienne entre deux câlins », de conclure Dabrowski en riant.

Il s’agissait d’un premier titre en double pour Dabrowski, depuis 2019.

Quant à ce nouveau duo, avec Stefani, elle a confirmé qu’il demeurera intact pour les prochains tournois en terre américaine, soit Cincinnati, New York (US Open) et Indian Wells.

Bilan positif à Montréal

Dans un contexte particulier, l’Omnium Banque Nationale 2021 de Montréal s’est finalement déroulé sans heurts, sans virus, avec des spectateurs et de l’excellent tennis en prime.

Et peut-être même un petit surplus budgétaire.

Photo : Pascal Ratthé / Tennis Canada

Le directeur du tournoi, Eugène Lapierre, a semblé soulagé et satisfait, deux heures et demie avant la finale féminine. Il a confirmé que, dans les circonstances, son équipe avait réussi à relever un pari …compliqué.

« En effet, nous voulions vraiment tenir ce tournoi, avec ou sans le public. Nous voulions qu’il ait lieu, et nous sommes contents parce que nous avons réussi à le faire », précisait-il d’entrée de jeu. « Ce n’était pas facile, avec l’équipe. (…) Nous savions que nous ne pourrions pas accueillir autant de spectateurs que d’habitude, mais nous tablions sur environ 50 000 spectateurs sur la semaine, des qualifications jusqu’à aujourd’hui. Je pense que nous y sommes, et nous sommes satisfaits. Financièrement, nous allons être kif – kif. »

En tout et partout, seulement deux cas positifs ont été recensés, ce qui relève presque de l’exploit.

« Nous sommes maintenant dimanche, et nous n’avons eu qu’un seul cas, une jeune joueuse du Japon qui était venue jouer les qualifications et qui a été déclarée positive en arrivant. Je pense qu’elle est encore en confinement à son hôtel. (…) Mais elle est le seul cas que nous ayons eu. Sur le site, nous avons un seul cas, avec un serveur dans un salon. Mais nous avons pu facilement faire le traçage. Tout est sous contrôle », de conclure Lapierre, plus que soulagé. Si tout pouvait se conclure positivement, il se promettait de retrouver son équipe pour célébrer.

Questionné à nouveau quant à l’aspect financier de l’opération, le directeur a avoué que le bilan ne serait pas teinté de rouge.

« Oui effectivement, nous allons essayer de finir légèrement positifs. Les années précédentes, nous pouvions injecter 16 à 17 millions de dollars dans le développement du tennis au Canada. Nous en sommes loin cette année. L’année dernière, nous avons perdu 10 millions. Nous pourrons donner de l’argent cette année, car j’espère que nous serons plutôt dans le vert que dans le rouge, grâce aussi à cette aide du gouvernement. »

En terminant, M. Lapierre a tenu à parler des matchs et des Canadiennes. Il a mis l’emphase sur la plus belle histoire du tournoi, pour lui.

« Tout le monde attendait Bianca, Leylah… Rebecca a finalement été celle qui a réalisé la meilleure performance. Je suis content pour elle, car elle a beaucoup travaillé. J’ai été content de l’entendre dire après son match qu’elle s’était prouvé qu’elle faisait partie de l’élite et qu’elle pouvait être compétitive face à ces joueuses. C’était bon à entendre. »

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